«Peer Gynt» : À la rencontre de l’imaginaire scandinave

À la recherche d’aventure et d’amour, le jeune fanfaron qu’est Peer Gynt fuit son village natal et croisera sur son chemin à travers le monde entier différentes embûches qui le rapprocheront de plus en plus de ce qu’il est véritablement : un menteur. La compagnie du Théâtre de l’Opsis rend un hommage coloré et honnête au conte folklorique scandinave Peer Gynt.

Le comédien et metteur en scène Olivier Morin présente au Théâtre de Quat’Sous  jusqu’au 19 février cette pièce bon enfant. Ayant travaillé sur des projets comme Clotaire Rapaille, l’Opéra RockL’assassinat du président ou encore Série Noire à la télé, il était l’homme de la situation pour surmonter l’insolite défi que représentent les centaines de personnages d’Henrik Ibsen et les mille lieux que le protagoniste visite. En fusionnant réalisme, rêveries, bouffonneries et féérie, Olivier Morin nous offre cette nouvelle adaptation complètement folle de Peer Gynt, remplie de personnages inquiétants ou loufoques, qui nous fait tout simplement oublier le temps.

À la recherche de soi

L’auteur de la pièce, le dramaturge norvégien Henrik Ibsen, campe sa recherche constante de l’identité à l’intérieur du personnage de Peer Gynt dans cette pièce mi-fable, mi-théâtre qu’il a écrite en 1867. En effet, le plus grand mensonge du personnage principal réside dans sa prétention à vouloir être authentique à lui-même.

On aime et on déteste le héros, interprété par Guillaume Tremblay, car il est insolent et opportuniste, mais tout autant enjôleur et rigolo. Nous suivons le personnage, aux ambitions aussi démesurées que l’ampleur de ses mensonges, qui poursuit son rêve de devenir roi, empereur ou prophète. Il court carrément après l’illusion du bonheur éphémère, que ce soit la beauté d’une femme ou la possibilité de raconter l’une de ses histoires abracadabrantes à dos de renne volant pour épater la galerie. Comme le metteur en scène le dit en entrevue avec le Théâtre de l’Opsis, « Peer Gynt est prêt à être le roi de tout et n’importe quoi juste pour être le plus fort, mais ça fait de lui le roi de rien. »

L’esprit du détail

Les costumes de Julie Breton sont simples et efficaces : aucun détail n’est laissé pour compte, ce qui facilite vraisemblablement les changements en coulisses. Les sept comédiens de soutien interprètent plusieurs rôles à la fois et doivent se transformer en quelques secondes seulement. La justesse du jeu et la polyvalence de ces derniers, qui incarnent chacun six personnages tout au long des deux heures que dure la pièce, sont épatantes.

Le décor d’Olivier Landreville est simplement composé de quatre immenses panneaux de lambris de bois naturel et d’une gigantesque toile où les éclairages et les projections de Marie-Aube S-A. Duplessis créent une ambiance qui évoque tantôt une nuit brumeuse, tantôt un doux matin ensoleillé. Les panneaux, eux, se transforment parfois en sombre forêt, d’autres fois en dunes ou en sinistre coque de bateau. En mélangeant à quelques moments des voix angéliques, on ne peut que souligner le travail derrière la magnifique conception atmosphérique et sonore de Peer Gynt.

Le seul point faible de la production se trouve dans l’écart dans la justesse du jeu entre les comédiens de soutien et Guillaume Tremblay (Peer Gynt). Les phrases du personnage principal tombent souvent à plat et ses intonations sonnent faux, tandis que le reste de la distribution brille sous tous les angles. Peut-être que cette légère maladresse de la part de Tremblay est un choix d’interprétation pour servir les fourberies du héros, mais sa performance n’est pas des plus étincelantes. Évidemment, tous les autres éléments réussissent à nous tenir en haleine sans relâche tout au long du spectacle.

Bref, cette production de la compagnie de l’Opsis incarne toutes les raisons pour lesquelles nous allons au théâtre : nous faire voyager, oublier le temps, rire un bon coup et rêver avec nos cœurs d’enfant l’espace d’une soirée.

Note: 4/5

La pièce Peer Gynt est présentée au Théâtre de Quat’Sous jusqu’au 19 février.

 

Photo: MARIE-CLAUDE HAMEL

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