Piscines hors terre et cordes à linge

Il est plutôt rare qu’André Forcier, cet enfant terrible du cinéma québécois, ne présente un nouveau film sans faire de remous. Mais alors que c’est habituellement ses propos grinçants qui font couler de l’encre, son douzième long-métrage, Coteau Rouge, aura fait la manchette pour une toute autre raison. Présenté en ouverture du 35e Festival des Films du Monde, le film a été projeté dans une version numérique incomplète et d’une piètre qualité visuelle, en raison d’un problème de dernière minute avec la copie 35 mm. Mais Forcier n’ayant jamais été un esthète, cet incident mineur n’aura pas empêché les spectateurs d’apprécier l’expérience. La poésie et l’humour typiques des histoires du cinéaste étaient bien sur l’écran, fidèles au rendez-vous.

L’histoire: quatre générations d’une famille bien particulière, les Blanchard, habitent le quartier ouvrier de Coteau Rouge à Longueuil. Éric Miljours, riche entrepreneur et conjoint d’Hélène Blanchard, tente de convaincre tous les habitants des environs d’abandonner leurs modestes maisons et de lui vendre leurs terrains pour y construire de grands condos. Il rencontrera cependant la résistance de plusieurs citoyens.

Avec Coteau Rouge, Forcier signe probablement le film qui cerne le mieux les préoccupations qui habitent son cinéma depuis des années. L’esprit de communauté face aux ambitions des riches investisseurs; le charme et la culture populaire de la Rive-Sud; la famille et l’amour véritable comme plus grand et plus fort que le superficiel : voilà des éléments présents depuis Night Cap en 1974. On les a ensuite retrouvés dans L’eau chaude, l’eau frette et Le vent du Wyoming, pour ne nommer que les plus emblématiques. Adorant orchestrer une fresque de personnages, le cinéaste a encore une fois réussi à s’entourer d’une très grande brochette de comédiens établis. Si les Donald Pilon, Pascale Montpetit et France Castel n’apparaissent que furtivement, les Roy Dupuis, Mario St-Amand, Gaston Lepage et Louise Laparé portent magnifiquement le récit. Mais surtout, on ne peut que constater à quel point Céline Bonnier, actrice fétiche de Forcier, perce l’écran, parfaitement en phase avec l’univers poético-surréaliste du cinéaste.

Même si l’humour habituel est omniprésent, Coteau Rouge n’est pas l’œuvre la plus flamboyante et éclatée d’André Forcier. Ce qu’on y retiendra, ce sont les réflexions touchantes sur l’amour et l’unité familiale, véritables perles du film. Un bon moment de cinéma!
En salles le 9 septembre.

Coteau Rouge, d’André Forcier, Québec, 86 min.

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *