Dans un de mes nombreux moments de flânerie propres à mes fins de session dans les Internets, mon fureteur a abouti sur le site workopolis.com. Rêveur, je me suis lancé dans la recherche des emplois les plus prestigieux du réseau de recherche. Je pourrai donc me targuer d’avoir occuper, l’instant d’une pensée les postes de PDG de Bell Canada, avocat chez Stikeman Elliott et même… recteur de l’Université du Québec à Montréal. S’il était permis de croire que mon curriculum vitae était assez étoffé pour les deux premiers emplois – c’est beau rêver – les critères de sélection des prétendants au rectorat étaient beaucoup trop contraignants pour que je songe plus sérieusement à me lancer dans la course. En fait, les critères de sélection sont à ce point aigus qu’ils restreignent considérablement la liste d’aspirants.
Petite parenthèse. L’Université du peuple est à la recherche d’un nouveau recteur depuis que Claude Corbo a annoncé en juin dernier qu’il ne briguerait pas de nouveau mandat. En poste depuis le 7 janvier 2008, le grand manitou de l’UQAM restera en fonction jusqu’au 6 janvier 2013, le temps que son dauphin soit désigné. Sous la férule de l’homme sexagénaire, l’UQAM aura adopté le Plan stratégique 2009-2014 et le Plan de retour à l’équilibre budgétaire 2009-2016. Ces deux mesures visaient à redresser la situation financière de l’institution universitaire. Fermeture de la parenthèse.
Tout ce blabla pour dire qu’en plus de posséder un CV aussi volumineux qu’un recueil de textes d’un cours de sémiotique philosophique, les candidats au poste de recteur doivent «posséder une vision stratégique qui favorise le développement de l’Université conformément à son Plan stratégique 2009-2014 et en tenant compte des objectifs de son Plan de retour à l’équilibre budgétaire 2009-2016».
Les candidats doivent connaître les rouages uqamiens sur le bout des doigts. Si rachitique que soit mon CV, il m’est aisé de comprendre que seuls les administrateurs de l’UQAM sont à l’aise avec ces deux plans. Les prétendants à l’extérieur de l’UQAM sont de facto éliminés de la course.
Qui plus est, les critères de sélection ont été choisis par un groupe restreint: le Comité de sélection du nouveau recteur composé du secrétaire général de l’UQAM, de deux membres du C.A., deux personnes désignées par l’Assemblée des gouverneurs de l’Université du Québec et… une professeure et une membre socio-économique. Outre ce groupe sélect, aucun membre de la communauté uqamienne n’a pu se prononcer sur la question rendue «épineuse» des critères de sélection. Où est donc passée le bel esprit de collégialité dont l’UQAM aime tant se targuer?
Comme si ce n’était pas suffi sant, le recteur sortant en a ajouté récemment en faisant adopter au conseil d’administration du 18 septembre dernier sa «note sur la succession du rectorat». Ce texte rappelle les critères que devra posséder le nouveau recteur, les mêmes que dans l’appel de proposition de candidatures. Cette note rappelle également les obligations de l’UQAM envers le ministère du Loisir et du Sport. Le message qu’il souhaitait envoyer est à peu près celui-ci : le prochain recteur suivra mes traces, un point c’est tout.
Mes esprits retrouvés, de retour devant mon écran et sorti du bureau du recteur où, vraisemblablement, je n’élirai pas domicile de sitôt, je ferme la fenêtre de Workopolis. De toute manière, à quoi servirait de me lancer dans une course où les dés sont pipés.
Étienne Dupuis
Chef de pupitre UQAM
uqam.campus@uqam.ca
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