Quand le jeu devient sérieux

L’arrivée d’une LEGOthèque et d’ateliers LEGO Serious Play (LSP) à l’UQAM permettent à la communauté étudiante de créer, de réfléchir et de résoudre des problèmes en construisant des modèles 3D avec des blocs LEGO.

La brique LEGO, qui avait déjà fait son chemin à Urgences-Santé, et même à la NASA, est arrivée à l’université. L’UQAM est la seule université dans la province à posséder une LEGOthèque et l’une des seules à offrir des ateliers LSP.

La méthode LSP a été mise au point dans les années 1990 par des chercheurs et chercheuses suisses en collaboration avec l’entreprise LEGO. Aujourd’hui reconnue mondialement, elle gagne en popularité tant au sein d’entreprises qu’en contexte universitaire. « Il s’agit d’une méthode de réflexion, de communication et de résolution de problèmes pour des groupes en temps réel », explique Simon Bourdeau, professeur au département d’analytique, opérations et technologies de l’information. 

M. Bourdeau et Yannick Hémond, professeur au département de géographie, sont à l’origine du projet de LEGOthèque. Tous deux certifiés facilitateurs de la méthode LSP, ils ont l’objectif de « montrer l’aspect scientifique derrière le LEGO », en plus de « démocratiser l’accès aux blocs LEGO ». À titre indicatif, un ensemble de LEGO Serious Play coûte entre 485 $ et 790 $.

La LEGOthèque de l’UQAM rend disponibles quatre ensembles de briques LEGO à la Bibliothèque des sciences de l’éducation. Pour l’instant, ces ensembles sont réservés aux employé(e)s de l’UQAM, qui peuvent les emprunter comme médium d’enseignement ou dans le cadre de la méthode LSP. À l’heure actuelle, les briques LEGO sont principalement utilisées dans le cours d’introduction à la méthode LSP, qui s’intègre au diplôme d’études supérieures spécialisées en résilience, risques et catastrophes. 

Un atelier de LSP comporte quatre étapes : le défi, la construction, le récit et la réflexion. À chacune d’entre elles, les participant(e)s sont invité(e)s à participer à parts égales.

« C’est ce qui explique le succès de la méthode en entreprise. Au lieu de réunions d’équipe où ce sont deux ou trois personnes qui monopolisent l’espace de discussion, la méthode LSP oblige tous les participants à construire, puis à expliquer à la table chacun leur tour ce que ça veut dire », explique Simon Bourdeau. 

Un atelier de LSP bloc à bloc

Le Montréal Campus a assisté à un atelier de LSP donné par les professeurs Simon Bourdeau et Yannick Hémond pour mieux comprendre ses tenants et aboutissants. Première étape : le défi est lancé par le professeur Simon Bourdeau à des groupes de d’environ huit personnes. « À partir de vos modèles individuels construits plus tôt, construisez en huit minutes un modèle commun des principaux défis de la résolution de problèmes complexes. »

Une participante propose à son équipe d’ajouter sa partie à l’endroit qu’elle pointe. « Je crois qu’on pourrait même placer [les LEGO qui représentent l’environnement et la planification] autour, parce qu’il faut aussi les prendre en compte », rétorque un autre participant.

Tout au long de l’exercice, les étudiant(e)s échangent sur les différentes façons d’illustrer avec des blocs LEGO les défis de la résolution de problèmes complexes. Chacun(e) a son mot à dire. « La méthode LSP nous montre comment différentes personnes pensent [face à] une même tâche. Les participants ont chacun leur point de vue des défis [de la résolution de problèmes complexes] sur le marché du travail dépendant de leur expérience de vie et leur domaine professionnel », explique Yannick Hémond. 

Dans cette création, le casque symbolise la hiérarchie dans le domaine de la santé, qui, selon la participante, peut complexifier la résolution de problèmes. La porte ouverte illustre l’importance de l’ouverture d’esprit.

Un atelier LSP n’est pas évalué de façon traditionnelle. « L’idée c’est que le succès dépend de l’écoute. Ce n’est pas le leader qui a toutes les réponses. Tout le monde construit et tout le monde partage », indique Simon Bourdeau. Il est donc très important que les participant(e)s discutent de ce qu’ils et elles retirent de l’exercice à la fin. 

« J’écoute davantage les autres depuis »

« Lorsque j’arrive avec mes briques LEGO en classe, il y a des étudiants contents, d’autres plus sceptiques. Plusieurs me disent : “Ce n’est pas vrai que je vais à l’université pour jouer avec des blocs LEGO” », raconte Yannick Hémond. C’est le cas de Mélissa Tremblay, qui était assez hésitante quant à l’efficacité de la méthode LSP. L’an passé, l’assistante infirmière-chef dans un hôpital de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal a suivi le cours d’introduction à la méthode LSP avec le professeur Yannick Hémond. 

C’est l’aspect d’égalité entre les participant(e)s de l’atelier qui a charmé celle qui travaille dans le domaine de la santé depuis 25 ans, un milieu reconnu pour sa hiérarchie. « Même si, à notre table, il y avait un très haut gradé de la Croix-Rouge, c’est tout le monde qui partait au même niveau. On avait tous le même défi et les mêmes blocs pour construire », partage-t-elle.

Ce qu’elle tire de son expérience en tant que gestionnaire d’équipe, c’est l’importance d’écouter les autres. « À travers ça, j’écoute beaucoup plus les gens. Je pose plus de questions et j’essaie de comprendre “Pourquoi tu vois ça de ce côté-là toi?” »

Un atelier d’expérimentation de la méthode LSP ouvert à l’ensemble de la communauté étudiante aura lieu le 16 avril de 12 h 30 à 14 h au local A-4240.

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