Les revues de création littéraire québécoises ont fait leur promotion en présentiel et en ligne à l’occasion du Printemps des revues, du 5 au 24 avril 2022. À travers divers événements culturels et ludiques, elles ont cherché à attirer un nouveau lectorat et accroître leur rayonnement.
Le mardi 12 avril, à la librairie n’était-ce pas l’été, se tenait le premier événement du Printemps des revues 2022, organisé par la Société de développement des périodiques culturels québécois (SODEP).
Ce festival littéraire qui existe depuis plus de 10 ans rassemble plus de 70 librairies et bibliothèques dans le but de faire découvrir à leurs usagers et leurs usagères les revues de création littéraire québécoises. Il s’agit de périodiques créatifs, publiant trois ou quatre numéros par an des œuvres inédites d’auteurs et d’autrices du Québec et du Canada francophone.
Le Printemps des revues est l’occasion parfaite de se familiariser davantage avec le milieu de la création littéraire québécoise et le paysage si particulier des revues de création.
Enjeux logistiques et financiers
La distribution est l’un des enjeux majeurs auquel font face les revues de création littéraire québécoises. « Plusieurs tentatives ont été entreprises, mais le problème est souvent le même : trouver un service de distribution qui répond à la spécificité des revues culturelles québécoises », explique l’agente de développement de projets à la SODEP, Mélina Verrier.
Le milieu de la distribution a subi des changements importants au cours des dernières années : augmentation des coûts, perte des ententes de diffusion, diminution des quantités mises en vente, etc. Ces embûches mettent en danger la distribution des revues dans les commerces de vente au détail, et par la même occasion, la viabilité de ces dernières.
Mélina Verrier affirme que, malgré l’importance incontestée du lectorat abonné, les ventes de revues à l’unité constituent une source de revenus essentielle à leur développement, faisant de la distribution papier un enjeu majeur pour leur stabilité financière.
Rejoindre le lectorat
Au défi de la distribution s’ajoute celui de rejoindre un nouveau lectorat. Selon Mélina Verrier, plusieurs équipes éditoriales ont refait peau neuve dans les dernières années, apportant « de nouvelles connaissances, une approche différente et une vision inédite ». Pour elle, ces changements d’approches éditoriales ont eu lieu afin de permettre aux revues de création d’attirer de nouveaux et nouvelles abonné(e)s, et rejoindre de manière innovante le lectorat existant.
Pour ce faire, la directrice littéraire de la revue Le Sabord, Ariane Gélinas, note certains éléments essentiels : un suivi des initiatives de communication, de promotion et de diffusion des revues.
Malgré les efforts, elle observe un grand roulement dans les personnes abonnées à la revue. « Notre nombre d’abonnés demeure stable au fil des ans, mais il ne s’agit pas des mêmes individus », déplore-t-elle.
Le Sabord a eu l’opportunité d’effectuer un suivi des abonné(e)s grâce au travail de membres de leur équipe principale, afin d’examiner l’efficacité de leurs événements de promotion. Ariane Gélinas explique que, faute de temps et de moyens, il ne s’agit pas d’une option pour bon nombre d’autres revues qui n’ont alors pas de possibilité d’estimer l’efficacité de leurs efforts de communication et de rétention des abonné(e)s.
Moderniser les revues de création
La directrice littéraire de la revue Estuaire, Stéphanie Roussel, a appuyé les propos d’Ariane Gélinas lors de cette table ronde du 12 avril. Pour Mme Roussel, il est nécessaire de travailler sur la découvrabilité des revues par le public, à travers des activités de promotion comme celles organisées par la SODEP dans le cadre du Printemps des Revues, ou de collaborations avec des librairies et des bibliothèques locales. Elle souligne par ailleurs l’appui de la SODEP aux revues québécoises, notamment par l’aide financière, administrative et logistique qu’elle apporte au développement de projets numériques.
Mme Roussel explique qu’avec la montée des nouvelles technologies de l’information, il est devenu essentiel pour les revues de proposer différents contenus numériques : baladodiffusions, tables rondes en vidéoconférence, revues sous format numérique, contenus supplémentaires. Autant de projets additionnels à gérer, pour des revues dont l’effectif et le budget demeurent limités.
Des piliers de la création littéraire
« Une revue, ça ne s’arrête pas à un numéro, ça fait vivre un milieu créatif. C’est une manière de faire progresser la littérature de façon plus souple qu’une maison d’édition. Il y a un renouveau apporté par les nouveaux numéros qui doivent paraître régulièrement », avance Stéphanie Roussel, pour qui les revues de création demeurent toujours une dimension essentielle du paysage littéraire québécois, bien distincte de l’industrie plus « classique » des maisons d’édition.
Mélina Verrier rappelle qu’il est possible pour les étudiants et les étudiantes de contribuer aux revues de création littéraire en soumettant leurs créations lors d’appels de textes. Une opportunité intéressante pour ceux et celles souhaitant s’impliquer dans le paysage culturel local, et apporter leur soutien aux revues de création littéraires québécoises.
Mention photo Manon Touffet | Montréal Campus
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