Les femmes, restons à la maison… ou pas!

« Faire des enfants devrait être ta priorité, ta carrière devrait être secondaire », affirment Olivier Jean et Joël McGuirk, les animateurs du Lucide Podcast. Que dire de ce balado sans m’enrager et me faire traiter, par le fait même, de féministe enragée?

Dernièrement, j’ai eu la chance (ou plutôt la malchance) d’entendre certains des propos antiféministes véhiculés par les deux animateurs du Lucide Podcast. L’un d’entre eux est passé proche d’être à Tout le monde en parle, ce qui a créé un tollé sur les réseaux sociaux. Et pour une bonne raison.

Leur message est clair : une femme devrait rester à la maison, ne pas entreprendre de carrière, faire des enfants et bien paraître aux côtés de son partenaire.

C’est du gros n’importe quoi.

« C’est un risque d’être une boss babe, d’avoir une carrière hyper stressante et de détruire ta féminité à long terme », avance Joël McGuirk, avec une casquette Make America Great Again sur la tête.

C’est ridicule de faire reculer les femmes alors qu’elles se sont longtemps battues pour accéder au marché du travail.

Je suis encore étudiante, mais j’aspire à réaliser de grandes choses dans ma vie professionnelle. Je travaille fort pour être journaliste et ce n’est pas le domaine le moins stressant, disons-le. Je trouve toutefois énervant que des hommes se permettent de juger de ma capacité à faire mon travail parce que ce serait soi-disant « risqué » et « hyper stressant ».

Laurence Gagnon, créatrice de la page Instagram Petites Histoires Sexistes soutient que « de faire la promotion de ces propos-là peut certainement créer un mouvement pour réduire nos droits et notre accès aux opportunités ».

Au Canada, en 2023, le salaire d’une femme est encore de 84 cents pour chaque dollar fait par un homme. Le Québec est pourtant considéré comme le deuxième endroit au monde où le taux d’emploi chez les femmes est le plus élevé, selon l’OCDE.

« [Le Québec] est un leader mondial en termes d’égalité hommes-femmes. Mais est-ce que [les propos du Lucide Podcast] peuvent faire reculer les droits des femmes? Ce serait de s’aveugler que de dire non », lâche Laurence Gagnon.

Nous avons prouvé que nous avions notre place au sein du monde professionnel, mais des hommes comme Olivier Jean et Joël McGuirk se permettent encore de remettre cela en question. C’est insensé.

« Je les ai vues les femmes qui ont tout donné à leur carrière et qui ont décidé de laisser tomber d’avoir des enfants », souligne Joël McGuirk en insistant sur le caractère négatif de ce choix. Laissez-moi vous présenter toutes ces femmes aux carrières remarquables qui ont eu des enfants.

Michelle Obama, Lise Watier, Janette Bertrand, Véronique Cloutier, Léa Clermont-Dion, Pauline Marois, Kamala Harris, Valérie Plante, Hillary Clinton, Kim Kardashian, Chantal Machabée, Martha Stewart, Jacinda Ardern, et la liste se poursuit.

Être mère ne devrait jamais entraver la volonté d’une femme à s’épanouir dans sa vie professionnelle et c’est exactement ce que ces femmes ont prouvé.

« C’est le féminisme qui leur permet d’avoir ce choix-là et qui les supporte. Elles n’ont pas besoin d’aller dans les mouvements masculinistes pour trouver un support. On l’offre déjà », précise Laurence Gagnon.

Les animateurs du Lucide Podcast affirment qu’il « n’y a rien de plus beau que de faire des enfants, ça devrait être ton but premier ». Mon objectif dans la vie n’a jamais été d’être mère, au contraire. Je me suis toujours concentrée sur mes études et ma carrière, ce que plusieurs femmes avant moi n’ont pas eu le privilège de faire, puisqu’elles étaient obligées d’avoir des enfants et de rester à la maison. Je ne suis pas contre celles qui choisissent de le faire, ma mère a elle-même arrêté le travail jusqu’à mes huit ans. Mais je suis contre les hommes qui se permettent de dicter ce que l’on devrait faire de notre vie.

C’est absurde, mais c’est pourtant un élément qui ressort constamment du discours masculiniste.

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