Des visiteurs venus d’ailleurs

Chaque année, des centaines de cas d’observation d’Objets volants non identifiés sont répertoriés par OVNI-Alerte. Rencontre du troisième type avec l’homme à la tête de cet organisme.
 
Illustration: Dominique Morin
 
En cette soirée d’été du 27 juillet 1992, à Saint-Majorique, près de Drummondville, une lumière blanche plane au loin devant quelques dizaines de témoins, émerveillés devant la scène. Pour la troisième fois de sa vie, François C. Bourbeau observe un Objet volant non identifié (OVNI). 
Des histoires, François C. Bourbeau pourrait en raconter une nuit entière. Assis dans le bureau du réseau OVNI-Alerte à Montréal-Nord – tapissé de photos de soucoupes volantes et d’étranges objets lumineux – il regarde pour la énième fois la séquence vidéo qu’il a filmée vers 22h11, il y a dix-neuf ans. «Comme on peut le voir clairement, je lui lance des appels de phares avec ma voiture selon le code morse.» Sur la vidéo, la lumière dans le ciel répond aux appels en clignotant elle aussi. 
 
L’ancien étudiant en philosophie à l’Université du Québec à Trois-Rivières a consacré une bonne partie de sa vie à partager sa passion. Auteur de trois livres, dont Les médias cachent la réalité ovni au public, il a aussi été l’animateur d’Alter Ego Spiritus, une émission télévisée vouée au paranormal sur les ondes québécoises et ontariennes entre 1985 et 1997.
 
Aujourd’hui, l’ovniologue québécois a migré sur le Web. Son centre de recherche, OVNI-Alerte, enquête sur les signalements de cas d’OVNI rapportés par la ligne téléphonique de l’organisme. En moyenne, François C. Bourbeau reçoit une quinzaine d’appels par semaine. «Nous vérifions chaque cas en nous assurant que ce ne soit pas une étoile ou un météore, explique-t-il. Par exemple, au début janvier, plusieurs témoins ont constaté la présence d’une masse lumineuse dans le ciel. Le public nous indiquait en fait l’étoile Sirius….» Chaque cas est analysé par des «techniciens-enquêteurs» qui détiennent des connaissances en astronomie et en physique de base. OVNI-Alerte offre en effet une formation de 120 heures à ses collaborateurs éparpillés aux quatre coins du Québec pour distinguer le vrai du faux. 
 
François C. Bourbeau affirme aussi recevoir l’aide d’employés de la Sûreté du Québec ou de patrouilleurs d’aéroports, convaincus de l’existence d’extraterrestres. Certains viennent d’autres secteurs comme Martin*, pompier pour la Ville de Montréal. Sous le couvert de l’anonymat pour éviter les moqueries de ses collègues, le grand gaillard assure avoir vu un OVNI de forme ovale et de six pieds de diamètre en juillet 2008, dans un centre de ski à Mont-Laurier. Depuis, le sapeur-pompier a rejoint le réseau OVNI-Alerte. 
 
«Si les extraterrestres existaient, on le saurait, explique Pierre Cloutier, porte-parole des Sceptiques du Québec. Généralement, c’est un gars qui a trop fait le party ou un cultivateur ennuyé qui appelle pour ce genre de cas.» En vingt-trois années d’existence, le regroupement, composé de plus de 3000 membres, affirme n’avoir jamais eu affaire à un phénomène paranormal. «La plupart des personnes qui nous soumettent des cas de cette catégorie souffrent de troubles psychologiques ou bien recherchent désespérément de l’attention», analyse-t-il.
Aux origines des petits bonshommes verts
La croyance populaire associe souvent le terme OVNI à des visiteurs venus d’ailleurs, à bord de soucoupes volantes, maintes fois reproduites au cinéma. Gabriel Lefebvre, diplômé en histoire à l’UQAM, s’est penché sur la question dans le cadre de son mémoire de maîtrise, intitulé: Les enlèvements extraterrestres. Analyse et interprétation d’un mythe contemporain. L’ex-uqamien croit qu’il faut faire preuve d’ouverture à l’égard des tenants de l’existence de formes de vie venues d’ailleurs. «Il est difficile de douter de la sincérité des témoignages des gens qui disent avoir réellement vécu une expérience traumatisante. Ça vaudrait la peine de chercher des explications sur ce qui pousse les gens à raconter ce type d’épreuves», souligne-t-il. 
 
La fin du XIXe siècle voit apparaître des théories sur l’existence de créatures d’une autre planète voyageant d’univers en univers et communiquant avec d’autres civilisations moins avancées. «Les extraterrestres et les OVNI s’inscrivent dans une longue tradition qui remonte jusqu’aux philosophes, mentionne Gabriel Lefebvre. Kant mentionnait dans ses écrits que sur chaque planète, il y avait la vie et que, plus éloignée était la planète du soleil, plus parfaits étaient ses occupants.» Plus récemment, c’est dans les années 1950, après les rumeurs d’écrasement d’un OVNI à Roswell au Nouveau-Mexique, puis avec l’arrivée des nouvelles technologies et la conquête de l’espace que l’engouement pour la vie extraterrestre a gagné du terrain. Ce qui n’empêche pas Pierre Cloutier, des Sceptiques du Québec, d’être intransigeant. «J’ai envie de dire à M. Bourbeau de se réveiller et d’accepter la réalité, clame-t-il. J’attends le boulon de la soucoupe volante, M. Bourbeau. Juste le boulon.»
*nom fictif
***
Cas d’OVNIS au Québec
20 novembre 1989, 5h. Yvan Noiseux, résident du village Sainte-Marie-de-Monnoir en Montérégie, aperçoit quatre rectangles blancs au-dessus des fils électriques de son voisin. Selon le témoin, un puissant bruit «donnait à penser qu’il s’agissait d’un moteur qui force.» 
 
7 novembre 1990, 19h15. Une lumière orange plane pendant plus de trois heures au-dessus de la place Bonaventure à Montréal. Plus de 300 témoins constatent le phénomène. Pourtant, une seule photo semble avoir été prise, celle du journaliste de La Presse Marcel Laroche. 
 
16 décembre 2010, 20h00. Une lumière orange apparaît de nouveau, au-dessus du Casino de Montréal cette fois, pendant plus de cinq heures. Des dizaines de témoins étaient sur les lieux. OVNI-Alerte enquête présentement sur le dossier. 

Commentaires

Une réponse à “Des visiteurs venus d’ailleurs”

  1. Avatar de nancy prince
    nancy prince

    Des visiteurs venus d’ailleurs ; Cela est faux, ils habitent la terre, dans les profondeurs des océans, grotte sou terre. La terre leur appartient et notre pollution empoisonne leur milieu de vie.

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