Véritables compromis entre le corps professoral et les étudiants, les nouvelles ententes d’évaluation tendent à satisfaire tous les partis à l’UQAM, au grand dam des étudiants des autres universités.
Assise au fond de la classe, Florence Giroux, étudiante en travail social, participe à la renégociation de l’entente d’évaluation de son cours Déviance et marginalités. Habituellement propice à de grands argumentaires, cette scène routinière à l’UQAM ne donne cette fois pas place à des débats enflammés. En tenant compte de l’horaire doublé, le professeur a proposé de diminuer le nombre d’évaluations du cours, au grand soulagement de tous les étudiants. Malgré la charge de travail diminuée, tous balaient du revers de la main la notion de diplôme à rabais.
À L’UQAM, le règlement no5 stipule qu’une entente d’évaluation doit être signée entre professeurs et étudiants en début de session. Les deux partis doivent alors convenir des échéances des évaluations et de leur pondération. Dans le but de faciliter le travail de tous, la Commission des études de l’UQAM a suspendu, le 10 avril dernier, l’article du règlement exigeant la diversité des évaluations lors d’une session. Ainsi, les professeurs peuvent, pendant la session de rattrapage d’hiver 2012, baser leur note finale sur une seule évaluation.
Le mot d’ordre de l’administration était clair: respecter les objectifs de cours en restant flexible. «Une de mes profs a fait preuve d’ouverture en proposant deux modes d’évaluation», note l’étudiante en sociologie Marie-Lou Bernier. Même son de cloche pour Florence Giroux, qui est reconnaissante envers ses professeurs d’avoir tenu compte du temps restreint. Selon elle, les objectifs de cours seront atteints. «Ils ont raccourci la matière, mais l’essentiel du plan de cours sera vu», souligne l’étudiante.
Dans le corps professoral uqamien, l’expression «sauver les meubles» est sur toutes les lèvres. Si la session peut être bâclée pour plusieurs, elle ne demeure qu’une partie de tout un parcours académique, selon le professeur de sociologie, Rachad Antonius.
Du côté de l’institution, on croit fermement que ces ententes renégociées n’ont aucun impact sur la valeur de l’enseignement. «L’UQAM prend toutes les mesures appropriées pour offrir les services d’enseignement à la hauteur de ses standards académiques», a fait savoir par courriel la directrice par intérim des relations de presse, Jennifer Desrochers.
L’UdeM inflexible?
Impliquer les étudiants dans la prise de décision entourant les modalités d’évaluation est une pratique typiquement uqamienne. Elle s’inscrit dans la volonté de l’institution de démocratiser le processus d’évaluation. La situation est tout autre sur la montagne. L’Université de Montréal (UdeM) a prévenu d’emblée ses étudiants que le contenu de la session de reprise ne serait pas négociable. «Si le calendrier de rattrapage soumis par votre enseignant ne vous convient pas, vous avez cinq jours ouvrables pour abandonner votre cours avec frais», informait la direction de l’Université dans un courriel envoyé aux étudiants le 20 août dernier.
Malgré cette proposition, plusieurs professeurs ont tendu l’oreille aux doléances des étudiants qui plaidaient la surcharge de travail. «Je trouve important de faire preuve de souplesse, mais il incombe au professeur la responsabilité de choisir les évaluations», souligne le professeur en histoire de l’art et en études cinématographiques Olivier Asselin.
Son collègue au département d’histoire, Ollivier Hubert, pense autrement. «Je mets toujours le plan de cours en discussion, admet celui-ci, ajoutant que les étudiants sont parfois surpris de sa démarche.»
Étudiant en études cinématographiques à l’UdeM, Louis-Philippe Poirier a accueilli le plan de rattrapage de ses professeurs avec stupeur. «En général, mes profs ont peu ou pas réduit ma charge de travail», déclare l’étudiant débordé. Avec des travaux sur de la matière vue il y a plus de six mois, Louis-Philippe espère que la correction sera indulgente.
À l’Université du peuple, tous s’entendent sur une chose: l’adaptation aura été la clef du succès. «On ne peut pas raisonnablement demander aux étudiants de fournir la même contribution que dans une session ordinaire», convient le professeur en sociologie, Sid Ahmed Soussi. Malgré la situation inhabituelle, étudiants, professeurs et directeurs de programmes rencontrés par le Montréal Campus s’entendent pour dire que l’essentiel de la matière aura été transmis.
Illustration : André-Anne Mercier
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