Qui porte les culottes?

Vendredi soir, 20h. Assis dans une salle de classe du drabe pavillon Judith Jasmin, le teint blafard, un taux de caféine anormalement élevé dans le sang, j’assiste à un de mes cours dédoublé en cette session à la va comme je te pousse. La réorganisation de l’horaire condensée de la session 2012 – voir texte Une aspirine, s’il vous plaît – aura transformé l’Université du peuple en véritable capharnaüm, à l’intérieur duquel les expressions «chui à boute» et «j’ai hâte qu’à finisse» résonnent frénétiquement sur les murs marrons.

La résignation et la ténacité étudiante devant la charge de travail herculéenne qui les attend, en ce mois de septembre chaud – au sens figuré – est belle et inspirante. Pour moi, il s’agit de la continuation d’une contestation étudiante d’une ampleur jamais égalée. Un pied de nez au roi Borné 1er qui, déchu, a récemment quitté son royaume. Aux babyboomers – si le chapeau vous fait – qui décriaient la paresse estudiantine durant la grève, je vous invite à passer une semaine en compagnie de l’auteur de cette chronique. Vous verrez alors que ces étudiants, qui buvaient de la sangria sur une terrasse à Outremont cet été, assument pleinement le coût de leur grève.

Le Parti québécois a remporté, le 4 septembre dernier, une courte victoire en promettant d’annuler la hausse des droits de scolarité. Dans sa première allocution en tant que première ministre, Pauline Marois a réitéré cette intention. Ne nous laissons cependant pas berner. On se rappellera que le Parti québécois chérit l’idée d’annexer les droits de scolarité au coût de la vie. La bataille est gagnée, mais la guerre continue, comme disait l’autre. La chef d’État a fait savoir qu’elle tiendrait des États généraux sur l’éducation supérieure. Il sera de notre devoir de nous assurer que les dés ne soient pas pipés et que les conclusions de cette consultation ne soient pas déposées sur le bureau de madame Marois avant même son déclenchement.

Plusieurs associations étudiantes uqamiennes ont humé la duperie. Si elles ont accepté de laisser la chance au coureur péquiste, les assos se sont assurées de lui rappeler que leur hache de guerre n’était pas rangée très loin.

Ainsi, de nombreux étudiants de l’UQAM se retrouveront dans la rue à tous les 22 de chaque mois. Ces gestes, aussi symboliques qu’ils soient, permettront au débat sur la hausse des frais de scolarité de garder leur place dans les conversations des Québécois. Ils rappelleront également au nouveau gouvernement, qui a eu la fâcheuse tendance ces derniers temps de changer d’opinion comme on change de sous-vêtements, qu’un jour ou l’autre l’élastique finit par péter et les bobettes ne se portent plus.

En mère de famille, Pauline Marois nous a montré, en recrutant l’ancien président de la FECQ, Léo Bureau Blouin, qu’elle était capable de faire porter les culottes qu’elle voulait à un leader étudiant. Refusons, à notre tour, de se faire culoter!

Étienne Dupuis

Chef de pupitre UQAM

uqam.campus@uqam.ca

 

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