1, 2, 3, pitch!

Des soixante suggestions de productions proposées par les étudiants en télévision et en cinéma, seulement six films et trois productions seront réalisés par les finissants des deux programmes. Ceci résulte en une dernière année au baccalauréat très compétitive, à l’image de l’industrie de la production télévisuelle et cinématographique.

Lors de leur troisième année d’étude, les étudiants s’affairent au tournage et à la postproduction des quelques projets choisis. Pour tenter de voir leurs idées se matérialiser, les étudiants doivent traverser un processus de sélection qui s’étale sur dix-huit mois, avec la peur de se faire refuser leur projet.

La procédure de sélection des productions peut être perçue par les finissants comme une procédure partiale qui met à l’avant-plan certains étudiants plus que d’autres. « Oui, il est vrai qu’il y a une certaine discrimination dans ce processus, mais c’est la réalité du monde de la télévision dans lequel on s’en va travailler toute notre vie », explique la finissante au baccalauréat en télévision Paméla Lachance.

Alors que certains ont la chance de pouvoir matérialiser leurs propositions en tant que réalisateurs, leurs compatriotes voient leurs projets refusés et travaillent au sein de l’équipe technique.

La dernière année est une année difficile où les étudiants vivent de nombreuses frictions à la suite du verdict du jury. « À l’annonce de la décision, certaines personnes le prennent mal et on voit des yeux se remplir d’eau, mais avec le temps, on se crée un sentiment d’appartenance avec les autres projets », ajoute-t-elle.

Gabrielle Pariseau, finissante de la cohorte 2017 du baccalauréat en cinéma, a trouvé de la chance dans sa malchance. Ayant essuyé un refus lors de la présentation de son projet, l’étudiante a découvert un autre côté du cinéma auquel elle ne s’était pas intéressée avant. Comme plusieurs autres étudiants, elle s’est découvert une passion pour un poste au sein de l’équipe technique, soit celui d’assistante-réalisatrice.

Une sélection juste et équitable

Dans le programme de cinéma, deux des trois membres du jury ne connaissent pas les étudiants, alors que le troisième est un professeur qui les côtoie depuis le début de leur parcours. Malgré cela, le responsable de ce champ d’études, M. Chouinard, explique que sans qu’il y ait du favoritisme, le processus est légèrement basé sur les efforts apportés par l’étudiant au cours du baccalauréat.

«C’est sûr qu’en tant que professeur, on voit qui parmi nos étudiants travaillent avec acharnement depuis le tout début. […] D’un autre côté, on voit les étudiants qui se sont pris dernière minute et qui n’ont pas mis les mêmes efforts constants», explique le responsable du programme de cinéma.

De plus, il mentionne que puisque certains membres du jury ne connaissent pas du tout les candidats, ils apportent un point de vue très objectif. De leur côté, quelques étudiants perçoivent un traitement de faveur dans le processus. «C’est dommage d’y voir ce favoritisme, mais il est représentatif du monde du cinéma, car c’est une histoire de contacts», mentionne Gabrielle Pariseau, ancienne étudiante en cinéma.

Peu de projets, beaucoup d’argent

Bien que les professeurs aimeraient pouvoir réaliser tous les projets de leurs étudiants, le budget de l’UQAM en dit autrement. Les étudiants en cinéma reçoivent une subvention de la Chaire René-Malo, qu’ils combinent avec le finance des associations étudiantes et leur cagnotte personnelle. Bien qu’ils trouvent cela exigeant du côté financier, la plupart des gens qui étudient dans ce programme sont conscients de cette réalité qui les attend à leur entrée sur le monde du travail, explique Gabrielle Pariseau.

Un tournage étudiant de cette envergure coûte cher. «De 3000 $ jusqu’à 7000 $ environ, compte tenu du fait qu’à 3000 $ ce n’est vraiment pas beaucoup. Cette somme couvre environ l’épicerie pour la nourriture et la location du camion», souligne Mme Pariseau.

Malgré le prêt d’équipement assuré par l’UQAM et les subventions qu’ils reçoivent, la majorité des étudiants doivent donc organiser des activités de financement et investir de l’argent personnellement afin d’obtenir le financement nécessaire pour réaliser leurs projets.

Le programme en télévision ne reçoit généralement aucune subvention non-scolaire, mentionne la finissante au baccalauréat en télévision Paméla Lachance. Les tournages sont financés par l’Association générale des étudiants de communication de l’UQAM et à l’aide de campagnes de financement.

De plus, les élèves investissent de leur argent personnel. Par exemple, Paméla Lachance mentionne que les finissants de cette année ont décidé d’investir collectivement un certain montant au début de chaque session, et ce depuis le tout début de leur parcours universitaire.

Le filtrage des projets a sa raison d’être. Il serait impossible de financer 60 projets de cette envergure par année au sein de l’UQAM. «C’est le monde que les étudiants devront affronter. Ils vont devoir déposer des projets à la SODEC et être les mieux préparés. […] C’est de cette manière qu’ils vont percer le milieu», dit le directeur du programme de cinéma, Denis Chouinard.

Ce processus de sélection n’est pas le premier auquel les étudiants des baccalauréats en télévision et en cinéma ont dû faire face. Les programmes sont très contingentés et des entrevues sont effectuées dès leur admission à l’université. Cette méthode de sélection est un prolongement de leur parcours et une initiation au monde du travail qui les attend.

 

photo : GABRIELLE ECUYER MONTRÉAL CAMPUS

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