Pendant que l’UQAM redouble d’initiatives en vue de devenir la quatrième université verte au Québec, le secteur environnemental insiste sur une plus grande collaboration entre les facultés.
En bons ambassadeurs verts de l’Université, les contenants de triage se retrouvent partout, mais sont loin de montrer l’ampleur de ses avancées écologiques. L’UQAM s’est retrouvée à deux pousses d’obtenir la certification d’université verte auprès du Partenariat jeunesse pour le développement durable (PJDD). Polytechnique, l’Université de Sherbrooke et l’Université Laval ont déjà reçu la certification. L’UQAM ne l’a pas encore obtenue, puisque le programme du PJDD est présentement sur la glace, mais devrait revenir d’ici peu, selon la conseillère en développement durable à l’UQAM, Cynthia Philippe. Ce n’est qu’une question de temps, vu les initiatives de l’Université.
Pôle d’excellence en environnement depuis plusieurs années, l’UQAM a accueilli le premier Centre de recherche en éducation et formation relative à l’environnement et à l’écocitoyenneté (Centr’ERE) au Canada en 2012. «Des liens se sont tissés avec le temps entre les diverses organisations de l’UQAM et ça fait en sorte qu’il y a beaucoup d’initiatives de recherche, de centres ou de chaires qui dépassent les frontières des départements et des facultés», remarque le professeur à la maîtrise en sciences de l’environnement, René Audet. Le Centr’ERE offre à l’UQAM, par son partenariat entre des chercheurs du Québec, de la France et de la Belgique, un rayonnement à l’international. Par exemple, ECOMINGA Amazónica, projet entrepris en 2007, permet à l’UQAM d’échanger avec trois universités boliviennes afin de former des «écoleaders» communautaires.
L’Université est aussi un terrain de jeu pour des étudiants du pavillon des Sciences biologiques. Le bâtiment a en effet reçu la certification Leadership in Energy and Environmental Design (LEED) Argent pour ses normes élevées en matière de construction et d’aménagement durable. «On forme les étudiants en sciences de l’environnement. Il faut montrer que lorsqu’on fait de la construction, on peut poser des gestes clés en ce sens. C’est pour eux un bâtiment dans lequel ils peuvent expérimenter les notions vues en classe», soutient Cynthia Philippe. L’îlot voyageur devait également être érigé d’après les normes LEED. «Malheureusement, ça va prendre du temps avant que l’UQAM ait la chance de le construire», ajoute-t-elle.
Une initiative du secteur de développement durable de l’UQAM, le Fonds vert incite à l’implication étudiante par la soumission de projets qui suivent la politique environnementale. Avec un budget annuel de 100 000 dollars, le Fonds a permis à 12 projets étudiants de voir le jour depuis 2011. «Le comité institutionnel trouvait important de dynamiser la communauté en leur donnant cette opportunité de réaliser des projets et de les subventionner», ajoute Cynthia Philippe. Le Marché Fermier de l’UQAM est né l’an dernier grâce au soutien du Fonds vert. Foire de produits alimentaires locaux à ciel ouvert sur la Place Pasteur, il permet aux producteurs de vendre directement aux consommateurs sans verser d’argent au Marché. «Nous ne faisons pas de bénéfice. Ça permet donc aux producteurs de vendre moins cher que d’autres marchés», explique la chargée de projet du Marché fermier de l’UQAM, Caroline Raimbault. Le Marché Fermier travaille également de pair avec le Ras-le-bol pour les approvisionner de certains légumes à cuisiner.
La combinaison de plusieurs secteurs d’activités ou l’interdisciplinarité est devenue le cheval de bataille du Centr’ERE et de l’Institut des sciences de l’environnement (ISE). «C’est pas évident d’avoir des échanges entre les personnes issues des sciences naturelles, humaines et sociales. Ce n’est pas facile avec les comités administratifs de favoriser l’interdisciplinarité», déplore le responsable des communications du Centr’ERE, Félix Lebrun-Paré. D’ordre structurel, la présence des facultés a tendance à diviser les champs interdisciplinaires, selon lui. «On peut ainsi espérer que l’UQAM ajuste sa structure organisationnelle en fonction des demandes croissantes de la population universitaire, dont une forte voix étudiante, pour l’innovation institutionnelle en faveur du croisement des champs de savoirs des sciences naturelles, humaines et sociales», plaide le Centr’ERE.
Passer au bac vert
De pair avec Cynthia Philippe, l’ISE nourrit la réforme environnementale uqamienne en prenant part aux orientations et aux consultations à ce sujet. L’Université a dépassé son objectif de réduire son utilisation du papier de 20 % sur trois ans. En deux ans, sur une base volontaire et avec la collaboration des employés, l’UQAM a plutôt réussi à la réduire de 28 %. L’Université veut maintenant se tourner vers le compostage. Sous forme d’un projet pilote dans les cuisines de l’UQAM d’abord, il sera ensuite étendu à l’ensemble du territoire uqamien. «On aimerait bien que Montréal puisse construire son centre de compostage. Malheureusement, ils n’ont pas choisi de lieux stratégiques. On va quand même bouger sans attendre la Ville de Montréal», promet Cynthia Philippe. Si les murs ne passeront pas du brun au vert du jour au lendemain, les changements eux, sont tout de même présents dans l’air.
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