Le SETUE donne le go aux négos

Le 2 avril dernier, soit quatre mois après l’échéance de sa convention collective, le Syndicat des étudiants employés de l’UQAM (SETUE) a entamé une première ronde de négociations avec l’UQAM. Des échanges qui devraient se poursuivre jusqu’à l’automne prochain.

Longtemps considéré comme le syndicat des étudiants travailleurs avec les pires conditions de travail au Québec, le SETUE a mis cartes sur table devant une équipe de négociateurs désignée par l’UQAM pour travailler à une nouvelle convention collective. Sans concession en ce qui concerne ses acquis, le SETUE a placé la notion de propriété intellectuelle des auxiliaires de recherche ainsi qu’un nombre plus élevé d’heures offert aux auxiliaires d’enseignements au centre de ses priorités.

Aux prises avec plusieurs points de discorde, les travailleurs étudiants ont insisté dans leurs négociations pour parler des coupes dans les budgets d’heures de correction. Ces coupes n’affectent pas seulement les étudiants qui veulent obtenir plus d’heures de travail, mais également les professeurs. Malgré les hausses salariales, les contrats de correction sont passés de 60 à 45 heures en 2010, un an après la signature de la précédente convention collective. «Comme auxiliaire d’enseignement, on n’est pas supposé faire tout le travail de correction des professeurs, mais de les appuyer afin de les libérer», fait valoir le responsable aux affaires externes au SETUE, Thomas Lafontaine. Il explique que dans certains cas, des professeurs n’ont pas assez d’heures à donner, alors ils doivent payer les étudiants au noir, notamment en pigeant à même les budgets de recherche. À d’autres occasions, certains professeurs vont jusqu’à engager des travailleurs autonomes sous leur propre responsabilité. D’autres font corriger les travaux par des correcteurs hors de l’UQAM, une pratique illégale selon la convention collective. «Quand ils sont rendus à donner de la correction de travaux à quelqu’un qui n’est pas à l’UQAM, c’est parce qu’il y a des insuffisances importantes à l’intérieur», laisse tomber Thomas Lafontaine. Le SETUE demande donc un budget d’heures de travail en fonction du nombre d’étudiants afin que l’UQAM cesse de diminuer le nombre d’heures par employé. «Augmenter les salaires, mais diminuer les heures, c’est une stratégie que l’on retrouve ailleurs aussi», soutient la membre du comité de négociation du SETUE, Shanie Morasse.

Le SETUE réclame également des droits à la propriété intellectuelle pour les étudiants travaillant en collaboration avec les professeurs. La présente convention n’oblige pas ces derniers à inscrire sur un rapport de recherche les noms des étudiants ayant collaboré à leurs études. «Pour certains, il y aura des crédits pour la collecte de données, pour d’autres non. On veut que dès le début du contrat ce soit clair entre le professeur et l’étudiant travailleur», explique Shanie Morasse. Étudiante à la maîtrise en science politique et ancienne agente de recherche, Marie-Ève Campbell croit nécessaire une refonte de la notion de propriété intellectuelle. «Ça devrait être obligatoire du moment où tu travailles à partir de travaux de recherches qui ont été produits par des étudiants. La reconnaissance va à la prof, alors que ce n’est pas elle qui s’est tapé 100 heures de recherches. Je trouve ça un peu injuste», lâche l’étudiante.

Le SETUE a également effectué un travail en amont auprès du Syndicat des professeurs de l’UQAM (SPUQ) et du Syndicat des chargés de cours de l’UQAM (SCCUQ). Des rencontres qui ont permis au SETUE de présenter ses revendications aux autres syndicats uqamiens afin d’obtenir un consensus des parties impliquées dans les enjeux qui préoccupent le SETUE. «On l’a fait parce qu’on ne voulait pas que l’UQAM monte les syndicats les uns contre les autres, mais aussi pour ne pas qu’au moment de négocier, ils viennent dire que tel syndicat ne serait pas content», souligne Thomas Lafontaine. Le SETUE est également soutenu par quatre associations étudiantes. Pour l’Association facultaire étudiante des sciences humaines (AFESH), une solidarité intersyndicale est primordiale. Des membres de l’AFESH ont défilé lors de récentes manifestations internes du SETUE afin d’apporter leur soutien aux étudiants travailleurs. «C’est important de ne pas se laisser tomber parce qu’on est deux groupes qui représentent des personnes qui travaillent ou qui étudient à l’UQAM. Surtout que les conditions de travail ne sont pas toujours top shape, donc je pense que c’est important de se tenir les coudes serrés», soutient le secrétaire aux affaires académiques de l’AFESH, Etienne Lavigne.

L’UQAM prend présentement connaissance des documents déposés le 2 avril dernier. La partie patronale n’a, pour l’instant, pas encore présenté de cahier de charge au syndicat. Selon Shanie Morasse, les revendications de l’Université n’excèdent souvent pas plus de quatre lignes. L’UQAM, plutôt réactionnaire, se retrouve peu à l’offensive dans ce genre de situation. «Ils vont vouloir le contexte de chaque revendication, ils vont donc poser des questions après l’avoir lu. Il va falloir se battre pour chaque petit point», estime-t-elle. De son côté, l’Université affirme que les membres du SETUE continuent actuellement de profiter de leurs conditions de travail. «Pour ne pas nuire au processus de négociations en cours avec le SETUE, l’UQAM ne commentera pas davantage la situation», a affirmé la porte-parole de l’Université, Jenny Desrochers. Le processus promet d’être très long. Selon le SETUE, cinq réunions sont prévues jusqu’en juin, et reprendront ensuite à l’automne.

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