Brun ou l’histoire du sarcasme syndical

À l’UQAM tout est brun. De son plancher jusqu’aux tuiles de son toit, l’Université du peuple est brune. C’est même à se demander si Bernard Adamus n’a pas écrit son album entre nos murs. Vous imaginez? Bernard Adamus dans l’Agora, guitare à la main, criant: «Brrruuun, c’est la couleur de l’amooouuur». De quoi égayer notre campus monotone. En attendant une performance du troubadour de Hochelaga, des représentants du Syndicat des chargés de cours de l’UQAM (SCCUQ), ont trouvé une autre façon colorée pour oublier le brun quotidien. Le syndicat invite ses membres, les chargés de cours, à rire jaune.

C’est assez simple. Ces dernières années les représentants du SCCUQ se sont amusés, au dam de sa légitimité syndicale, à faire des blagues grinçantes à ses membres. La première de ses plaisanteries est survenue (comme vous pourrez le lire dans l’article ci-contre) en 2009 quand un des représentants du syndicat a demandé au chargé de cours Claudio Benedetti s’il connaissait Tony Accurso. Et cela parce que le chargé de cours est d’origine italienne et travaille à la Ville de Brossard. Est-ce que vous comprenez? Non? Mais oui, voyons. C’est du sarcasme syndical.

Vous en voulez une autre? Le 9 novembre dernier, un article du Montréal Campus révélait qu’un comité qualifié d’illégitime a négocié avec l’Université la nouvelle convention collective des chargés de cours. Malgré les réticences de certains de ses membres, le syndicat a tenté d’étouffer l’affaire, allant jusqu’à interdire à un de ses membres de publier son opinion dans la revue interne du SCCUQ empêchant ainsi la réalisation d’un réel débat au sein du syndicat. Les membres lésés ont accusé l’exécutif de veiller à ses propres intérêts avant ceux de leurs membres. Afin d’expliquer l’affaire, le président du syndicat a déclaré au Montréal Campus qu’il ne travaillait pas dans l’intérêt d’un noyau «antisyndical». Encore une fois, c’est de l’ironie. En agissant de la sorte, le syndicat a fait une vilaine grimace à ses membres en ajoutant un «Celui qui le dit, celui qui l’est!» Pas très éthique vous dites?

La blague devient d’autant plus sarcastique quand on lit sur le web un mot du président de la Confédération des syndicats nationaux, à laquelle le SCCUQ est affilié. Selon le message, le but premier du regroupement est de lutter contre les inégalités, qu’elles soient sociales ou économiques. Alors, à la lumière de ces évènements, doit-on se questionner sur la légitimité des représentants du syndicat ou rire jaune avec eux? Claudio Benedetti était désemparé lors de son entretien avec ses représentants. Qu’il soit dans le tort ou non, il ne méritait pas le traitement et les insultes qui lui ont été servies. Et de ce que je sais, faire entendre son droit de parole n’est pas un acte antisyndical. Les blagues sarcastiques, ça peut faire rire, mais ça n’a pas sa place dans un syndicat professionnel.

Je ne veux pas être pessimiste. Le SCCUQ a du bon, enfin je l’espère. Je crois seulement qu’il devrait travailler au meilleur de ses connaissances dans l’intérêt de ses membres. Et je réalise avec toutes ces histoires que le SCCUQ n’est ni blanc, ni noir. Il est seulement brun, brun UQAM.

Williams Fonseca-Baeta
Chef de pupitre UQAM
uqam.campus@uqam.ca

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