Une course au décanat sans vainqueur, les règles du jeu remises en cause

Ni le doyen sortant de la Faculté de communication de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Gaby Hsad, ni le directeur de l’École des médias, Pierre Barrette, n’ont obtenu la double majorité requise pour accéder à la direction du décanat, à la suite d’une consultation tenue du 24 au 30 mars. Retour sur une campagne ponctuée par le rejet d’une candidature pour des raisons législatives : celle de la vice-doyenne de la Faculté, Marie-Cécile Guillot.

Les membres de la Faculté de communication de l’UQAM ont appris le 31 mars dernier que le Comité de sélection responsable de la nomination de leur prochain doyen n’était pas en mesure de recommander un candidat. Cette fonction est indispensable au fonctionnement facultaire puisque le décanat est responsable de l’animation, de la planification, de l’organisation et de la gestion de la faculté.

D’après l’expérience de Gaby Hsad, ce n’est pas la première fois que la course au décanat se clôt sans vainqueur(e). Il explique qu’un doyen ou une doyenne intérimaire sera sélectionné(e) pour le relayer dès la fin de son mandat, prévu le 31 mai 2022. L’identité de cette personne demeure inconnue.

Écartée par le règlement

En plus de leur vision de la Faculté de communication, les deux candidats ont discuté, lors de leur campagne, de la légitimité de l’article 22.4 du Règlement 3, stipulant que « sont éligibles [au décanat] les professeures régulières et les professeurs réguliers de la Faculté ».

L’émoi entourant cette question résulte du rejet de la candidature de la vice-doyenne de la Faculté, Marie-Cécile Guillot, en raison de son titre de maître de langue.

D’après M. Guillot, même si les maîtres de langue représentent le corps professoral permanent de l’École de langues, peu de clauses les incluent dans les textes administratifs de l’Université. « Le [terme] maître de langue n’apparaît pas, alors que nous formons un tiers de la Faculté », souligne la vice-doyenne.

Malgré cet aspect qui pénalise les maîtres de langue, Mme Guillot « ne [croit] pas que le règlement est de mauvaise volonté, il n’a simplement pas été mis à jour ».

Ce sujet « laisse place à l’interprétation », remarque Pierre Barrette, en soulignant que le terme « professeur(e) » intègre parfois les maîtres de langue et, d’autres fois, les exclut.

M. Barrette précise que la disqualification de Mme Guillot a provoqué un fort mécontentement parmi les membres de la Faculté, ce qui peut avoir eu un effet sur la consultation. « Depuis le moment où l’accès de Marie-Cécile à la course a été refusé, je me doutais qu’un certain nombre de personnes protesterait en s’abstenant [de voter] », indique-t-il. Près d’un tiers des professeur(e)s de la Faculté de communication ne se sont pas prononcé(e)s lors du scrutin.

« Dans la Faculté de communication, on est trois unités, et l’une de ces unités n’était pas dans le processus. Va falloir changer ça, exprime Mme Guillot. Le secrétariat des instances doit s’attaquer au règlement numéro 3. »

Le vice-recteur à la Vie académique, qui présidait le Comité de sélection, Jean-François Pleau, s’est dit indisponible pour accorder une entrevue au Montréal Campus.

Une double majorité

Pour être recommandé(e) au poste de doyen ou de doyenne, la personne candidate doit obtenir « une majorité de vote global pondéré », en plus d’obtenir « la majorité des voix exprimées par le corps professoral », selon l’article 22.10 du Règlement numéro 3 de l’UQAM, qui encadre les procédures de désignation.

Auprès des professeur(e)s, le directeur de l’École des médias a récolté une voix de plus que le doyen sollicitant un second mandat, soit 31 contre 30. M. Hsad reste cependant plus populaire parmi les chargé(e)s de cours, les employé(e)s de soutien et les étudiants et les étudiantes, représentant respectivement 10 %, 9 % et 11 % de la pondération des votes.

« M. Hsad, en tant que doyen, a une très grande visibilité auprès des employé(e)s et des chargé(e)s de cours que je n’ai pas », estime M. Barrette, en mentionnant toutefois que sa fonction de directeur de l’École de médias le favorise au sein de cette branche de la Faculté.

Prise deux pour la course au décanat

Alors qu’une seconde course au poste de doyen ou de doyenne est anticipée, Gaby Hsad assure qu’il n’est pas en mode électoral. « J’essaie de clore tous les dossiers qui sont en suspens et finir mon mandat », déclare-t-il.

Pour sa part, Pierre Barrette envisage de se présenter à nouveau comme candidat. Il soutient avoir été « encouragé par la réception de sa candidature ». Le directeur de l’École des médias espère être opposé à Marie-Cécile Guillot, puisque cela signifierait l’amendement du Règlement 3. Il craint d’ailleurs qu’une campagne encadrée par une législation intacte aboutisse comme celle qu’il vient de vivre.

Si un changement était apporté aux règles du jeu, Marie-Cécile Guillot déposerait sans doute sa candidature à nouveau. « J’ai plein d’idées, j’ai toute une vision pour la Faculté, tout un leadership », s’exclame-t-elle.

La date des prochaines élections au décanat de la Faculté de communication n’a pas encore été dévoilée.

 

Une illustration de Malika Alaoui | Montréal Campus

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