L’arrondissement de Ville-Marie compte le plus haut taux de personnes en situation d’itinérance à Montréal. Plusieurs d’entre elles sillonnent, d’ailleurs, les corridors de l’UQAM, jusqu’à ce qu’elles soient expulsées par les agents de sécurité ou redirigées au besoin vers des ressources adéquates.
Près d’une dizaine de personnes en situation d’itinérance tentent d’entrer chaque nuit à l’université, avance l’ancien agent de sécurité Alexandre Lareault, qui a travaillé à l’UQAM pendant six mois. « J’interceptais chaque jour quelqu’un dans les toilettes en train de s’injecter », ajoute-t-il. Lorsque cela se produisait, « pour la sécurité de l’agent et de la personne, nous devions attendre qu’elle ait terminé avant de l’expulser », mentionne M. Lareault.
La mission des agents « vise aussi à accompagner et à rediriger les personnes concernées vers les ressources appropriées pour leurs besoins, notamment Cactus Montréal, un organisme de prévention des infections transmissibles sexuellement et par le sang », souligne la directrice du Service des communications de l’UQAM, Jenny Desrochers.
De tous les pavillons, le Judith-Jasmin « était le plus problématique, puisqu’il y a trois entrées, dont une donnant directement accès au métro et deux autres sur la rue Sainte-Catherine et le boulevard Maisonneuve », ajoute l’ancien agent de sécurité Alexandre Lareault. Des rondes de toilettes sont d’ailleurs effectuées exclusivement dans ce pavillon.
Le stationnement du pavillon des Sciences de la gestion accueille aussi sa part de visiteurs, dit-il. « Une fois, j’ai été envoyé seul pour m’occuper de deux “junkies” et de leurs deux chiens, explique-t-il. Je ne voulais pas me charger de ça tout seul. »
Des enjeux spécifiques
La position géographique de l’UQAM fait en sorte que « les enjeux ne sont probablement pas les mêmes qu’à l’Université de Sherbrooke, dont le campus est bâti à flanc de montagne, ou encore à la Polytechnique située sur le Mont-Royal », affirme le directeur du Service de la prévention et de la sécurité de l’UQAM, Jean-François Champagne.
Cela n’empêche toutefois pas l’UQAM d’appliquer les mêmes principes de gestion des personnes en situation d’itinérance que les autres universités. Les agents de sécurité de l’UQAM reçoivent, dès leur embauche, une formation sur l’approche à adopter par rapport aux personnes en situation d’itinérance, confirme M. Champagne.
« Il peut être difficile de départager les personnes en situation d’itinérance et les utilisateurs de drogues injectables des élèves et des employés », note le directeur du Service de la prévention et de la sécurité. Ainsi, pour éviter le profilage social, les agents de sécurité doivent en tout temps appliquer une procédure basée sur trois règles. Ils ont le droit d’expulser un individu « s’il contrevient à un règlement, s’il présente un comportement questionnable ou inadéquat et s’il est connu pour avoir déjà commis des délits sur le territoire de l’université », précise-t-il.
Du côté de l’UQAM, le Service des communications confirme que « tous les agents de sécurité sont soumis au respect de la Charte des droits et libertés. »
Le point 1.1.13 du règlement 10 de l’UQAM sur la protection des personnes et des biens stipule que « le personnel du Service de la prévention et de la sécurité peut exiger l’identification de toute personne circulant dans un pavillon y entrant ou en sortant. » De cette façon, si la personne ne présente pas de motif raisonnable, elle peut être expulsée.
photo: MARTIN OUELLET MONTRÉAL CAMPUS
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