Sak vid pa kanpe! : l’expression du corps dans l’espace politique

Le troisième volet de l’exposition virtuelle QUADrature,  Sak vid pa kanpe! (Un sac vide ne tient pas debout!), présentée par la Galerie de l’UQAM à partir du 14 janvier, invite à une réflexion sur la dimension politique du corps en tant que vecteur de transformations sociales dans le cadre de performances artistiques fortes et captivantes. 

Cette troisième partie s’inscrit dans une succession de quatre épisodes inspirés de la pièce Quad de Samuel Beckett. L’exposition est entièrement accessible en ligne en raison de la fermeture des espaces culturels pendant la pandémie.  

Les quatre créations artistiques de Sak vid pa kanpe ! illustrent un ensemble de postures physiques de corps d’hommes et de femmes dans des conditions d’oppression ou de répression et des contextes géopolitiques variés. Pour le Musée d’art actuel / Département des invisibles (MAADI) qui assure le commissariat général de l’exposition, l’objectif de ce troisième volet est de représenter le corps physique dans sa dimension politique.

«  En exposant des sujets très politisés dans des lieux géographiques variés, les artistes nous invitent à nous regarder en tant que société québécoise », explique la commissaire mandatée par le MAADI pour ce troisième volet de l’exposition QUADrature, Nuria Carton de Grammont

Des corps en mouvement luttent contre l’oppression

Chacune des quatre créations aborde une thématique avec un rythme et une ambiance qui lui sont propres. Dans certains cas, le public est confronté au message de l’artiste, à l’instar de la vidéoperformance, performance.png, de l’artiste Francisco Gonzales-Rosas sur les stéréotypes culturels à travers le corps en tant qu’objet de désir et de consommation.  

De même, l’artiste montréalaise Marie La Vierge et l’artiste haïtien Yonel Charles ont choisi de danser la révolution du peuple haïtien au son de deux tambours dans une performance saisissante, Ann chavire chodyè (Chavirons le système), où se mêlent les mouvements de la lutte et de douleur. « Nous voulions faire ressortir l’étranglement du peuple haïtien par les forces néocoloniales qui s’infiltrent dans la politique et l’économie haïtienne. Il y a aussi un clin d’œil à l’étouffement des Afro-Américains par la police aux États-Unis », explique l’artiste Marie La Vierge. Cette représentation s’est déroulée le 14 janvier dernier dans la ville de Jacmel en Haïti à l’occasion de l’inauguration de l’exposition. L’enregistrement est disponible sur le site de la Galerie de l’UQAM avec l’ensemble des projets. 

Une réflexion sur la société dans la lenteur d’une image 

 Les autres projets invitent à la réflexion avec une approche différente comme dans  dans la vidéoperformance White Flowers (Fleurs blanches) sur les manifestations policières en Biélorussie. « Je voulais montrer que les transformations sociales s’inscrivent dans un long processus et qu’il est possible de résister pacifiquement », explique l’artiste Eliza Olkinitskaya au sujet de ce projet.

C’est aussi sous le signe de la lenteur, avec un texte narratif qui accompagne des images d’un calme presque sinistre, que l’artiste Anahita Norouzi expose le paradoxe entre la liberté de se déplacer et les restrictions liées à la pandémie dans un contexte de crise migratoire en Europe et aux Etats-Unis. « Quand on est détentrice d’un passeport du Moyen-Orient, il y a des endroits où l’on ne peut pas aller », déclare l’artiste d’origine iranienne. 

L’exposition Sak vid pa kanpe ! regroupe des artistes, des œuvres et des sujets pour encourager un dialogue sur la diversité de l’art québécois. De plus, en choisissant un proverbe haïtien comme titre de l’exposition, le MAADI a voulu briser le schéma culturel français/anglais en invitant à la rencontre d’autres langues des diasporas présentes dans la société québécoise. « Pour comprendre le multiculturalisme, il faut comprendre la langue de ces différentes diasporas qui composent la société canadienne et québécoise actuelle », déclare Nuria Carton de Grammont.

Le quatrième volet de l’exposition QUADrature sera accessible en ligne à partir du 11 mars 2021. 

Mention photo Francisco Gonzalez-Rosas

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