«L’erreur des démocrates est de croire que leur vérité en soit une pour tout le monde, et force l’adhésion.» – André Suares
En mai dernier, Montréal Campus faisait état de deux votes tenus par l’Association des étudiants en droit de l’UQAM (AED) membre de l’Association facultaire étudiante de science politique et droit (AFESPED) qui décrétaient le retour en classe pour ses étudiants. Ces votes avaient alors provoqué, avec raison, une levée de boucliers de la part de l’AFESPED qui s’est assurée de ramener les futurs juristes dans ses sillons. Tout cela au nom de «l’inviolable» et «sainte» démocratie.
Lors de l’assemblée générale de l’AFESPED du 22 août dernier, les membres se sont prononcés à majorité pour retourner en classe. Pourtant, cette fois-ci, rien n’a empêché deux associations modulaires de l’AFESPED, l’Association étudiante du module de science Politique (AEMSP) et l’Association étudiante des cycles supérieurs de Science politique de l’UQAM (AECSSP) de tenir, les jours subséquents, de nouvelles assemblées générales sur la question. Celles-ci, peu connues des étudiants et donc tenues devant des salles peu bondées, ont voté pour la reconduction de la grève. Cette fois, les boucliers sont restés bien bas. Personne ne s’est porté à la défense du vote de la majorité de l’AFESPED.
Vérification faite, tout était dans l’ordre. L’AED ne pouvait pas contrevenir au mandat de grève décrété par son association facultaire. Par contre, il était possible pour l’AEMSP et l’AECSSP de tenir un vote de grève après le mandat clair émis par le vote à l’AFESPED. De quoi sérieusement ébranler la confiance des étudiants envers une démocratie étudiante qui met des œillères et favorise toujours les plus militants de ses membres.
Le blues du gréviste
26 août. Les effluves revendicateurs printaniers ont vite mué en vents chauds et humides de la belle saison. Les canicules auront eu raison des manifestations, des cris et des slogans. La fièvre printanière dissipée, la majorité des étudiants a voté pour un retour en classe. Prétextant la trêve électorale, plusieurs étudiants en mal de leur session, des bancs d’écoles ont succombé à la tentation d’une trêve électorale souhaitée aussi bien par le parti au pouvoir que par ses probables successeurs. «Lorsqu’il y a trêve, tous les camps doivent baisser les armes», écrivait avec sagesse Sarah Harper, étudiante à l’UQAM, dans les pages du journal Le Devoir le 14 août. Les étudiants auront vendu la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Tout pouvoir de négociation envolé le temps de brandir un carton de couleur bleu dans les airs. Oubliez la remobilisation postélectorale, le train est passé. Ça aura pris sept ans après la grève générale illimitée de 2005 pour convaincre les étudiants de retourner au combat.
En cette veille de retour en classe, le mercure du thermomètre qui gît sur ma fenêtre indique 30 degrés Celsius, comme si Dame Nature, n’avait pas compris qu’elle devait adopter ses parures d’automne, beaucoup plus familières aux rentrées scolaires. À l’instar de Mère Nature, je n’ai pas l’humeur au retour en classe. Ces six mois de grève étudiante m’auront laissé pantois.
Étienne Dupuis
Chef de pupitre UQAM
uqam.campus@uqam.ca
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