La télé québécoise, c’est dépassé!

La dernière série québécoise que j’ai écoutée est Fugueuse, en 2018. Est-ce normal que j’éprouve un certain détachement par rapport à la télévision d’ici? En voyant les émissions qui sont actuellement diffusées au petit écran québécois, j’ose croire que oui.

J’aime le Québec. La culture québécoise est riche. Les artistes d’ici sont plein(e)s de talent. Notre art plaît à beaucoup de personnes, dont moi. Pourtant, j’ai de la difficulté à m’attacher à la télévision. 

Blâmons les géants états-uniens, blâmons mon addiction à TikTok et à Instagram, mais je n’écoute que des séries américaines. Ma génération a grandi dans un monde en pleine mutation, façonné par la mondialisation, les médias sociaux et la diversité culturelle.

Le détachement face à la culture québécoise traditionnelle est perçu comme une perte d’identité pour certain(e)s. Pour d’autres, ce phénomène reflète une hybridation culturelle enrichissante. Je suis du deuxième camp. Cette capacité à naviguer entre différentes cultures et différentes identités devrait être perçue comme une force plutôt qu’une faiblesse.

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Une amie du baccalauréat en télévision à l’UQAM m’a partagé son impression que le Québec ne progresse pas à l’écran. « Nous sommes dans la nostalgie constamment, dit-elle. C’est dommage, parce qu’il y a tellement de talent dans la jeunesse québécoise chez les producteurs mais aussi chez les comédiens. Il est temps que ça change! » 

Les compagnies de production télévisuelle connaîssent la recette pour que les émissions pognent. C’est, selon moi, une méthode qui fonctionne surtout pour les baby-boomers. Où sont les producteurs et les productrices de notre âge, qui parlent de sujets qui touchent les personnes de notre âge et qui ont pour but d’attirer les personnes de notre âge vers la télé? 

Mon amie en télévision ne voit pas de changement ni d’amélioration dans les processus de production télévisuelle depuis les 30 dernières années. « La télévision québécoise est encore prise dans les années 1990 et ne semble pas vouloir être d’actualité », déplore-t-elle.

Le Québec est maître dans les drames ensanglantés et les séries tragiques. 5e Rang, STAT, Alertes : un cocktail pour une dépression assurée. Ces séries mélodramatiques sont en ondes depuis ma tendre enfance. Je me rappelle que ma mère écoutait Unité 9 religieusement – une émission relaxante avant de se coucher, certain(e)s diront! Dose de sérotonine assurée! 

« J’aime beaucoup ça, STAT, c’est ma série préférée en ce moment », dit ma tante de 62 ans. Public cible atteint pour STAT, qui ne cible pas les jeunes de 20 ans, d’après moi. 

Je vous vois déjà venir : « Il y a des séries qui sont humoristiques! Il n’y a pas juste du drame au Québec. » Certes, mais je ne m’identifie pas à Ti-Mé et Réjean de La Petite Vie, et ce, malgré la toute nouvelle saison au goût du jour. 

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Faisons la part des choses : on voit quand même un effort afin d’attirer les jeunes devant les téléviseurs. Des émissions comme On ramassera demain, de Pierre-Luc Funk, tentent de rajeunir l’image du petit écran. Mais je réitère qu’il y a du chemin à faire, parce que ni moi, ni mon entourage, ne sommes porté(e)s vers ces nouvelles productions.

Oui, ma chronique alimente la rumeur concernant le phénomène de désintérêt généralisé des jeunes adultes pour la culture populaire québécoise. Je prends la décision de ne pas me taper une déprime sur les ondes d’ICI Télé et de TVA. Parce que cette déprime, je la vis déjà en voyant ma facture mensuelle d’Hydro. 

Phénomène intrigant : la lecture québécoise et le théâtre restent cependant dans mes priorités. Je me suis régalée en allant voir Le roi danse au théâtre. J’écoute la musique, les balados et les pièces de théâtre d’ici, mais les séries… ça tombe flat

Sur ce, je retourne à mon quotidien. Écouter The Real Housewives of Beverly Hills sur Amazon Prime et lire Ru de Kim Thúy ou encore Qimmik de Michel Jean avant de me coucher : la confluence qui me convient entre les États-Unis et le Québec.

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