Rien ne va plus. C’est la crise à l’UQAM, tout le monde le dit mais personne n’y comprend rien. De l’extérieur, les journalistes qui travaillent trop vite font des raccourcis simplistes et brouillent les cartes. Quand on additionne en quelques jours les mots austérité, vote à main levée, grève, levée de cours, répression politique, sit-in et démission du recteur, difficile pour monsieur et madame tout le monde de s’y retrouver. Ce tourbillon d’informations mal agencées ne peut que projeter l’image d’un mouvement social désordonné.
Les médias ont perdu de vue le contexte dans lequel tout a pris feu à l’UQAM. Même les étudiants de l’École des sciences de la gestion, qui tentent de manifester leur désaccord quant à la casse qui a eu lieu le 8 avril au soir, sont incompris de Radio-Canada. Non, ils n’appuient pas le recteur, qui a appelé la police. Ils n’appuient rien, ils demandent un lieu d’éducation sain.
Tout comme les étudiants qui ont participé au sit-in. Les étudiants, professeurs et personnes de l’extérieur (qui qu’elles soient), ont protesté contre une intervention policière à l’intérieur de l’université. Ils demandent un lieu d’éducation sain.Oui, les actes de grabuge sont à condamner. On a porté atteinte à des locaux d’associations étudiantes et de services aux étudiants. Rien n’est plus ironique, mais là n’est pas le débat.
La démocratie étudiante et la liberté d’association sont menacées par les évènements qui s’accumulent depuis les Fêtes à l’université, en particulier par la menace d’expulsion d’étudiants militants et par l’injonction qu’a obtenue l’UQAM. La situation a tout d’un musèlement politique, mais ce que l’on retient, c’est que des étudiants cassent tout, et que d’autres intimident leurs collègues.
Pourrons-nous dans les prochains jours en tirer de vraies discussions sur la démocratie étudiante, alors que ce qui circule sur les différents réseaux, sites Internet, et ce que les télévisions diffusent ne reflète qu’un brouillon de la réalité dont nous sommes témoins, au Montréal Campus ?
Visiblement, ces discussions n’auront pas lieu en présence du ministre Blais, résolu à ne traiter que de la question de la sécurité à l’UQAM. Il a d’ailleurs lâché en conférence de presse qu’il ne reconnaissait pas le droit de grève des étudiants : l’histoire de notre université, du revers de la main balayée. Rien n’est acquis, sinon que de fesser dans le tas avec des injonctions.
Les grandes explications malheureusement nécessaires pour faire comprendre cette crise, dont la source est à la fois les menaces d’expulsions et le déroulement des levées de cours, ne viendront pas d’elles-mêmes. Puisque les médias de masse n’ont dépeint qu’un portrait grossier de la situation jusqu’à maintenant:
-Militants, levez-vous, et prenez par la main le journaliste qui tentera de comprendre ce qui se passe avant qu’il ne soit aveuglé, à la vue d’une machine distributrice éclatée.
-Non-militants, levez-vous et questionnez-vous sur ce qui vous attend, alors qu’aucun représentant étudiant ne siège désormais sur le conseil d’administration, rejetés pour leurs actions militantes.
Nous sommes de votre côté.
Catherine Paquette
Rédactrice en chef
montrealcampus@gmail.com
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