Le recteur à la rescousse

Alors que la bataille contre le harcèlement a fait grand bruit à l’UQAM, le Montréal Campus a numérisé trois de ses anciens articles portant sur la problématique. Ce dossier, datant de 1993, vise à présenter une perspective historique sur la question du harcèlement. Les articles Alerte Rose, La brigade et la loi et Le recteur à la rescousse ont été publiés il y a 21 ans.  

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L’UQAM veut chasser le harcèlement sexuel de ses pavillons. Pour ce faire, elle instaure une série de mesures visant à améliorer l’efficacité et la visibilité de sa politique. La guerre aux harceleurs est déclarée.

Plus de 16 000$ seront investis et 35 personnes participeront, dès l’automne 93, à un vaste plan d’action visant à contrer le harcèlement sexuel à l’UQAM. C’est ce que relève un document intitulé État de la question sur la politique contre le harcèlement sexuel, déposé au Conseil d’administration de l’Université, par le recteur Claude Corbo, le 23 mars dernier et dont le Montréal Campus a obtenu copie.

Les principaux objectifs de ces nouvelles mesures sont d’une part de sensibiliser la communauté universitaire à l’existence de la politique contre le harcèlement sexuel, et d’autre part d’accroître la visibilité du Bureau des plaintes. Cette promotion sera faite en consultation avec le Service d’information et des relations publiques.

Grâce aux brigades?

Le battage médiatique entourant la fameuse Brigade rose a-t-il accéléré le dépôt de ces propositions? Claude Corbo affirme que non. «Nous étions tout à fait conscients depuis longtemps du travail qu’il y avait à faire de ce côté-là. Seuls les historiens seront en mesure de dire si c’est le fruit d’une coïncidence heureuse ou s’il y a eu une relation de cause à effet.»

Julie Leblanc, membre de la Brigade rose, ne partage pas l’avis du recteur. «Je crois que le fait d’avoir dénoncé publiquement la politique de l’Université en matière de harcèlement sexuel a accéléré le processus.» Et sur la nature du plan d’action, elle refuse de crier victoire. «Des beaux principes, il y en a plein les classeurs. Pour l’instant ce ne sont que de belles paroles. Nous voulons tous que ça fonctionne et nous donnons le bénéfice du doute aux autorités. On verra bien.»

Trois nouveaux comités

Quoi qu’il en soit, trois nouveaux comités ont été mis sur pied. Un comité institutionnel, formé de 15 personnes, dont quatre étudiants, et présidé par l’actuelle responsable par intérim du Bureau des plaintes, Diane Polnicky-Ouellet. Son mandat est de recommander à l’Université les moyens appropriés de formation, d’information et de sensibilisation de la communauté universitaire.

Puis un comité d’enquête dont la tâche est évidemment de procéder à l’enquête lorsqu’une plainte lui est référée. Le président, qui n’a pas encore été nommé, proviendra de l’extérieur de l’UQAM et sera rémunéré. Deux personnes l’assisteront au sein du comité.

Enfin, un comité de personnes ressources dont le rôle est de soutenir et d’assister les plaignantes ou les plaignants. Trois étudiants font partie de ce comité. Aucun n’avait par ailleurs été nommé le 9 mars dernier, date qui figure sur la note de service du recteur. La responsable du Bureau des plaintes coordonne l’ensemble de ces comités. Elle verra à la publicisation de la politique, la mise en œuvre des plans de sensibilisation et d’information proposée par le comité institutionnel et la formation des personnes nommées en vertu de la politique. Silvie Delorme, adjointe au recteur est la responsable en titre. Elle a toutefois quitté l’UQAM en octobre 91 pour un prêt de service d’un an à la Bibliothèque national du Québec. Diane Polnicky-Ouellet assure donc l’intérim depuis son départ.

D’importantes modifications

Le plan d’action proposé par Claude Corbo fait suite aux recommandations de la responsable du Bureau des plaintes. Diane Polnicky-Ouellet se dit très satisfaite que ses suggestions aient donné lieu à d’aussi importantes modifications. «Cela démontre l’intérêt de l’Université et du recteur pour le dossier du harcèlement sexuel. La volonté d’agir de la direction est là depuis longtemps, mais maintenant que l’application de la politique institutionnelle est une priorité budgétaire, cette volonté est beaucoup plus crédible.»

Diane Polnicky-Ouellet précise que la structure mise de l’avant par le recteur est celle prévue par la politique institutionnelle depuis sa révision en juin 1992. «Il n’y a pas vraiment de mécanismes nouveaux, il s’agit d’appliquer une structure qui existe déjà.»

Globalement, les demandes de Claude Corbo se chiffrent à beaucoup plus que 16 000$, si l’on tient compte du salaire du président du comité d’enquête et des frais inhérents à une telle refonte. Mais le Bureau des plaintes n’a reçu que cinq appels de plaintes en 1991-92 et la Brigade rose menace de prendre les choses en main…

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