Olga Hrycak, entraîneuse de l’équipe masculine de basket-ball de l’UQAM
Seule femme en Amérique du Nord à diriger une équipe universitaire masculine de basket-ball, Olga Hrycak compte bien mener les Citadins aux plus grands honneurs.
Photo Mathieu Dubois
Une horde de jeunes hommes arborent le bleu et blanc des Citadins au troisième sous-sol du Centre sportif de l’UQAM. La vingtaine de joueurs de six pieds et plus multiplie les dribbles, passes et lancers. Auprès d’eux, une femme, la seule du gymnase, jure quelque peu avec ses cheveux gris et ses larges lunettes. Lorsqu’elle a pris la tête des Citadins, en 2003, Olga Hrycak a franchi une barrière jusque-là insurmontable. Pour la première fois en Amérique du Nord, une femme devenait entraîneuse-chef d’une équipe masculine de basket-ball.
Depuis, la coach d’origine ukrainienne dirige, corrige et dicte la marche à suivre à des athlètes qui ont une tête de plus qu’elle. Malgré son statut unique, jamais elle n’a senti une différence dans l’attitude de ses joueurs. «Ce qui a beaucoup aidé, c’est mon expérience. Quand j’ai commencé à coacher des gars, ma réputation était déjà faite.»
Elle dispose en effet d’une feuille de route impressionnante. Ancienne joueuse des Carabins de l’Université de Montréal, Olga Hrycak a débuté sa carrière d’entraîneuse en 1967. Après un passage de huit ans au Collège Champlain de Saint-Lambert, elle a passé quinze ans à la tête des Blues du Collège Dawson. Quand l’UQAM est venue cogner à sa porte pour diriger le tout nouveau programme de basket-ball masculin, elle avait déjà remporté neuf championnats collégiaux AAA et six fois le titre d’entraîneuse collégiale de l’année.
Le joueur des Citadins Arthaud Plesius affirme que les membres de l’équipe ne sont pas ménagés même si leur entraîneur est une femme. «Je trouve même qu’Olga est plus tough envers nous que la plupart des hommes le seraient!» Le commentateur sportif des Citadins à CHOQ.FM, Alexandre Tourigny, en ajoute : «Si Olga a l’air d’une gentille madame, lorsqu’elle se fâche, que tu mesures six pieds huit pouces ou pas, tu écoutes et tu fais ce qu’elle te dit!»
Jusqu’ici, le succès semble au rendez-vous pour l’entraîneuse à la main de fer. Elle a mené l’équipe au Championnat universitaire canadien à Halifax en 2006. Les Citadins se classent présentement au premier rang québécois, à égalité avec les universités Laval et Concordia et participeront bientôt aux séries éliminatoires.
Un style agressif et explosif
Les méthodes d’Olga Hrycak s’avèrent très exigeantes pour les joueurs. «Elle mise surtout sur les qualités athlétiques des joueurs, leur vitesse, leur capacité à prendre les rebonds», explique Alexandre Tourigny. L’entraîneuse qualifie elle-même le style de jeu qu’elle préconise d’agressif et d’explosif. «J’aime quand le jeu bouge. Pour moi, le terrain de basket, c’est un terrain de course.»
Elle compte également beaucoup sur le travail d’équipe. «Pour réussir, on a besoin du leadership de tous les joueurs. On ne peut pas aller bien loin avec seulement le talent ou l’expérience, la chimie est essentielle.» Une approche qui influence grandement le style de jeu des uqamiens. «Les Citadins ont toujours évolué selon un concept d’équipe, observe Alexandre Tourigny. Ils ne misent pas seulement sur deux gros joueurs pour faire tous les points.»
«Ils ont les muscles, pourquoi pas les utiliser ?»
Olga Hrycak ne se contente pas de faire courir ou lancer les basketteurs. Très impliquée socialement, elle n’hésite pas à recourir à ses joueurs pour aider la communauté. «Il y en a qui ont participé à la guignolée dans Hochelaga, plus tôt cette année. On a aussi plastifié toutes les fenêtres de l’église de ma paroisse, et on a aidé une dame âgée à emménager en résidence. Je me dis qu’ils ont les muscles, alors pourquoi pas?»
Ce bénévolat s’inscrit dans sa philosophie générale du basket-ball. Pour elle, le sport est un excellent moyen d’éducation. «Les qualités que les employeurs recherchent, la coopération, le travail d’équipe, le leadership, le sens des responsabilités, tout ça ce sont des qualités qui peuvent s’apprendre sur un terrain de basket.»
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