Les nombreux partenariats entre l’UQAM et des entreprises à but lucratif suscitent un questionnement éthique quant à leur limite.
Ces dernières années, l’UQAM a considérablement élargi son éventail de partenariats avec des sociétés commerciales. Cette expansion offre aux membres de sa communauté une diversité accrue d’options d’achat. En plus de ces marques associées, une panoplie d’entreprises privées vend ses produits entre les murs de l’université.
Étudiant en scénarisation à l’UQAM, Nathan Lauzon ne pense pas que la présence de ce genre de compagnies perturbe l’équilibre de l’environnement éducatif de l’établissement. Il affirme « ne quasiment pas les remarquer » lorsqu’il se promène sur le campus. « On met les pieds à l’extérieur et la ville regorge de magasins. Tant que ces compagnies privées n’inondent pas l’école avec leurs services, c’est bien correct. »
Moyens de mobilisation
Pour l’étudiante Ophélie Boismenu, le ressenti est tout autre. Défavorable à la présence de sociétés commerciales au sein de son université, elle préfère quand l’UQAM privilégie les organismes à but non lucratif ou encourage des partenariats entre les divers cafés étudiants et des petites entreprises locales.
En septembre 2012, l’Association facultaire étudiante des sciences humaines (AFESH) a réclamé lors d’une assemblée générale la disparition totale des entreprises à but lucratif sur le campus. Questionnée sur une potentielle prise de position plus récente, l’AFESH explique que « ce n’est pas une campagne active du conseil exécutif ». L’Association facultaire de langues et communication (AFELC) a, de son côté, reconnu que ses membres n’ont pas décidé d’une position claire sur le sujet.
La présence de ces marques au sein de l’université influence les décisions de la direction, selon Karim de l’AFELC. Par exemple, son association est impliquée dans la campagne BDS (Boycott, désinvestissement et sanction) qui vise les entreprises soutenant Israël. Certaines d’entre elles, dont PepsiCo et Coca-Cola, sont présentes sur le campus. Karim croit que l’UQAM n’accorde pas une importance suffisante aux revendications de l’AFELC, qui réclame le boycottage de ces compagnies.
« L’Université et les compagnies marchent ensemble. »
Karim, de l’AFELC
Au sujet des partenariats entre l’Université et certaines entreprises, la directrice des relations de presse de l’UQAM, Jenny Desrochers, explique que « la politique d’approvisionnement responsable balise les achats de biens et de services effectués par l’UQAM ».
Elle souligne que cette politique respecte les dispositions de la Loi sur les contrats des organismes publics qui stipule qu’un « organisme public peut conclure avec un contractant privé dans le but d’une commandite ».
Selon la directrice des relations de presse, « rien n’interdit à l’UQAM de faire l’acquisition de biens de marques ».
Encourager le local
Dans sa volonté de plaire à la communauté uqamienne, l’Université favorise les partenariats avec des entreprises locales, souligne Mme Desrochers.
D’une part, ces affiliations procurent des avantages financiers importants dans un contexte où les financements publics sont souvent limités pour l’UQAM par rapport à d’autres universités. D’autre part, Mme Desrochers indique que des entreprises locales partenaires comme Cano, avec ses contenants réutilisables, et Sushi Shop, avec ses emballages écologiques, démontrent « des efforts importants envers l’écoresponsabilité et le développement durable » de l’UQAM.
Cette approche s’inscrit parfaitement, selon elle, dans la ligne directrice des Services alimentaires de l’UQAM, qui privilégie activement les principes d’approvisionnement local.
L’UQAM comme vitrine
La compagnie québécoise Gutsy Kombucha profite de son partenariat avec l’UQAM pour agrandir son bassin de consommateurs et consommatrices. Ses boissons sont notamment disponibles au café étudiant Salon G et à la cafétéria Hubert-Aquin.
« Le Salon G nous avait approchés il y a quelques années, parce qu’il voulait encourager les produits des marques québécoises et offrir une alternative santé à leur clientèle », indique Pierrich Picard, cofondateur de Gutsy Kombucha.
Pour la cafétéria, les communications se sont effectuées par l’entremise d’un distributeur. « Les Services alimentaires de l’UQAM nous ont ensuite approchés [pour les mêmes raisons que le Salon G] », raconte l’homme d’affaires.
La forte concentration de gens à l’UQAM permet à la compagnie de conquérir une nouvelle clientèle et d’augmenter en popularité.
« [Les étudiants] sont les futurs consommateurs, c’est sûr qu’on veux bâtir une relation à long terme. »
Pierrich Picard, confondateur de Gutsy Kombucha
Distribuant leurs produits sur les multiples campus de l’UQAM, la compagnie autrichienne Red Bull propose un programme intitulé Ambassadeur étudiant Red Bull visant à « faire connaître l’image de marque » aux étudiant(e)s. Sur leur site web, il est mentionné que l’objectif du programme est « d’aller chercher de nouveaux consommateurs, de stimuler les ventes et de gérer la marque Red Bull dans le territoire universitaire ».
Contactés afin de clarifier l’impact de ce programme sur les ventes de l’entreprise, les représentant(e)s commerciaux de Red Bull n’ont pas donné suite aux demandes d’entrevue du Montréal Campus.
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