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«Ça prend ben une salope pour faire ce que t’as fait.»
«Tu méritais de te faire tromper, maudit chien sale.»

Tout ce que ça prend pour détruire quelqu’un, c’est un clavier et la capacité de s’en servir. Alors qu’aux yeux de bien des gens, la cyberintimidation est une pratique réservée aux enfants du primaire qui n’ont pas idée de la portée de leurs mots ou de ceux du secondaire qui croient que la confiance en soi passe par le rejet de l’autre, les milieux universitaires n’en sont pas épargnés. Une étude de l’université Simon Fraser en Colombie-Britannique révèle que près de 20% des étudiants universitaires canadiens auraient été victimes de cyberintimidation. Des adultes, des gens qui ont assez réfléchi dans la vie pour se rendre jusqu’à l’université, s’amusent encore à rire des autres, à se cacher derrière un écran parce que c’est tellement plus facile de dire ce qu’on pense de quelqu’un quand on ne lui fait pas face. La problématique a longtemps été analysée lors du décès de la jeune Marjorie Raymond, qui à force d’être victime d’intimidation avait choisi de s’enlever la vie, alors qu’elle n’avait que 15 ans. Mais elle avait 15 ans et ses cyberintimidateurs aussi. Ça n’excuse rien, évidemment, mais le fait est que l’inconscience de l’adolescence est la réponse à bien des questions.

Qu’à 20, 25, 30 ans, on continue de croire qu’il est acceptable de médire quelqu’un à travers le confort d’un ordinateur portable, c’est inconcevable. À 20, 25, 30 ans, on ne devrait pas avoir besoin de se valoriser en rabaissant les autres. La cyberintimidation en milieu universitaire relève du farfelu autant que de l’infinie tristesse. Les ressources d’aide psychologique à l’UQAM, bien que diversifiées, ne sont pas suffisantes pour subvenir à la lourde tâche que deviennent ces 20% de cyberintimidés. Confrontée à ce problème, l’Université du peuple devrait peut-être mettre la main à la pâte et organiser une campagne de sensibilisation. Une ou deux petites publicités, rien que pour dire que la problématique est reconnue et qu’on souhaite la traiter, il me semble que ce serait la moindre des choses. 20% d’adultes qui vivent avec la honte au quotidien, c’est un enfer qu’on ne devrait pas accepter comme une finalité.

Sandrine Champigny
Rédactrice en chef
redacteur.campus@uqam.ca

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