Paris perdu?

Bureau de l’UQ en France

À quelques pas de la Seine, à Paris, le bureau de l’Université du Québec devait aider ses membres à imiter le célèbre cours d’eau et s’ouvrir sur le monde. Sa fermeture après un an d’existence indique que le courant n’a vraisemblablement pas passé.

En collaboration avec Naël Shiab

De passage à Paris, Montréal Campus aurait bien aimé visiter le bureau de l’Université du Québec (UQ), inauguré sans tapage en mai 2008. Le directeur de la filiale parisienne, Georges Arcand, a cependant expliqué par courriel que ce serait impossible. «Je dois malheureusement vous informer que le bureau de l’UQ a fermé ses portes au cours de l’été dernier.»

Rue Jacob, là où se trouvaient les locaux, rien n’indique que l’UQ ait jamais été présente. Le préposé à l’accueil de l’Hôtel Angleterre, qui travaille depuis quelques années tout juste à côté de l’endroit où se trouvait le bureau de l’UQ, refuse de croire en son existence. «Tout près, il y a SciencesPo, la Faculté de Médecine, l’Université Descartes, l’École des sciences sociales, énumère-t-il d’un air moqueur. Mais l’Université du Québec, non. Jamais entendu parler. Vous vous trompez d’endroit, Monsieur. C’est un immeuble à logements à côté.»

Lors de la création du bureau parisien, Pierre Moreau, l’ex-président du réseau, vantait pourtant la visibilité qu’offrait un pied-à-terre à l’étranger pour l’UQ. La nouvelle filiale devait d’abord appuyer ses membres, dont l’UQAM, dans leurs stratégies d’internationalisation et renforcer les échanges avec les institutions françaises d’enseignement supérieur. «La mise en place de cette antenne du réseau de l’UQ à Paris a pour but de restaurer un équilibre dans les flux d’étudiants entre la France et le Québec», avait-il spécifié.

Le retour au Québec de Georges Arcand l’été dernier, seul employé permanent à avoir occupé l’établissement parisien, est survenu alors que certaines universités du réseau remettaient en cause la pertinence du projet. «Le bureau n’a pas été autant utilisé que nous l’avions évalué», admet Valérie Reuillard, directrice des communications de l’UQ. Les frais d’exploitation de la succursale à Paris s’élevaient à environ 200 000 dollars par année, excluant le salaire du directeur. Ce dernier effectuait à Paris plusieurs tâches qu’il aurait pu remplir en étant au Québec.

La démobilisation de Georges Arcand représente-t-elle un échec de la tentative d’internationalisation espérée par l’UQ?  «Hum… disons plutôt que c’est une… réorientation», hésite la directrice des communications. Selon elle, le bureau de la Ville lumière a permis de mettre en branle plusieurs collaborations sérieuses malgré sa courte existence. Les projets réalisés après un an sont en effet considérables. Parmi la liste: des partenariats entre les universités de l’UQ et des établissements français et tunisiens, une entente avec les Instituts universitaires de technologie française pour la création d’une passerelle dans les programmes de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) et de nombreuses rencontres avec des organismes internationaux.

L’UQAC prend la place

Malgré les réussites du bureau de l’UQ dans la ville de Victor Hugo, les projets de promotion et de collaboration internationaux n’ont pas répondu aux attentes. Les locaux, qui comprennent des salles de réunion, de classe et de conférence, ont finalement abouti entre les mains de l’UQAC. «Plusieurs établissements ont bénéficié du bureau, mais plusieurs n’en éprouvaient pas le besoin, explique Valérie Reuillard. Comme l’UQAC lui trouvait une grande utilité, elle l’a repris.»

L’UQAC, l’université canadienne qui offre le plus de cours à des étudiants étrangers dans leur pays respectif, élabore présentement un plan colossal de développement à l’international. «C’est un élément minime par rapport à nos projets, affirme Jean Wauthier, directeur du service des affaires publiques de l’Université saguenéenne. Le bureau apparaît toutefois comme un outil qui se rend de plus en plus indispensable.» Il note la commodité d’un espace spécialement désigné pour son Université. «C’est très pratique pour les réunions, beaucoup plus que de faire ça dans des chambres d’hôtel».

C’est donc l’UQAC qui assume maintenant les frais des locaux. «Globalement, c’est un projet qui ne coûte rien. Il s’autofinance et se rentabilise même», assure Jean Wauthier, sans fournir d’explications supplémentaires.

Pour l’UQAC, cette acquisition marque sa première entrée en scène en Europe, alors qu’elle possède déjà des  locaux en Afrique, en Amérique du Sud et en Asie. Jean Wauthier reste évasif sur les projets actuellement envisagés sur le Vieux Continent. «On a pour tradition à l’UQAC de ne pas parler de nos projets en cours, se justifie-t-il. On les dévoile une fois qu’ils sont réalisés, quand tout est signé.» L’UQ, de son côté, ne risque pas de se lancer dans d’autres inaugurations de bureaux en territoires étrangers prochainement, sans doute refroidie par la possibilité d’être confrontée à une «réorientation» comme celle qu’ont subie ses locaux à Paris.

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