Je suis une voiture américaine

Les fenêtres baissées, le vent dans les cheveux, à toute vitesse dans les champs dorés, une bouteille d’alcool à la main, on vole, on plane, on rêve d’être libre dans Voiture Américaine.

Présenté au théâtre la Licorne, ce récit parfois cynique aborde la quête du plaisir, de l’extase, d’un monde dépendant qui cherche un sens concret à sa vie, quitte à tuer pour y arriver.

Catherine Léger nous propose ici un texte écrit il y a maintenant 10 ans. Se voulant d’abord dystopique, cet environnement post-apocalyptique se rapproche drôlement de notre société actuelle, où l’alcool et l’essence sont les denrées les plus prisées, où l’on peut échanger sa femme contre une voiture. L’ambiance est intense, oui, mais jamais trop lourde, nous faisant rire parfois de bon cœur, parfois jaune face à l’absurdité de l’humanité.

Puisque la pièce est incarnée par huit acteurs de la compagnie de théâtre de la Banquette Arrière (Amélie Bonenfant, Sébastien Dodge, Rose-Maïté Erkoreka, Mathieu Gosselin, Renaud Lacelle-Bourdon, Anne-Marie Levasseur, Lise Martin, Simon Rousseau), on ressent cette chimie qui les unit, on y croit. Habitués d’interpréter des pièces engagées, tel Betty à la Plage ou Les Mutants leur jeu tout en nuances nous transporte rapidement dans leur univers de déchéance. Bien qu’il y ait un léger manque d’intensité dans les premières minutes de la pièce, les acteurs laissent vite place à leurs personnages un peu ludiques, avec un franc-parler jamais pompeux ou élitiste. Ce sont des personnages comme vous et moi finalement, qui doivent affronter les conséquences de notre débauche dans la surconsommation.

Jamais il n’y a de changements de décor, d’entrée ou de sortie de scène. Tous les personnages restent, du début à la fin, sur les planches, assis au fond de la scène lorsqu’ils ne jouent pas, nous épiant alors que nous sommes témoins d’un futur peut-être pas si éloigné. Un mur empli de bouteilles d’alcool surplombe la salle, nous renvoyant en plein visage notre quête permanente de toujours en vouloir plus. Bien que très épurée, cette mise en scène est efficace, nous faisant avancer sans heurt à travers chacune des scènes grâce au jeu d’éclairage. Le seul élément sonore utilisé est le piano qui trône au milieu de la scène. Diégétique ou non, il fait vivre aux personnages des émotions qu’ils tentent de refouler, ou donne le ton à des moments plus dramatiques.

Note : 3,5/5

Cette pièce qui vous tiendra en haleine jusqu’à la fin est présentée au théâtre La Licorne jusqu’au 17 octobre prochain. La mise en scène est signée Philippe Lambert.

Crédit photo : Marie-Claude Hamel

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