Le Montréal Campus au FNC­I’m Not Everything I Want To Be : Capturer la beauté d’une vie engagée

I’m Not Everything I Want To Be de Klára Tasovská explore la vie de Libuše Jarcovjaková, photographe tchèque engagée et queer. À travers ses images puissantes, le film évoque une quête d’identité et d’émancipation, célébrant la beauté des moments significatifs.

 Le 14 octobre dernier, lors du Festival du Nouveau Cinéma de Montréal (FNC), les festivaliers et festivalières  ont découvert la vie marquée de défis personnels et politiques de Libuše Jarcovjaková. Dans un pays dirigé par le Parti communiste tchécoslovaque, elle se cherche, s’émancipe et utilise son art pour promouvoir la paix et survivre.

Le documentaire retrace son parcours, depuis ses débuts en Tchécoslovaquie jusqu’à ses voyages au Japon et en Allemagne, en passant par des événements marquants du 20e siècle, tels que la chute du mur de Berlin.

« J’étais tellement enthousiasmée par sa personnalité et par ses archives que j’ai immédiatement décidé de faire un documentaire sur elle »

Klára Tasovská

Klára Tasovsk mentionne d’ailleurs avoir passé près de quatre ans en salle de montage. Elle a épluché les quelque 70 000 photos de la photographe pour créer ce documentaire.

Dès l’ouverture, le public est plongé dans un univers où les photographies prennent vie grâce au montage rythmé, donnant l’impression qu’elles vibrent au rythme des sons environnants. Ce choix technique, marié à une bande sonore éclectique allant de l’électronique, au jazz, à des compositions classiques, enrichit chaque scène et crée une atmosphère immersive. Le tout accompagné de la voix calme et rassurante de Libuše Jarcovjaková, qui raconte les événements de sa vie  de façon touchante.

Les photographies, qu’elles soient des chefs-d’œuvre ou non, sont des témoins de son histoire et de la mémoire collective. Chaque image de la photographe raconte une partie de sa vie et de son engagement, illustrant comment elle a défié les normes d’une société patriarcale.

Son parcours est marqué par une quête d’identité et un désir de liberté. « Nous avons essayé de définir une ligne principale qui était quelque chose comme trouver l’endroit où l’on appartient », explique Lukas Kokes, producteur du film.

Une exploration visuelle et sonore

Klára Tasovská souligne qu’il « était important de ne pas utiliser d’autres images, car [elle voulait] que les spectateurs découvrent uniquement le point de vue de Libuše ». Mission réussie pour la réalisatrice, chaque lieu visité à travers la lentille de la photographe prend  vie à l’écran.

Les techniques de montage, telles que l’alternance de couleurs monochromes, les changements de ratio d’image et l’utilisation de l’écran scindé, permettent de ressentir les différentes facettes de la vie de la photographe. Chaque choix esthétique renforce l’engagement émotionnel du public, qui se sent directement impliqué dans le récit.

Klára Tasovská utilise ces effets pour transformer chaque photographie en une véritable expérience immersive, illustrant l’impact des mots de la photographe. 

Forme et sensation unique

Le documentaire est poignant et offre  une réévaluation de la vie de Libuše Jarcovjaková à travers ses photographies d’enfance, jusqu’à la fin du régime communiste en Tchécoslovaquie. 

Bien que la forme du film soit innovante et engageante, il y a tout de même quelques problèmes de rythme durant certains chapitres. Puisque le montage utilise diverses techniques afin d’accélérer la cadence dès le départ, on perd l’attention lorsque le montage ralentit et que les effets diminuent.

Tout de même, le documentaire apporte un sentiment de flottement et une envie de découvrir la beauté dans les détails de la vie. La narration de Libuše Jarcovjaková contribue à cette sensation. Sa voix calme et rassurante, superposée avec les magnifiques photos est aussi relaxante que médusante. Le film rappelle à chacun(e) l’importance de sortir, d’agir et de capturer les moments qui comptent. 

I’m Not Everything I Want To Be est une œuvre d’une grande pertinence qui mérite d’être vue, tant pour son esthétique que pour son message. La vision de Klára Tasovská et l’honnêteté de Libuše Jarcovjaková offrent un regard précieux sur la condition humaine, le courage et l’identité.

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