J’aime les étudiants qui s’époumonent, à l’aube, dans les couloirs marron uqamiens. Tantôt pour nous dissuader de tomber dans l’enfer du plagiat, tantôt pour nous inciter à évaluer nos profs.
S’ils ont au premier regard la job la plus plate au monde, soit distribuer des dépliants institutionnels, ils arrivent presque toutes les fois à me décrocher un sourire.
«Évaluation des enseignants, la seule façon de dire à ton prof que tu le trouves cute», qui disait l’étudiant l’autre matin.
S’il a réussit à me faire glousser quelques secondes, force est d’admettre que son dépliant a abouti dans les cheveux de ma copine sous forme d’avion quelques minutes plus tard et que je n’ai toujours pas, à ce jour, fait l’appréciation du travail de mes enseignants.
L’évaluation des enseignants du premier cycle à l’UQAM se fait en ligne depuis le trimestre d’hiver 2009. Avant, tout se faisait sur papier en classe. L’initiative était louable de la part de l’UQAM. On souhaitait sauver du temps en classe et surtout épargner l’environnement.
Tout en exhibant son plus beau sourire afin que je lui donne les meilleurs résultats possible, mon prof d’histoire me disait, l’autre jour, que le taux de participation de l’évaluation des enseignants avait dramatiquement chuté depuis qu’elle est faite en ligne. Rien de surprenant là-dedans. Je remets souvent à plus tard l’évaluation de mes enseignants lorsque je suis sur le site Internet de l’UQAM, parce que j’ai toujours mille autres choses à faire.
Et puis, de toute façon, les évaluations, kosse ça donne? C’est vrai, ces évaluations-là, ça ne donne jamais rien.
Depuis quelques semaines, des étudiants en communication font circuler une pétition pour dénoncer les pratiques pédagogiques d’un de leur enseignant. Leurs doléances sont identiques à celles de plusieurs étudiants maintenant gradués avec qui j’ai parlé. C’est pour dire que la situation n’a pas changé.
Les étudiants ont beau faire l’évaluation de leurs enseignants, rien ne change.
Il faut aussi souligner que l’évaluation que fait faire l’UQAM à ses étudiants est très peu adaptée au contenu des cours. Une collègue me racontait d’ailleurs qu’une de ses profs avait fait passer sa propre évaluation du cours avant que les étudiants ne puissent l’évaluer sur le web afin d’avoir des commentaires pertinents sur la matière vue en classe.
Fak, en gros, je pense qu’un petit brainstorm s’impose à l’UQAM pour revoir l’évaluation des enseignants. Présentement, les étudiants ne la remplissent pas et/ou ne voient pas de changements quand ils la font. L’UQAM, elle, n’arrive pas à faire participer ses étudiants. Et les enseignants,eux, peinent à retirer des commentaires constructifs de cet exercice.
Sur ce, je vais aller faire mon devoir d’étudiant et dire à mon prof d’histoire que je le trouve beau.
Étienne Dupuis
Chef de pupitre UQAM
uqam.campus@uqam.ca
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