L’annonce du déplacement de l’ambassade américaine israélienne vers Jérusalem par Donald Trump a mené à une levée de boucliers sur la scène internationale, mais aussi locale. Entre slogans, drapeaux et police antiémeute, plus de 300 personnes ont encerclé le consulat américain à Montréal le 8 décembre dernier pour démontrer leur mécontentement.
Vers 13 h, une centaine de personnes se sont amassées pour écouter des discours décriant la décision de Trump, l’inaction du gouvernement Trudeau dans le dossier et les souffrances du peuple palestinien. La manifestation est organisée par les groupes pro-palestiniens de toutes les universités montréalaises, dont le groupe Solidarité pour les droits humains des Palestiniennes et Palestiniens de l’UQAM.
Des pancartes telles que « Dump Trump » ou « Hands off Jerusalem » sont brandies, certaines pourfendant aussi Justin Trudeau. C’est dans un élan kafkaïen que les interlocuteurs s’échangent la parole, usent du porte-voix et témoignent de leur engagement et réagissent à l’annonce américaine.
« C’est un jour triste pour la paix, on bafoue le droit international. Il n’y a plus de solution viable qui peut tenir après ça. Les États-Unis viennent d’ouvrir une boîte de Pandore, c’est fini pour la paix », témoigne Ismaïl, un militant présent sur place pour la marche.
Une décision historique
C’est par Twitter que le président Trump a reconnu la ville de Jérusalem comme faisant partie intégrante de l’État d’Israël et, par conséquent, l’imminent déplacement de l’ambassade des États-Unis de Tel-Aviv vers la ville triplement sainte.
Depuis l’occupation de Jérusalem-Est en 1967 par l’armée israélienne, la communauté internationale et les présidents américains n’avaient pas reconnu cette occupation, son annexion ou son statut de capitale.
Vers 15 h, la foule compte un peu plus de 300 personnes et des drapeaux non seulement palestiniens, mais aussi turcs s’agglutinent. « La Turquie est avec nos frères palestiniens, nous les avons encouragés et nous allons continuer à le faire jusqu’à la fin. […] Trump doit partir », témoigne Ajda, sexagénaire turque présente à la manifestation.
L’animosité est palpable et la foule tente d’investir le boulevard René-Lévesque en sens inverse de la circulation. Les policiers à vélo les en empêchent. La marche se poursuit jusqu’à la rue Bleury, et ce, toujours en sens inverse de la circulation. Les policiers sont animés, la circulation est complètement bloquée. Arrivés sur la rue Sainte-Catherine Ouest, les manifestants essaient d’occuper les rues connexes, mais quelques altercations surviennent avec les forces de l’ordre.
C’est à ce moment que l’antiémeute est déployée, escortant la manifestation et bloquant la circulation. Les bâtons télescopiques pas loin, ils ont menacé d’utiliser leurs lance-projectiles en pointant la foule animée. Encerclé par l’antiémeute, le groupe de manifestants retourne devant les bureaux du consulat pour scander et chanter en soutien à la cause palestinienne.
Tarek, militant de longue date, confie : « Que fait Trudeau, que fait le gouvernement libéral ? Rien, encore rien pour défendre les droits des Palestiniens. C’est une honte ! Le Canada doit faire quelque chose, mais il manque encore à l’appel. Nous sommes encore la risée à l’international ».
Pour le moment, le gouvernement libéral a réitéré que l’ambassade resterait à Tel-Aviv, mais sans pour autant se prononcer clairement sur le statut de Jérusalem, laissant ce flou comme étant une potentielle source d’un mécontentement décriée par plusieurs lors de la manifestation.
C’est vers 16 h, sous le froid, la neige, les manifestants rentrent bredouilles dans leur quotidien. Le cœur gros, les mains gelées, la manifestation se termine dans le calme bien que les esprits restent préoccupés.
photo: MARTIN OUELLET MONTRÉAL CAMPUS
Laisser un commentaire