C’est par une expérience muséale inédite, audacieuse et éclectique que les étudiant(e)s en histoire de l’art ont proposé vendredi soir une découverte de leur savoir-faire pratique dans l’exposition contre champ.
Les œuvres des artistes étudiant l’histoire de l’art sont passées de l’ombre à la lumière en soirée vendredi, dans un local bondé à l’éclairage inégal près du métro Mont-Royal, propice à une déambulation contemplative.
Les étudiant(e)s en histoire de l’art n’ont aucun cours pratique à leur cursus. Il s’agissait d’une première expérience d’exposition pour plusieurs. L’air était chargé d’excitation, de fébrilité et de fierté.
Inspiration
Le projet piloté par Charlotte Lauzon-Simon, présidente de l’Association étudiante du module d’histoire de l’art (AEMHAR), a plongé son public dans une réflexion intelligente sur la plus-value d’une formation théorique et historique dans la pratique de l’art.

« Les étudiants en histoire de l’art, on a une approche différente dans notre création », explique-t-elle.
Le vernissage réunissant 21 artistes, tant au baccalauréat qu’aux cycles supérieurs, a exploré les notions d’inspiration et de personnalisation de l’art. Collages, installations au mur, joaillerie, tissu, toiles, poterie, un fil invisible semblait lier toutes ces œuvres aux médiums divers qui se répondaient dans un jeu subtil de correspondance à des inspirations communes.
Certaines références étaient très implicites, personnelles, presque invisibles à moins de savoir où regarder, alors que d’autres brillaient par le caractère affirmé d’un emprunt admiratif. Dans le cas de Jean-Sébastien Deshaies, finissant à la Maîtrise en histoire de l’art, l’emprunt était non seulement explicite, mais satirique.
« L’idée est venue au cégep. Je faisais des caricatures des philosophes, parce que je n’aimais pas mes cours de philosophie. Je faisais ce que j’aimais et je caricaturais ceux que je n’aimais pas », raconte-t-il au Montréal Campus. Il reprend la même idée dans son parcours universitaire dessinant à temps perdu lors des cours plus d’une cinquantaine de croquis, cette fois, avec des figures emblématiques de l’histoire de l’art.

Étudiante de première année à la Maîtrise en histoire de l’art, Sandrine Décarie tatoue depuis quatre ans. « Je reprends souvent dans mes flashs des œuvres de l’histoire de l’art à ma sauce, mais toujours en donnant les crédits aux artistes. J’aime introduire l’histoire de l’art dans le quotidien d’Instagram », confie-t-elle au Montréal Campus.

Elle salue la générosité des bénévoles de l’exposition contre champ et le travail de l’AEMHR pour assurer une reconnaissance du savoir-faire pratique des étudiant(e)s.
Renouveau
Le projet n’est pas teinté que d’histoire. Des éléments neufs et rafraîchissants y ont aussi leur place.
Chez Lise des Greniers, c’est l’émotion qui anime la démarche. Et ça, elle ne l’a pas appris dans ses livres. « C’est beaucoup l’inconscient qui parle », explique-t-elle. Ses acquis en histoire de l’art lui permettent de mieux comprendre et expliquer son art, explique celle qui termine une Maîtrise en histoire de l’art à l’UQAM.
Après une carrière comme politicienne au municipal et plusieurs années à faire de la peinture à l’huile, c’est l’art du collage qui l’habite maintenant.

Angelina Fioramore, étudiante au Baccalauréat en histoire de l’art, vient de se lancer en joaillerie. « Mon parcours en histoire de l’art m’a amenée à mon intérêt pour le bijou. J’avais un besoin de créer et de travailler de mes mains », partage-t-elle. Ses études dans le domaine lui ont permis de se construire comme artiste, à son avis. Angelina apprécie particulièrement la volonté de l’exposition contre champ de présenter des disciplines « souvent bavées par les expositions traditionnelles ».

« Contre champ, c’est la première de plusieurs, promet Charlotte Lauzon-Simon, et ça ne sera que de plus en plus beau! »
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