partout il fait sombre
sous un éternel tapis roulant de nuages
nos yeux se creusent à l’ombre de nos arcades
et ça souffre un peu partout
dans les racoins
comme dans les grandes artères
au milieu des tentes des manifestants
dans le tumulte où personne n’écoute
une crise de général
une crise générale
mais la chute achève
le vide approche d’être vide pour vrai
le gouffre a un fond
la fin des abîmes
c’est demain
un film pour enfin dire tout ça
un film essentiel
nécessaire dans l’urgence
un film lourd à porter
pas conçu pour être aimé
avec ses longs plans braqués sur la laideur
la laideur longtemps
un film qui cerne le vide en son tout
tout
le mal-être québécois
le mal-être occidental
le mal-être tout court
un cul-de-sac linguistique
une sexualité déréglée
un vide spirituel
une insensibilité inhumaine
Montréal à feu et à sang
habitée par des citoyens inhospitaliers
sorte de fantômes titubants
sorte de fourmis carnivores
qui dévorent l’asphalte
à défaut d’avoir autre chose de quoi se nourrir
un constat du contresens
un manifeste courageux
porté par des artistes sincères
un portrait d’un monde qui tourne contre sa nature
malgré tout
de la lumière
parce qu’elle existe
des poètes de chez nous
avec des mots plus beaux que les mots
une contemplation
et une question :
toi, ami de la nation
frère de la Laurentie
te lèveras-tu demain avec les idées claires
à la croisée des innombrables chemins
sauras-tu reconnaître duquel tu es arrivé
et trouver son prolongement dans la brume?
Laurentie, de Mathieu Denis et Simon Lavoie, Québec/Canada, 120 min.
En salles le 28 octobre.
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