La jeunesse indépendantiste en quête de renouveau

Initié par les Organisations unies pour l’indépendance (OUI Québec), le Rassemblement Renouveau a réuni au Studio Mile-Ex, une centaine de jeunes indépendantistes le 19 novembre dernier. Au cours de la soirée, des musiciens, musiciennes, orateurs et oratrices se sont partagé la scène pour vanter les mérites du pays dont ils et elles rêvent.

« Pour mobiliser les jeunes, il faut des rassemblements comme [Rassemblement Renouveau] où l’on mélange culture et politique », affirme Alex Valiquette, représentant jeunesse pour les OUI Québec et initiateur de l’événement. 

Il estime que ce genre de rassemblement permet de créer des conditions propices au dialogue. « Beaucoup de gens sont venus [me voir] à la fin de l’événement pour me dire que c’était leur premier événement politique. [La plupart] ne se sont jamais sentis interpellés par la politique partisane, mais l’événement de ce soir les a inspirés », ajoute l’étudiant en première année du baccalauréat en communication, politique et société de l’Université du Québec à Montréal.

Michaël Ottereyes, ex-candidat de Québec solidaire (QS) dans la circonscription de Roberval, a parcouru les cinq heures de route séparant le Saguenay-Lac-Saint-Jean de Montréal afin de livrer un discours traitant de souveraineté et d’enjeux autochtones. « Ça me fait du bien de voir les solidaires et péquistes rassemblés pour discuter d’une vision commune pour le Québec. […] Ce genre de rassemblement me permet de charger mes batteries pour continuer la lutte »,  affirme l’Ilnu de Mashteuiatsh.

Divisions à l’interne

L’objectif du Rassemblement Renouveau était de rallier les indépendantistes de tous les horizons vers une démarche commune pour l’indépendance. Depuis plusieurs années, le mouvement souverainiste est grugé par des tensions internes, notamment au sujet des enjeux de l’immigration et de la laïcité.

Avant de s’impliquer pour les OUI Québec, Alex Valiquette a cofondé le Mouvement des Jeunes Souverainistes (MJS) en 2019. À son apogée, le groupe militant est parvenu à mobiliser des centaines de jeunes des quatre coins du Québec. Rongé par de vives tensions entre des militants et des militantes issu(e)s de la gauche et de la droite radicales, le MJS a mis fin à ses activités en 2021.

Du côté de l’Assemblée nationale, le Parti québécois (PQ) voit ses appuis chuter en flèche depuis le référendum de 1995. Malgré que le tiers des Québécois et des Québécoises s’identifient comme indépendantistes, d’après un sondage Mainstreet mené en juin 2022, le PQ n’a obtenu que 14,6 % des voix lors des dernières élections provinciales. L’électorat indépendantiste est désormais réparti entre le PQ, QS et la Coalition avenir Québec (CAQ).

Gabriel Jarvis n’était pas au Rassemblement Renouveau. L’étudiant à la maîtrise en histoire de l’Université de Montréal fait partie des indépendantistes qui se sont exilé(e)s à la CAQ. Épuisé par les débats houleux dans les assemblées générales du PQ et l’échec de la convergence avec QS, l’ancien péquiste a pris ses distances avec la formation souverainiste en 2018. Un an plus tard, il a rejoint la CAQ.

« Les Québécois ne veulent plus de l’indépendance, ils ont tourné la page. [La CAQ] a pris acte de cette réalité et propose aux Québécois de travailler ensemble pour redorer l’image du Québec et leur redonner confiance », ajoute Gabriel Jarvis, qui affirme toutefois n’avoir jamais renoncé à ses convictions indépendantistes.

À la recherche d’une stratégie gagnante

L’une des principales causes de la division des forces indépendantistes est le désaccord des militants et militantes sur la manière d’accéder à l’indépendance. Pour Alex Valiquette, le projet d’indépendance doit être en concordance avec les combats environnementaux, autochtones et sociaux. « Les jeunes s’intéressent à ces enjeux. Si on veut mobiliser [ces derniers] vers le projet indépendantiste, on doit être clair sur les raisons pour lesquelles l’indépendance s’impose », ajoute le militant.

Michaël Ottereyes abonde dans le même sens. « L’indépendance [du Québec] est une opportunité d’avoir une relation d’égal à égal entre les nations autochtones et québécoise », soutient-il. Or, les Premières Nations du Québec se sont opposées en bloc au projet d’indépendance lors des référendums de 1980 et 1995. Le militant Ilnu reconnaît que l’adhésion des Autochtones au projet indépendantiste est loin d’être acquise. La promotion d’un Québec indépendant qui priorise la lutte aux changements climatiques pourrait cependant rendre les membres des Premières Nations plus sensibles à la cause. « Le Canada est un État pétrolier, alors que le Québec est déjà un meneur en développement durable », ajoute l’ancien candidat solidaire.

Gabriel Jarvis croit plutôt que les OUI Québec nuisent à leur cause en visant principalement l’électorat de gauche. « Quand le Québec sera souverain, nous débattrons entre la gauche et la droite. D’ici là, les forces indépendantistes doivent s’unir pour créer le pays », affirme le souverainiste.

 

Mention photo : Phoebe Laplante

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *