Pour la troisième année consécutive, l’Association des étudiants de l’École des sciences de la gestion (AEESG) participe aux cinq jours pour l’itinérance. Jusqu’au 15 mars, des étudiants en gestion troquent leur mode de vie habituel pour celui des sans-abris de la métropole. Vêtus de chandails de couleur orange, ils ont déjà dépassé de plusieurs centaines de dollars leur objectif de 1000$, qui ira à l’organisme La maison du père.
Presque à la fin de l’aventure, ils sont quatre à quêter aux portes de l’École des sciences de la gestion (ESG), sur la rue Sainte-Catherine. Emmitouflés dans des sacs de couchages et assis sur de simples morceaux de carton, ils ne peuvent ni se laver, ni s’acheter de la nourriture par eux-mêmes. «Si tu as de la nourriture c’est parce qu’on te l’a donnée, parce que quelqu’un t’a fait un don ou tu l’as trouvée», explique le vice-président aux affaires de l’AEESG, Teddy Atchigue. Les téléphones cellulaires sont aussi proscrits pour empêcher tout contact sur les réseaux sociaux.
Une, deux, ou même cinq nuits, les étudiants décident du temps qu’ils souhaitent vivre la réalité des sans-abris. «Cette année on a quand même réussi à mobiliser grosso modo sept personnes par nuit», s’étonne fièrement le vice-président. Les soirées froides passées sous le ciel de Montréal sont bien encadrées, et les participants ne sont pas laissés à eux-mêmes. Le campement, situé à l’arrière de la cour Sanguinet, est voisin d’un poste de sécurité.
Après une nuit passée sur des cartons, Sabrina, étudiante de l’ESG, ressent déjà des maux de dos. «On réalise que ce n’est pas facile pour un itinérant qui a passé l’hiver dehors, appuie un troisième participant, Dérek Nolet. J’ai beaucoup plus de respect pour les itinérants aujourd’hui que j’en avais hier.»
Les quatre participants bravant le froid devant l’UQAM s’entendent pour dire que leur statut d’étudiant et leur association à un organisme leur a permis d’obtenir une réponse favorable de la part du public. En campant devant le centre Bell, ces sans-abris au chandail fluo avaient amassé à la fin de la soirée 300$ dans un seul pot. «Il y a du monde ingrat, réalise toutefois Sabrina Richard qui admet avoir déjà eu une attitude blasée envers les itinérants. Certains passent sans même nous regarder, sans même nous souhaiter bonne journée.»
Si Teddy Atchigue s’enthousiasme de l’affluence sur la page Facebook de l’évènement, il admet que le projet ne fait pas l’unanimité. «Il y a des itinérants qui réagissent mal et qui croient qu’on prend leur argent, se désole-t-il. Certains étudiants disent aussi qu’on joue un rôle, qu’on se déguise.» Des itinérants ont tout de même donné temps, nourriture et conseils pour soutenir les étudiants qui se prêtaient à l’exercice. «Hier, avant le match des Canadiens, ils ont prêté une radio pour que les étudiants suivent le match.», raconte-t-il, amusé et persuadé que l’évènement prendra de l’ampleur.
Crédit photo: Melissa Des Groseilliers
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