Des milliers de manifestants, dont une majorité de familles musulmanes et sikhes ont exprimé leur désaccord avec la Charte des valeurs québécoises dans les rues de Montréal ce samedi.
Sous les slogans «Oui à l’inclusion», «valeurs péquistes, valeurs racistes» ou encore «Marine (Le Pen), Pauline, même combat», ces Québécois ont serpenté le centre-ville de Montréal dès midi pour faire valoir leur point de vue.
«Nous manifestons pour permettre aux minorités religieuses d’accéder à la dignité du travail», s’écrie l’organisateur de la mobilisation, Adil Charkaoui. La démonstration politique a également réuni des membres de la communauté chrétienne, des militants de gauche et d’extrême gauche. Une chanson anti-charte a donné le ton à cette marche d’ambiance festive, malgré la controverse. «Je suis venu défendre nos droits, soutient une participante, Amina Seid. La Charte va faire reculer les libertés des femmes.» D’un avis partagé, un manifestant, Denis Medis Duchêne appuie la quasi-totalité de la Charte sauf quant au port d’objets ostentatoires. «Je suis bien d’accord avec l’idée de baliser les accommodements, déclare ce père de famille. Par contre, je ne veux pas que mon garçon soit ostracisé s’il décide de porter des symboles religieux plus tard», dit-il. Tout au long de l’évènement, les manifestants ont lancé plusieurs appels à l’unité.
Si la foule a attiré de nombreux sympathisants, plusieurs personnes ont laissé entendre leur désaccord. «Nous sommes trop tolérants. Ce n’est rien d’enlever le voile, on ne leur enlève pas leur emploi», s’irrite un observateur retraité qui n’a pas voulu révéler son identité. Une pancarte «la réflexion plutôt que la foi» à la main, un contre-manifestant s’est attiré les huées des marcheurs. «Je crois que les signes religieux ne devraient pas se retrouver dans le milieu public, peu importe la fonction», affirme un autre curieux, l’athée Michel Loffredo.
Une opposition planifiée
Le porte-parole du Collectif québécois contre l’islamophobie, Adil Charkaoui, assure la continuité du mouvement. «Cette manifestation n’est que le début. Nous allons faire plusieurs autres manifestations. Nous irons devant les tribunaux pour contester cette Charte.» Plusieurs refusent d’évoquer l’application de la Charte. «Le Québec respecte les droits de la personne, affirme une surveillante de service de garde, Mageda Naji fière québécoise depuis plus de 40 ans. Avec la Charte, il perd cette ouverture d’esprit qui attire les immigrants.» Amina Seid, une des musulmanes présentes à la marche, affirme qu’elle déménagerait en Ontario advenant l’entrée en vigueur de la Charte des valeurs québécoises. Après trois heures de marche, la manifestation s’est achevée à la Place du Canada.
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