En réponse à la grogne d’étudiants envers le processus de révision de note qu’ils jugent lacunaires, l’ombudsman de l’UQAM, Muriel Binette, recommande à l’Université de revoir les pratiques des comités de révision de note.
« Il s’avère que les membres de comité de révision de note connaissent peu la nature de leur mandat et de leur prérogative, dans le cadre d’un processus de révision de note, et que bon nombre d’entre eux ne motivent toujours pas suffisamment leur décision pour permettre de comprendre les motifs à la base de leur conclusion », peut-on lire dans le rapport annuel de l’ombudsman, publié le 10 février dernier et dont le Montréal Campus a obtenu copie.
Rappelons que la formation d’un comité est l’étape finale lors d’une contestation de note, et qu’il est généralement constitué de trois professeurs de la faculté impliquée.
L’ombudsman ajoute que le manque de rigueur d’un comité de révision peut discréditer l’ensemble du processus, particulièrement auprès des étudiants de l’UQAM. L’attitude « intransigeante » de certains comités de révision dans l’application de leurs mandats « génère une perte de temps pour toutes personnes impliquées dans une contestation, y compris l’ombudsman », ajoute-t-elle.
Un processus lent
Francis Therrien, étudiant au baccalauréat en communication, politique et société, est passé devant un comité au début de l’année 2017 après avoir contesté une note. Il soutient que le processus est lent. « Presque trois mois après avoir témoigné devant le comité, je n’ai pas eu de réponse officielle de la part de la direction de l’UQAM », confie celui qui a contesté sa note lors de la fin de la session d’automne 2016. Le jeune homme affirme qu’il a connu le résultat du jugement du comité puisque sa note n’a pas été changée et qu’il a eu à payer 20 dollars, la somme prévue lorsque l’étudiant perd sa cause devant un comité.
Afin que les révisions de note devant un comité correspondent aux prescriptions réglementaires, l’ombudsman recommande la création d’un procédurier. Ce document serait constitué des étapes à respecter lors d’une révision devant un comité. Ce dernier pourrait « servir de guide pour la réalisation du mandat ainsi que pour la rédaction du rapport d’un comité de révision de note », conclut Muriel Binette.
Une impression de « procès »
L’ombudsman de l’UQAM mentionne aussi avoir pris connaissance de certaines failles dans le processus de révision, ce qui n’avantage pas les étudiants en cas de contestation de leurs résultats. « Depuis quelques années, je remarque que l’évaluation de plusieurs prestations n’est pas enregistrée ou filmée. Les étudiants et étudiantes sont privés de leur recours en révision de note », soutient l’ombudsman.
Francis Therrien soutient à ce sujet qu’un passage devant un comité de révision de note est mésadapté. « J’avais l’impression qu’il s’agissait d’un procès. C’est une longue rencontre d’une heure et demie, devant 3 professeurs qui posent des questions comme s’ils voulaient trouver des failles dans mon témoignage alors que je n’avais pas vraiment d’outil pour me défendre », lance-t-il. « Je n’avais pas l’impression qu’ils voulaient vraiment m’aider », conclut-il.
La porte-parole de l’UQAM, Jenny Desrochers, affirme que « la recommandation de l’ombudsman [sur les comités de révision de note] est présentement traitée. Le Service de soutien académique a le mandat d’y donner suite en produisant des documents d’aide à la décision destinés aux membres du comité de révision de note ». M. Therrien ajoute que le pouvoir d’un comité de révision est selon lui restreint, rendant ainsi le processus « prévisible ». « Le comité base sa décision sur la grille d’évaluation du professeur. Sans dire que j’avais raison ou tort sur une question, si la réponse n’est pas sur cette grille d’évaluation, le comité ne peut pas t’aider », déplore l’étudiant.
À cette problématique, Muriel Binette reconnaît toutefois que l’application d’enregistrement lors de contestation d’une note est complexe. Dans certaines occasions, cette question n’est jamais évoquée dans la négociation du plan de cours ou dans l’entente d’évaluation. « Dans ces derniers cas, cette modalité d’évaluation n’avait pas été annoncée […] et ne semblait pas être appliquée à l’ensemble des étudiants et étudiantes du groupe cours », écrit-elle.
Photo: FÉLIX DESCHÊNES MONTRÉAL CAMPUS
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