Négociations sur la corde raide

La tension monte entre la direction de l’UQAM et les syndicats alors que ceux-ci se font demander de presser tout leur jus pour réduire le déficit budgétaire de l’université.

Le couvercle de la marmite continue de tressaillir alors que l’UQAM propose des mesures pour réduire son déficit s’élevant à 20,7 millions de dollars. Les différents syndicats des employés de l’UQAM rejettent en bloc les propositions de l’université suggérées dans le Plan d’atteinte de l’équilibre budgétaire 2015-2018. Les groupes affectés par ces mesures sont prêts à réagir si l’étau se ressert trop.

Tous les syndicats de l’UQAM, le SPUQ*, le SCCUQ*, le SEUQAM* et le SETUE*, ont signifié leur mécontentement quant aux compressions demandées à leurs membres. Dans son plan d’action, l’université propose notamment de réduire de 2 % le salaire de ses employés pour un gain de près de 6,6 millions de dollars sur les trois années du plan. Elle suggère aussi une réduction de 10 % des coûts des programmes de retraite, pour une économie de 840 000 dollars. Les quatre syndicats critiquent la menace que crée l’UQAM envers les conditions de travail et la qualité des études à la suite d’une réduction des dépenses. Le SPUQ et le SCCUQ ont participé à une action concertée le 17 février pour condamner le Plan d’atteinte de l’équilibre budgétaire de l’UQAM.

Par la voix de sa directrice des relations avec la presse, Jennifer Desrochers, l’université dit prendre acte à ce stade-ci de la position de l’intersyndicale sans s’avancer davantage sur le sujet.

Le SPUQ a voté quatre résolutions adressées à la direction de l’université en assemblée générale le 9 février. Le syndicat s’oppose aux mesures budgétaires proposées de l’UQAM et affirme avoir perdu confiance envers le recteur, Robert Proulx. Le comité exécutif du SPUQ demande aussi la convocation d’une assemblée générale de grève après le 17 février. «Il n’est pas exclu d’aborder la question si les réponses que nous recevons ne sont pas satisfaisantes», affirme la présidente du SPUQ, Michèle Nevert. Selon elle, le Plan d’atteinte de l’équilibre budgétaire vient mettre des bâtons dans les roues dans le processus de négociation de leur nouvelle convention collective.

Le SCCUQ a rejeté le 27 janvier, en assemblée générale, toutes les baisses de salaire, des avantages sociaux et des coupes dans l’offre de cours, confirme sa présidente, Marie Blais. Cette dernière mesure ne rapporterait que 1,5 million de dollars à l’université selon les chiffres disponibles dans le plan d’action de l’UQAM. «Ça touche directement la diversité des cours, des programmes et ça affecte aussi les services aux étudiants», dénonce-t-elle. L’UQAM présentait ses hypothèses pour résorber le déficit quelques mois après avoir voté, le 28 octobre 2014, à 85 membres du personnel de direction des primes, sous forme de montant forfaitaire, puisque ceux-ci ont atteint le maximum de leur échelle salariale.

Soutien à leurs collègues

Les employés du SEUQAM viennent tout juste de signer leur nouvelle convention collective le 14 janvier, deux jours après la présentation du plan d’atteinte de l’équilibre budgétaire de l’UQAM. Pour la responsable de l’information du SEUQAM, Claire Bouchard, l’université doit s’abstenir de modifier cette convention collective fraichement signée. «Ça fait plus de 18 mois qu’on est en négociations et on a accepté une offre qui est plus que raisonnable, maintient-elle. On a tenu compte de la situation financière de l’UQAM dans nos demandes.» Même si le SPUQ et le SCCUQ sont toujours en négociation de leur propre convention collective, cela n’empêche pas le SEUQAM d’être cosignataire de la position de l’intersyndicale de l’université. «On peut toujours être solidaire à la cause», plaide Claire Bouchard.

Cours annulés

Selon les chiffres avancés par le SCCUQ, 78 cours ont déjà été annulés ce semestre-ci malgré l’augmentation des étudiants inscrits à l’UQAM comparé au semestre d’hiver 2014. Selon la présidente du SCCUQ, il est inconcevable de venir couper 150 cours en plus d’une telle diminution de l’offre en place. «Les compressions sont bel et bien commencées», craint-elle. D’après Marie Blais, il n’est pas judicieux pour l’université de déshonorer ses contrats de cours, puisqu’elle doit payer des pénalités pour chaque cours qu’elle décide d’annuler. «Les premières victimes d’une telle mesure, ce sont les étudiants», dénonce-t-elle. Les 150 cours coupés seraient disponibles sur moins de semestres et accueillerait plus d’étudiants.

De l’argent dans l’immobilier

Les fonds dépensés dans l’immobilier sont un enjeu de taille dans le dossier des compressions budgétaires, selon Marie Blais. «Comment se fait-il qu’on investisse autant d’argent dans l’immobilier alors qu’on peine à faire vivre les services au sein du campus?» se questionne-t-elle. Malgré les récentes demandes de compressions, l’UQAM compte investir cinq millions de dollars dans la quatrième relance du Plan directeur immobilier. Du côté du SPUQ, tout virement du fonds de fonctionnement vers le fonds des immobilisations du budget est vivement critiqué. Selon Michèle Nevert, l’argent disponible dans le fonds de fonctionnement, qui sert entre autres à la recherche et aux masses salariales, est utilisée afin de régler les problèmes du fonds des immobilisations. «On rogne systématiquement sur la mission universitaire d’enseignement et de recherche», déclare-t-elle. D’après Marie Blais, sans nier l’intérêt d’investir dans l’immobilier, le but premier est de rehausser la réputation de l’université à l’échelle du globe. «La compétitivité internationale, c’est bien, mais à quel prix? Est-ce qu’on va couper dans les services aux étudiants qui sont actuellement inscrits dans notre université pour ça?» s’interroge-t-elle. L’UQAM dit que les propos tenus par les syndicats sont inexactes. «Au moment de préparer son budget 2015-2016, l’UQAM est bel et bien placée devant un manque à gagner de 20,7 millions de dollars, indique Jennifer Desrochers par le biais d’un communiqué. Compte tenu du contexte financier, la direction de l’UQAM a décidé de surseoir aux prochaines étapes de son Plan directeur immobilier. Elle devra toutefois terminer les travaux de réaménagement déjà enclenchés». Les tourments entre la direction de l’UQAM et ses employés ne sont pas prêts de s’estomper, alors que les syndicats veulent répondre au silence de l’université par un possible vote de grève.

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*SCCUQ : Syndicat des chargées et chargés de cours de l’UQAM

*SPUQ : Syndicat des professeurs de l’UQAM

*SEUQAM : Syndicat des employées et employés de l’UQAM

*SETUE : Syndicat des étudiant-e-s employé-e-s de l’UQAM

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