Réforme du réseau UQ
Le tumultueux mariage de raison entre l’UQAM et le réseau de l’Université du Québec est sur le point de prendre fin, garantissant à l’Université du peuple une autonomie accrue. Mais plusieurs s’inquiètent déjà de la réforme proposée.
Après de nombreuses années à réclamer une plus grande autonomie, l’UQAM semble être sur le point d’obtenir ce qu’elle désire. L’Université du Québec (UQ) mène présentement une consultation auprès de ses membres au sujet d’une réforme possible du réseau. La proposition: diminuer les pouvoirs et responsabilités de l’UQ.
Présentement, l’UQ est dirigée par l’Assemblée des gouverneurs, qui comprend les neuf dirigeants des universités affiliées, huit représentants socioéconomiques, trois professeurs et deux étudiants. L’Assemblée doit entériner les décisions des Conseils d’administration de ses membres. C’est donc dire que le recteur de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue a son mot à dire sur les affaires de l’UQAM, une situation que déplore l’Université du Peuple depuis longtemps déjà.
La réforme proposée remplacerait l’Assemblée des gouverneurs par une Assemblée de l’Université, constituée des recteurs et chefs d’établissement affiliés à l’UQ, et qui n’aurait pas de pouvoir coercitif sur les membres, rendant les conseils d’administration locaux complètement autonomes.
L’UQAM n’est pas la seule institution à réclamer un nouveau statut. L’ensemble des dirigeants d’universités s’est entendu sur le projet de réforme actuel, qui est également appuyé par la présidente de l’UQ, Sylvie Beauchamp. Celle-ci a d’ailleurs fait parvenir le projet à la ministre de l’Éducation, Michelle Courchesne, le 3 septembre dernier. La ministre n’a toujours pas réagi ou commenté la réforme suggérée.
Consultation uqamienne
La Commission des études de l’UQAM a étudié la proposition le 15 septembre dernier. À l’unanimité, elle a accueilli avec intérêt le projet, tout en recommandant qu’une consultation soit lancée auprès des divers membres de la communauté uqamienne.
Le recteur de l’UQAM, Claude Corbo, a acquiescé à cette demande le 23 septembre en envoyant une série de documents aux doyens de chaque faculté, aux présidents des associations étudiantes et des syndicats de l’UQAM, aux vice-recteurs ainsi qu’à certains représentants de la TELUQ. Ceux-ci doivent émettre leurs recommandations au recteur.
Claude Corbo ne veut pas commenter la situation d’ici la fin de la consultation. Il a toutefois déjà pris position de façon très claire au début de l’année, dans son discours de la rentrée. Selon lui, le dossier de la réforme se résume à une seule question: «Notre conseil d’administration et notre Commission des études doivent-ils être décisionnels ou demeurer sujet à la sanction d’instances externes telles que l’Assemblée des gouverneurs ou le Conseil des études? Pour moi, l’UQAM doit être pleinement autonome et pleinement maîtresse de toutes ses décisions tant académiques qu’administratives.»
Si aucun des membres consultés interrogés par Montréal Campus ne s’oppose à une réforme du réseau UQ, certains éléments proposés alimentent cependant la controverse. Sur la ligne de tir, on retrouve la composition de l’Assemblée de l’Université. Le projet actuel mentionne exclusivement la présence au sein de celle-ci des dirigeants et recteurs, ce qui est loin de faire l’unanimité. Dans sa réponse au recteur, l’Association des étudiantes et étudiants du secteur de l’éducation (ADEESE) est catégorique: «même dans une UQ “format réduit”, les étudiants et les enseignants ont un rôle crucial à jouer. Dans la mesure où les décisions à prendre les concernent au premier chef, notamment en ce qui a trait aux programmes conjoints, leur présence et leur participation restent indispensables. En aucun cas de tels enjeux ne devraient être livrés entre les seules mains d’un groupe restreint d’administrateurs.» L’ADEESE a qualifié la présence d’enseignants et d’étudiants dans une future assemblée d’élément «préalable non négociable». Le syndicat des professeurs de l’UQAM a lui aussi exigé une représentation professorale et étudiante au sein de l’assemblée.
L’ADEESE s’inquiète également de la perte du poids politique des universités si la réforme actuelle venait à être adoptée. «Aussi louable soit-elle, l’autonomisation des universités du réseau, tout en favorisant l’élargissement de leur marge de manœuvre respective, risque d’affecter gravement leur représentativité politique et leur capacité de mobilisation conjointes. […] La compétition entre ses constituantes risque de prendre résolument le pas au détriment de la coopération.»
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