Les jeunes électeurs, âgés entre 18 et 34 ans, constitueront la majorité de l’électorat, le 21 octobre prochain. Toutefois, ils ont été peu nombreux à se déplacer pour marquer un X sur un bulletin de vote lors des derniers scrutins fédéraux.
Selon Élections Canada, près de deux millénariaux sur cinq se sont déplacés pour pouvoir exercer leur droit de vote aux élections de 2011. Lorsque la population canadienne a mené au pouvoir le chef libéral Justin Trudeau, en 2015, plus de 57 % des 18-24 ans ont voté, un record pour une campagne électorale fédérale.
« Le taux de participation des jeunes aux élections repose sur la présence d’une figure charismatique, sur quelqu’un qui va être en mesure de personnifier les préoccupations de ces jeunes-là », explique le chargé de cours du département des sciences politiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Raphaël Crevier. Selon lui, l’ancien chef néo-démocrate, Jack Layton, a représenté cette figure dite charismatique lors du scrutin de 2011, tout comme l’a fait le chef du Parti libéral du Canada (PLC) Justin Trudeau quatre ans plus tard.
Pas de sentiment d’appartenance?
Lors d’élections fédérales, les millénariaux ne se rendent pas aux bureaux de vote, car ils s’identifient plutôt à la province qu’au pays selon le professeur du département de sociologie de l’UQAM, Jacques Beauchemin. Un sondage mené par l’Association d’études canadiennes (AEC) abonde dans le même sens. Il démontre qu’en 2010, 77 % des jeunes de 18 à 34 ans se définissaient comme étant « Québécois seulement » ou « Québécois d’abord ».
Sans peser ses mots, Raphaël Crevier affirme qu’il est possible que la souveraineté soit un facteur clé le jour du scrutin fédéral et provincial. « Malgré la popularité de Québec Solidaire auprès des jeunes, il y a une désaffection face au mouvement souverainiste », affirme-t-il.
D’un autre côté, il est persuadé qu’aucun des partis prenant part à la campagne actuelle ne remettra en question l’exploitation pétrolière de l’Ouest canadien [le Parti vert s’est toutefois récemment positionné contre cette exploitation]. M.Crevier précise que cet enjeu pourrait être un facteur qui influencera le taux de participation des jeunes Canadiens et Canadiennes, lors du scrutin du 21 octobre prochain. Il s’attend même à ce que plusieurs jeunes ne votent pas en raison de cela.
Selon le professeur du département de sociologie de l’Université de Montréal Jacques Hamel, plusieurs enjeux fédéraux intéressent et touchent les jeunes Québécois, comme la lutte contre les changements climatiques. « Les jeunes vont donner leur appui à un parti politique qui va s’engager dans cet enjeu-là », dit-il, en ajoutant que les partis politiques fédéraux sont assez timides à ce sujet.
Difficulté à transmettre leur message
« J’ai l’impression que les partis politiques sont toujours un message en retard sur les jeunes », mentionne M. Crevier. On dirait que leurs messages sont destinés aux membres seniors du parti et ce qu’il aurait voulu entendre durant leur jeunesse », précise-t-il.
Le chef adjoint du Parti vert du Canada, Daniel Green, reconnaît que son parti n’a pas fait assez d’efforts au niveau de la transmission de leurs idées politiques aux jeunes électeurs. « On essaie d’avoir des clubs politiques dans les universités », explique-t-il, rappelant que le Parti libéral et le Parti conservateur ont installé des clubs politiques dans toutes les universités de la province, à l’exception de l’UQAM.
Pour celui qui est aussi candidat pour le Parti vert dans la circonscription d’Outremont, il est primordial d’inviter les jeunes à aller voter le 21 octobre, car il s’agit du « meilleur moyen » d’exprimer leur mécontentement face au gouvernement en place. Il ajoute que cette élection les concerne plus que toutes les élections des dernières années. « Si les jeunes veulent être pris au sérieux par les partis traditionnels, ils doivent aller voter », affirme l’homme politique.
photos: FÉLIX LEBEL MONTRÉAL CAMPUS
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