Il m’arrive souvent de procrastiner sur les Internets avant d’écrire mon éditorial. Souvent, je me mets à regarder des trucs drôles, ça me retarde, je panique, je bois du café, je me couche tard et je m’en veux terriblement le lendemain matin d’avoir perdu mon temps sur Spotted : UQAM ou UQAM memes.
Cette fois-ci, par contre, une publication du journal The Gazette a attiré mon attention. Il s’agit de l’article «McGill’s reputation tumbles in 2013 World Reputation Rankings», paru le 5 mars 2013. En gros, l’Université McGill est passé du 25e au 31e rang mondial des établissements de ce monde selon Times, perdant ainsi son statut de «Harvard of North». Explication possible ? La crise étudiante.
Mais tout d’abord, une tranche de vie. J’ai gradué du Collège Dawson et je suis une fervente militante du libre choix quant à la langue étudiée dans les institutions post-secondaires. Je n’aime pas comparer les anglos et les francos et déverser ma haine avec des arguments basés sur la langue. Qu’on ne m’accuse pas de pointer McGill du doigt à cause de la langue de l’institution.
Voilà.
La situation est différente. On s’en remet à des opinions subjectives – l’article le précise, le classement se fait principalement selon la perception de 16 000 experts – pour s’apitoyer sur son sort et blâmer les grévistes d’avoir fait perdre le statut «élitiste» de l’unique université québécoise au palmarès.
First, McGill n’est pas la seule à avoir descendu dans l’estime de certaines têtes bien-pensantes. L’Université de la Colombie-Britannique est elle aussi passée de la 25e à la 31e place. Et elle n’a pas connu une grève étudiante historique, just sayin’. L’éditeur du classement de Times blâme plutôt «l’approche hautement égalitaire» que prônent les universités canadiennes.
Second, selon ses observations – qui concordent avec la position de la Coalition avenir Québec – le Canada devrait favoriser la compétition entre universités, bref, entretenir un système à deux vitesses. Au Québec, du moins, nous avons fait le choix de demander les mêmes droits de scolarité à tout le monde. Quiconque le désire peut devenir médecin ou sociologue pour sensiblement le même coût, avec ou sans indexation.
L’Université de Toronto devrait plutôt être notre modèle à suivre, si l’on se fie au principal intervenant de l’article. Au beau fixe avec son 16e rang, l’institution la plus près de Harvard (1ère place, comme à son habitude) demande au moins 5 450 $ en frais de scolarité par année et un minimum de 1 000 $ en frais afférents. Ça augmente vite, toutefois. Une année en droit pour la cohorte 2012 coûterait 27 420 $. Et le MBA de deux ans ? 41 258 $.
Au moment de mettre sous presse, McGill n’avait pas commenté l’affaire. Mais la rectrice Heather Monroe-Blum a déjà clairement signifié qu’elle souhaite un changement radical dans la manière de financer les universités québécoises sans quoi leur classement mondial en serait grandement affecté.
Si l’on est rendu à justifier une légère baisse dans un palmarès par un éveil politique d’une génération, c’est ne pas avoir les priorités à la bonne place selon moi. Il n’est pas question de simplement se la fermer et remonter docilement dans le palmarès de Times, alors qu’on a le loisir de s’exprimer en société, en contestation ou non.
Welcome to Quebec.
Catherine Lévesque
Rédactrice en chef
redacteur.campus@uqam.ca
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