Un pichet de rousse et une assiette d’ailes de poulet. C’est tout ce qui manquait sur la table de l’animateur-député André Arthur lors de la première de son émission quotidienne Le midi avec André Arthur à TQS, diffusée le mercredi 15 octobre dernier. Au lendemain des élections fédérales, l’homme recevait son grand ami Maxime Bernier. Une rencontre qui a rapidement pris l’allure d’une réunion complaisante entre deux amis réélus, trop occupés à se donner une bine de félicitations sur l’épaule pour se livrer à une entrevue rigoureuse, exempte de tout spin politique.
André a sorti son violon pour déplorer le fait que son ami Maxime a été «passé dans le tordeur de la manière la plus cruelle» lors des dernières semaines, pendant que Maxime lançait des fleurs à copain André en lui promettant d’être un «politicien branché» en l’écoutant tous les midis.
Le lendemain, un ami et collègue de longue date à la radio, Christian Thibault, arrive sur le plateau avec pas seulement des fleurs, mais des bonbons sucrés et une pleine boîte de chocolats (c’est une image, vous l’aurez compris). «J’ai été délicieusement étonné de l’émission d’hier», a-t-il dit avant de continuer sur une lignée de commentaires dithyrambiques à propos de son ami qui cumule maintenant 38 ans de métier.
Les oreilles m’ont frisé. Est-il possible d’être plus complaisant s’il vous plaît?
Apparemment, oui.
Pendant la même émission, le communicateur se permet une envolée – à pas plus de quelques pieds d’altitude – sur la censure dont il est victime. Car la quotidienne arthurienne est pré-enregistrée, question de laisser le temps à un avocat de donner son avis sur les passages susceptibles d’être jugés diffamatoires. Il en profite pour faire l’éloge de son ami (encore ?!?) caricaturiste Fleg, qui le dépeint avec le nœud papillon devant la bouche. L’inscription qui accompagne le dessin est la suivante : «La question était tellement percutante qu’elle a été censurée.»
Bon, André Arthur a des amis. Normal. Il s’en entoure pour lancer sa nouvelle émission quotidienne télévisée. Moche, mais explicable.
André Arthur est certes un communicateur doué et apprécié – surtout dans la Vieille Capitale –, mais il est aussi député indépendant de la circonscription fédérale Portneuf-Jacques-Cartier. Et il ne s’est pas gêné pour mentionner qu’il abordera les enjeux de sa circonscription en ondes. «C’est ma façon à moi de servir mes électeurs qui m’ont fait confiance», a-t-il lancé au cours de son émission. Une confusion entre les rôles de politicien et d’animateur d’une émission d’actualité qui a de quoi rebuter certains invités (surtout ceux qui ne sont pas ses amis), comme Christiane Gagnon, députée bloquiste réélue dans Québec.
Même le président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, François Bourque, a reconnu que le poste d’animateur du roi Arthur soulevait un enjeu éthique, même si légalement, il pouvait occuper les deux fonctions simultanément.
André Arthur n’est évidemment pas un journaliste, en tout cas pas au sens déontologique du terme. Mais il est ce qu’on peut appeler une «grande-gueule» (ou un «communicateur redoutable» selon les termes de TQS). De quoi attirer des cotes d’écoute à l’heure ou François Paradis s’insurge au nom des infirmières de Sainte-Justine sur les ondes du réseau compétiteur, tout en donnant l’impression de faire dans l’information.
Des qualités de bouffon
Complaisant certes, mais amusant à l’os, Arthur est un personnage déridant. Sur la question des Jos Louis que Maxime Bernier a apportés aux militaires canadiens à Kandahar, et je vous laisserai là-dessus, André Arthur, en plus de saluer l’initiative de l’ancien ministre des Affaires étrangères et du Commerce international comme un geste «amusant, génial, loyal [au comté de Beauce]», a ajouté son grain de sel. «Moi si j’y retourne [à Kandahar], ou si j’y vais, je me ferai accompagner du personnel du Folichon. Ça, ça va faire plaisir.» Le Folichon est un bar de danseuses nues de Québec.
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