L’université après l’école à la maison

Difficultés de socialisation, manque de culture populaire, imposition d’idées par les parents :  nombreuses sont les présomptions faites sur les jeunes ayant reçu une éducation à domicile. Le Montréal Campus est allé à la rencontre de trois jeunes ayant fait l’école à la maison. Leur expérience dément les stéréotypes véhiculés.  

« Je faisais tellement de choses dehors que c’était impossible de ne pas rencontrer plein de monde », lance Thomas Barrington Craggs. L’étudiant en mathématiques et en économie à l’Université McGill réfute d’emblée le cliché le plus commun sur l’éducation à domicile: le manque de socialisation.

Ayant été scolarisé à la maison par ses parents en Colombie-Britannique, puis au Québec jusqu’en troisième secondaire, il insiste sur l’effet positif que cette éducation a eu sur lui.

Les avantages de l’école à domicile

La tranquillité d’esprit dont profite Thomas concernant les résultats scolaires est un premier exemple d’effet positif notable. Ses parents n’ont jamais mis un accent particulier sur les notes, le rendant, selon lui, « quand même moins stressé que les autres [au cégep] ».

Heidi Jeanne Pilon, une étudiante qui fréquentera l’université l’an prochain, appuie ce point de vue quant à l’éducation à domicile : « [le concept de notes] n’a pas été associé à ma valeur. […] Ma vie ne se limite pas à ma réussite académique. »

Heidi Jeanne ne sait pas si elle est plus autonome qu’un(e) autre jeune. Elle mentionne qu’elle vit en appartement depuis ses 16 ans, mais mentionne toutefois ne pas pouvoir généraliser son expérience.

« L’école maison m’a vraiment appris à apprendre, à développer des techniques propres à moi pour comprendre et effectuer correctement le travail demandé », dit Viviane Carle, étudiante en communication à l’UQAM. Elle ajoute à cela sa grande pensée critique envers elle-même et le monde qui l’entoure, acquise durant ses années à domicile.

La professeure titulaire à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal Christine Brabant souligne que, depuis 2017, le Québec possède une des meilleures structures d’école à la maison dans le monde, puisqu’axée sur « le respect des compétences parentales et la responsabilité de l’État ».

Étant donné qu’il s’agit d’une expérience propre à chacun(e), il est difficile d’avoir un portrait global de la situation.

« J’ai eu une belle expérience […], mais je pense que, comme l’école traditionnelle, ça peut être bénéfique ou néfaste. Ça dépend de la personne »

Viviane Carle

Système à géométrie variable

L’éducation à domicile offre une grande liberté aux parents. Leur implication dans le processus affecte beaucoup la qualité de l’enseignement fourni, explique Mme Brabant. « Ça fonctionne mieux dans les cas où les parents sont débrouillards et se préoccupent des besoins [spécifiques] d’instruction et de socialisation de l’enfant », explique-t-elle.

Mme Brabant rapporte que « les études nord-américaines révèlent que les jeunes ayant été éduqués en famille font moins de demandes d’admission aux études supérieures ». Cependant, ces mêmes études indiquent que les jeunes parvenant à l’université s’adaptent globalement bien à cet univers.

Plusieurs organismes peuvent outiller les parents dans ce projet, dont l’Association québécoise pour l’éducation à domicile (AQED). Anaïs Lauzon-Laurin, responsable des relations publiques de l’AQED, explique que l’organisme sert « vraiment à soutenir les démarches pédagogiques des parents ».

Et pour le futur ?

« J’aimerais [faire l’école à la maison pour mes enfants] si j’ai les moyens pour me le permettre », avance Mme Pilon. Travaillant dans une garderie, elle indique également qu’elle comprend le choix des parents d’envoyer leur enfant dans un établissement scolaire . « Les enfants ne sont pas malheureux d’être en garderie non plus. Ça a du sens pour plein de monde. »

Thomas ne pense pas qu’il optera pour ce type d’éducation pour ses enfants. Il note que ce système peut être « très bon », mais qu’il demande des efforts intenses et une situation idéale où toutes les bonnes conditions sont réunies.

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