Sous les regards attentifs d’une trentaine d’étudiants et l’oeil averti d’une poignée d’agents de sécurité, l’espace d’éducation populaire a été officiellement lancé sur fond d’austérité et de grève «sociale».
Dans le cadre d’une nouvelle université alternative qui se tiendra entre les murs de l’UQAM au cours des prochains jours, l’agora du pavillon Judith-Jasmin sera l’hôte de divers «cours» dispensés par des intervenants issus du milieu universitaire. Les «élèves» présents seront invités à soumettre des questions aux «enseignants» pour qu’ultimement un dialogue s’en dégage. Chaque journée aura son thème respectif et sera composée de deux séances animées successivement par deux ou trois orateurs invités. Des enjeux tels qu’«austérité et éducation», «grève et lutte sociale» ainsi que «femmes et grèves» seront notamment abordés.
«La grève n’est pas terminée pour nous et nous souhaitons nous réapproprier symboliquement l’agora, a lancé d’emblée au micro l’une des protagonistes à la genèse de cette initiative, Marjolaine Deneault. C’est en quelque sorte une occupation de l’université.» À cet égard, selon les dires de son collègue, Toby Germain, le projet n’a pas reçu l’aval de l’administration uqamienne. «C’est quelque chose qu’on prend, qu’on fait par nous-même et qu’on porte vraiment sur nos épaules», témoigne l’étudiant en études littéraires.
Urgence d’agir
L’idée de mettre sur pied un tel projet émane de la volonté ferme d’une poignée d’étudiants, chargés de cours et professeurs issus de la communauté uqamienne de «se réapproprier l’université d’une manière positive et pacifique pendant la grève». L’espace d’éducation populaire est en réaction aux évènements survenus récemment qui ont secoué, à plusieurs égards, la maison d’enseignement du Quartier latin. Tel que stipulées par un court billet distribué en marge du lancement, les visées de cet espace d’éducation populaire sont d’exhorter la communauté universitaire «à reprendre [sa] place dans l’UQAM» alors que «l’administration et la direction de l’UQÀM tentent de saccager la mission première de cette université en marginalisant la culture militante dont elle est issue».
Inclusive, l’espace d’éducation populaire offre une programmation ouverte aux suggestions tous azimuts. Tel que l’a souligné Marjolaine Deneault lors de son allocution, le comité organisationnel du projet est toujours à la recherche d’autres intervenants alors que certains experts contactés tardent à fournir une confirmation expresse. «On aimerait continuer l’université populaire le plus longtemps possible» a par ailleurs déclaré l’étudiante en études littéraires, qui a «sollicité» du même souffle les personnes massées aux abords de la scène improvisée de suggérer thèmes ou intervenants pour peupler les séances des semaines ultérieures.
Le lancement s’est clos sur un bref discours inaugural du professeur au département d’études littéraires à l’UQAM, Michel Lacroix. «Cet espace d’éducation populaire sera tel qu’on le construira et l’habitera chacun à sa manière», a-t-il précisé pour ensuite réitérer en essence l’appel lancé précédemment par Marjolaine Deneault.
La première séance de l’université populaire a eu lieu le vendredi 17 avril. Le célèbre philosophe et professeur titulaire à l’Université de Montréal, Michel Seymour, a effectué un arrêt à l’espace d’éducation populaire afin d’entretenir les étudiants sur les conséquences de l’austérité dans les milieux d’éducation lors de la seconde séance de «cours». D’autres séances suivront.
Crédit photo: Alexis Boulianne
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