Souvent, les opportunités nous tombent dessus sans qu’on s’y attende.
C’est un peu ce qui est arrivé au groupe franco-ontarien Pandaléon lorsqu’il s’est vu offrir de faire la première partie des Hôtesses d’Hilaire au Lion d’Or, dans le cadre de Coup de cœur francophone, la veille du spectacle. «Il y a peu de formations avec lesquelles on est vraiment ami dans l’industrie, mais avec eux [Hôtesses d’Hilaire] c’est autre choses On est loin en fait de distance géographique, mais on est très proche du cœur», avoue Frédéric Levac, chanteur de la formation.
Cette relation particulière, on la voit dès que les deux groupes sont ensemble. Dans la loge du Lion d’Or, ils se taquinent, se volent des Red Bull, cette boisson qui «transforme les gens en brocoli dans la poêle», comme l’expliquent si bien les membres de Pandaléon.
Les trois membres du groupe s’aiment d’amour. En effet, deux d’entre eux sont des frères, mais Marc-André Labelle n’est pas laissé en reste. Réunis grâce à la poutine nocturne du «truck stop entre Ottawa et Montréal» dans lequel le guitariste travaillait, ils jasaient de rock et de musique alternative. «On s’est rencontré en 2009-2010, on a jammé, puis ça a fonctionné», confie Jean-Philippe Levac. Depuis, la chimie qui les unit a permis au groupe d’évoluer, toujours dans ce rock planant.
Même si c’était la première fois que Pandaléon faisait deux spectacles dans la même soirée à Montréal, rien ne laissait paraître un quelconque stress de la part du groupe avant leur entrée sur la scène du Lion D’or. «Pourquoi on serait stressé ? C’est la partie agréable d’être musicien. On est des trippeux, si on n’a pas envie de faire un show, pourquoi on le ferait ?», justifie Frédéric Levac.
Soirée occupée à Montréal
Vers 20h, le trio saluait la petite foule présente avant de démarrer sa prestation. Ce qui percute lorsqu’ils jouent ensemble, c’est la qualité des arrangements sonores, notamment dans Brûler l’eau, une pièce tirée de leur prochain album à paraître le 26 janvier prochain. La fougue avec laquelle ils l’interprètent enveloppe l’auditeur et le pousse dans cet univers propre à la formation. 35 minutes plus tard, l’équipe technique et les musiciens fourmillaient sur la scène pour la vider de l’équipement du groupe afin de l’apporter directement au Divan Orange, où il assurait la première partie de Pawa Up First.
Arrivée au Divan Orange, après avoir tout embarqué dans son camion en 15 minutes, l’équipe réalise que la moitié de la scène est déjà prise par l’équipement du groupe qui suivra Pandaléon. Pourtant, rien n’empêche le trio d’offrir une prestation encore plus sentie que celle en début de soirée. À 22h10, les basses fréquences ont fait vibrer la salle alors que le groupe interprétait Amiante, une autre nouveauté. Que ce soit avec ou sans paroles, la musique de Pandaléon transporte des émotions fortes, qui poignardent le cœur de la foule. Tout se termine d’un coup et l’équipe s’empresse de ramasser à nouveau, pour laisser la place à Pawa Up First, sous les applaudissements des spectateurs qui,pendant 30 minutes ont suivi les rythmes des chansons en acquiesçant de la tête.
«On ne ferait pas ça si on voulait faire de l’argent. C’est tellement de trouble, d’incertitudes, mais on le fait parce qu’on aime jouer ensemble, et qu’on ne sait probablement rien faire d’autre», explique le chanteur.
Projets, projets, projets
Ce n’est pas par hasard qu’ils ont enregistré leur dernier album dans leur ancienne école primaire. Cette vieille bâtisse fermée depuis 15 ans a longtemps fait de l’œil aux frères Levac qui ont entrepris les démarches pour pouvoir l’acheter, «puis on s’est réveillé un matin en réalisant qu’on avait pas d’argent pour le faire», révèle Frédéric. À défaut de la posséder, ils ont réussi à l’emprunter le temps d’enregistrer une quinzaine de pistes. Clé en main, les membres du groupe et leur technicien du son ont n’ont pas qu’enregistré leurs morceaux dans l’enceinte, ils y ont littéralement vécu pendant 5 semaines consécutives, avec tous les pépins de commodités que ça implique. «On n’avait pas d’eau courante, il fallait aller en chercher dans le gros conteneur d’eau qu’on avait apporté avec nous dès que l’on devait faire la vaisselle, aller à la toilette…», avoue les membres du groupe en riant.
Dans leur nouvel opus, les membres abordent des thèmes qui ont façonné qui ils sont aujourd’hui. Oui, il y est question de leur enfance, mais ça ne tourne pas qu’autour de ça. Frédéric Levac explique que ses chansons, il les a écrites parce que c’était le moment de le faire, qu’il était maintenant mûr pour aborder ces sujets, qu’il n’aurait pu le faire il y a quelques années. Bien que la majorité des chansons étaient écrites lorsqu’ils sont arrivés dans l’école, certaines ont été remodelées lors de l’enregistrement, d’autres carrément oubliées. «Ce sont des histoires que je raconte finalement, sans devenir un chansonnier. C’est abstrait, c’est poétique, c’est dit avec un langage brut», raconte-il.
Rappelons que le groupe sortira son premier album le 26 janvier 2016.
Photo : Julien Lavoie
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