Joindre l’UTILE à l’agréable

Alors que les étudiants de l’UQAM jouent des coudes pour obtenir une place  dans les résidences universitaires, l’Unité de travail pour l’implantation de  logement étudiant propose une alternative à la situation. 

Mi-août 2013, les résidences étudiantes de l’Université du Québec à Montréal affichent déjà complet. La liste de noms des étudiants en attente d’une chambre s’allonge rapidement. Plus d’une centaine d’entre eux sont contraints à chercher à la dernière minute un hébergement avant la reprise des cours en septembre. Mais voilà qu’une initiative extérieure pourrait désengorger les logements uqamiens. D’ici trois ans, cette situation pourrait se résorber grâce au projet de logements étudiants de l’Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant (UTILE).

Le projet, qui devait initialement prendre forme dans l’îlot Voyageur, verra le jour dans le quartier Ville-Marie. Selon les fondateurs de l’organisme, ces futurs logements pourraient accueillir près de 150 étudiants de l’UQAM et d’autres universités. Les résidences étudiantes au pavillon centre-ville sur le boulevard René-Lévesque et celles près de la Place des Arts accueillent chaque année près de 450 locataires. Moins de 2 % des quelques 40 000 étudiants de l’Université du peuple a ainsi le privilège d’y habiter. Le directeur des résidences, Karim Khelfaoui, reconnaît qu’il y a un manque à combler. «Il n’y a eu aucune construction de logements depuis 2005, c’est évident que le nombre de chambres est insuffisant. Un nouveau bâtiment pouvant recevoir 150 à 200 étudiants de plus serait le bienvenu», constate-t-il.

Désireux de pallier au manque de logements abordables à proximité de l’Université, des étudiants en urbanisme, en finance et en communication de l’UQAM ont créé en novembre dernier l’UTILE. À l’origine, l’organisme convoitait le célèbre îlot Voyageur pour y installer son projet d’habitations pour étudiants. Le projet est toutefois rapidement mort dans l’œuf. «En parlant des détails avec le gouvernement, on a réalisé que la structure était pleine de contraintes. Les dalles de béton déjà coulées et percées pour faire passer l’électricité nous imposaient un plan fixe, celui prévu par l’UQAM dans les années 2000», reconnaît le coordonnateur général de l’UTILE Laurent Levesque. L’îlot Voyageur a finalement été acheté par le Groupe Aquilini en juillet dernier.

Si l’UTILE est toujours à la recherche d’un site, le projet bénéficie déjà d’un soutien de taille. Le gouvernement Marois a décidé d’y investir 2 M $ des profits de la vente de l’îlot Voyageur. «Ça fait neuf mois qu’on existe, mais on a déjà un projet réalisable et une subvention du gouvernement», se félicite Laurent Levesque. Avec des dépenses totales évaluées à 10 M $, le manque à gagner proviendra du support de futurs partenaires et d’un prêt hypothécaire garanti par le gouvernement. «Si le projet échoue, la caisse avec laquelle nous allons probablement travailler ne risquera rien. C’est le gouvernement qui paiera l’hypothèque», précise le coordonnateur. Bien qu’à date aucune entente ne soit encore signée, le gouvernement a fait une annonce publique à ce sujet en juillet dernier.

Du côté de l’UQAM, aucune décision n’a encore été prise sur le type d’appui qu’elle pourrait donner au projet. «L’UQAM n’est pas engagée directement, mais le vice-recteur à la Vie universitaire, Marc Turgeon, a rencontré les responsables du projet UTILE au début de l’été pour discuter d’un éventuel appui. D’autres discussions devraient avoir lieu prochainement», indique la directrice du Service des communications de l’UQAM, Jenny Desrochers.

L’UTILE dit espérer trouver son site avant Noël, afin que les premiers résidents puissent s’y installer dès l’été 2016. De trois à quatre étages, l’immeuble pourra contenir jusqu’à 150 chambres, et les unités de logement hébergeront entre trois et cinq résidents. Meublé ou semi meublé, chaque appartement aura sa propre salle de bain, son salon et sa cuisine. L’essentiel pour les fondateurs est de fournir des logements à bas prix accessibles à la population étudiante. «Le tout inclus – c’est-à-dire un appartement meublé, chauffé et avec Internet – coûterait autour de 450 $ par mois», estime Laurent Levesque.

Un projet d’envergure

Selon le coordonnateur général, l’équipe de l’UTILE souhaiterait, à terme, instaurer un nouveau modèle de développement de logement étudiant au Québec pour enfin sortir la question des mains des universités. Le besoin d’habitations à prix abordables s’étend sur l’ensemble du territoire québécois et dure depuis déjà plusieurs années selon lui. «Il faudrait repenser le système de logement étudiant du 21e siècle dans son ensemble», estime-t-il. La subvention du gouvernement entre justement dans le cadre d’un programme prochainement mis en place par la Société d’habitation du Québec, dont le projet UTILE constituerait le projet pilote.

 Crédit photo : François Joly

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