Une directrice qui ne veut pas partir

Un changement à la direction du Département de science politique de l’UQAM révèle que l’ex-directrice, Carolle Simard, a refusé de respecter les décisions de sa propre assemblée départementale et s’accroche à la tête du Département.

Le 8 novembre dernier, une assemblée départementale se termine dans un certain remous alors qu’un vote de non-confiance tombe. La directrice, Carolle Simard, est acculée devant le fait. Elle a fait faux bond à son assemblée en ne défendant pas une position votée précédemment. La directrice a présenté aux hautes instances de l’UQAM un argumentaire discréditant la nécessité d’obtenir un nouveau poste de professeur en pensée politique.

Cette demande avait pourtant été clairement énoncée par les membres par un vote fortement majoritaire. Le corps professoral tente depuis 2012 de faire valoir l’importance du nouveau poste.

Après le vote de non-confiance, la directrice s’est levée et a annoncé sa démission. L’assemblée a rapidement officialisé son départ et a élu sur-le-champ un directeur intérimaire, Alexander Macleod. 

Le 22 novembre, la démission de la directrice du Département de science politique de l’UQAM, Mme Carolle Simard, était confirmée par le vice-recteur à la Vie académique, René Côté. Alexander Macleod, nouveau directeur intérimaire, est nommé rétroactivement le 8 novembre 2017, confirme-t-il.

Contactée par le Montréal Campus pour une entrevue, Carolle Simard semble lire différemment la situation. «Étant donné que je n’ai pas démissionné, votre demande d’entretien n’a pas lieu d’être», mentionne-t-elle dans un courriel daté du 29 novembre, soit sept jours après que René Côté ait confirmé sa démission.

Déroger aux volontés de l’assemblée

Carolle Simard a présenté à la Commission des études un contre-argumentaire discréditant la nécessité de créer un poste en pensée politique, confirme le nouveau directeur intérimaire, Alexander Macleod. L’assemblée aurait par la suite émis un vote de non-confiance envers la directrice, lui demandant «d’en tirer les conclusions raisonnables pour rétablir un climat de confiance», tel qu’écrit dans le procès-verbal de la réunion du 8 novembre dont l’Union libre a obtenu copie.

Le lendemain, Mme Simard a ramassé ses effets personnels et a quitté son bureau de direction, saluant certains collègues. Elle s’est rendue à Tunis pour dix jours de congrès, confirme le directeur intérimaire, M. Macleod.

À son retour, elle aurait continué d’agir à titre de directrice, continuant de signer certains papiers, a confié au Montréal Campus une employée de soutien qui travaille au Département de science politique. Cela aurait créé une certaine confusion au sein du corps professoral. Lorsque Mme Simard a convoqué une réunion, un professeur a refusé d’y participer, ne la reconnaissant plus comme sa supérieure légitime, renchérit l’employée qui a préféré garder l’anonymat.

Bisbille autour d’un poste d’enseignement

Dans le document présenté à la Commission des études, un contre-argumentaire souligne qu’un nouveau poste en pensée politique «ne serait pas un choix optimal» et que « les professeurs actifs se disputent déjà les deux cours obligatoires ».

L’Assemblée départementale entend de son côté que le départ de deux professeurs en pensée politique aurait «diminué la capacité du Département à s’assurer que la majeure partie des cours en pensée politique soit donnée par des professeurs.» La popularité grandissante de ce champ d’études est également soulignée.

Pour le responsable de l’information du Syndicat des employées et employés de l’UQAM, Alain Roy, l’ex-directrice aurait mené à un certain climat de tension entre la directrice et les employés. Le responsable va mentionne que Mme Simard est «en guerre avec ses propres employés et ses collègues [et que] c’est souvent la même chose au niveau des employés de soutien».

Des ententes à refaire

Tous les papiers signés par la main de la directrice entre le 8 et le 22 novembre devront être contresignés par le nouveau directeur intérimaire ou par deux mandataires légitimes du Département, affirme le directeur intérimaire.

Carolle Simard reste à l’heure actuelle professeure au Département de science politique où elle enseigne l’administration publique. Lorsqu’un professeur se voit attribuer des fonctions administratives et de direction, il bénéficie d’un droit de dégrèvement et peut ainsi cesser ou diminuer sa charge d’enseignement.

Par la perte de son poste de directrice, Mme Simard devra recommencer à enseigner le nombre de cours exigé normalement. Elle ne pourra pourtant pas donner son cours à la maîtrise l’hiver prochain puisque celui-ci a été annulé, faute d’inscriptions suffisantes.

Un poste toujours inexistant

Puisque l’ouverture du poste de professeur en pensée politique a été refusée par la Commission des études lors du dernier tour d’évaluation des demandes, le Département devra prendre position à savoir s’il tente à nouveau la création d’un tel poste.

Au printemps 2017, l’Assemblée départementale avait appuyé à très forte majorité une motion réaffirmant l’appui à l’ouverture d’un nouveau poste en pensée. Il est à noter qu’au cours des douze dernières années, une seule embauche a été effectuée en pensée politique, précise le rapport présenté devant la Commission des études.

L’association étudiante des cycles supérieurs en science politique (AECSSP) avait pris position en 2012 afin de souligner l’importance d’ouvrir un poste en pensée politique, une position qui n’a pas changé depuis, confirme la responsable des communications de l’AECSSP, Charline Robert-Lamy. Elle souligne également, en son nom personnel, qu’un manque est à combler pour ce qui est des offres de cours en études féministes.

En ce qui a trait à la direction départementale, une nouvelle figure dirigeante devrait être élue le 17 janvier prochain. L’actuel directeur intérimaire, M. Macleod, ne se présentera pas comme candidat.

 

photo: MICHAËL LAFOREST MONTRÉAL CAMPUS

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