Les parents pauvres de l’infrastructure

Entre deux cours, je me perds dans mes pensées en rêvant à une université lumineuse, confortable et entourée d’espaces verts. Je suis rapidement ramené à la réalité par la brutalité de l’architecture uqamienne.

Détrompez-vous! L’UQAM a de beaux recoins! Pour avoir visité à quelques reprises le Complexe des sciences Pierre-Dansereau, je suis toujours surpris par la qualité de ses espaces. L’endroit a tout pour lui. Espaces verts, modernité, wow! J’aimerais avoir l’occasion de le fréquenter davantage. 

C’est que les nouveaux espaces sont plus rarement réservés aux étudiant(e)s en arts, en sciences humaines ou en communications, comme moi. Nous devons nous contenter des mêmes corridors que nos parents et nos grands-parents ont fréquentés. Si la qualité de ces programmes de l’UQAM est souvent vantée, la modernité leur est moins souvent associée, comme si les sciences humaines ne méritaient jamais mieux que de vieux locaux en décrépitude.

Je ne pense pas que cette situation soit le résultat d’une négligence de la direction de l’UQAM envers les étudiant(e)s du pavillon principal. Après tout, les pavillons moins attirants esthétiquement doivent bien être fréquentés par certains groupes.

Jonathan Saint-Jean, directeur du Service de planification et des projets immobiliers, m’a d’ailleurs listé plusieurs projets de réaménagement réalisés pour profiter à des étudiant(e)s qui fréquentent le pavillon Judith-Jasmin. La rénovation de la cafétéria Hubert-Aquin est un bon exemple de cette modernisation.

Il m’explique aussi que si les espaces semblent vétustes pour certain(e)s étudiant(e)s, c’est que les besoins ont bien changé depuis les années 1970.

À l’époque, personne n’avait besoin de charger un téléphone portable ou un ordinateur, alors qu’aujourd’hui, c’est la norme d’avoir des prises. Une explication tout à fait logique, surtout en considérant que la direction de l’UQAM doit faire ce qu’elle peut avec un financement parfois difficile à trouver pour moderniser ses espaces.

Pensons à la bibliothèque centrale de l’UQAM. Dans l’état actuel des choses, elle peine à attirer les étudiant(e)s entre ses murs pour une séance d’étude. Pourquoi s’installer dans un endroit désuet, vieillot et qui ne donne pas le goût d’y passer du temps?

Outre les quelques cafés étudiants, qui ne sont d’ailleurs pas sous la responsabilité de l’UQAM, les espaces de socialisation s’avèrent plutôt vétustes dans l’université.

Pas convaincu(e)? Voici une petite liste de reproches souvent entendus au détour d’un corridor brunâtre. Manque de prises électriques et d’espace silencieux de type cubicules, repose-fesses inconfortables, salles de classe qui manquent parfois de chaises, absence de lumière naturelle à plusieurs endroits, et j’en passe. Le tout sans faire mention des espaces extérieurs, abruptement hostiles, à l’image du Quartier latin.

Ce genre d’espaces donne-t-il réellement l’envie aux étudiant(e)s de passer du temps à l’université du peuple? Je ne pense pas. L’année dernière, l’UQAM demandait à certaines associations étudiantes de déménager afin de procéder au réaménagement de certains espaces. S’en était suivi un tollé : inimaginable de déménager, selon plusieurs groupes étudiants.

Il est cependant impensable que l’UQAM devienne plus belle en criant ciseau. Pour réellement embellir l’espace de vie étudiant, certains sacrifices doivent être faits. Les travaux, même si parfois gênants, devraient être mieux accueillis, parce que sans eux, aucune transformation n’est possible. « On a à cœur les besoins des étudiants » m’a quant à lui assuré Jonathan Saint-Jean.

La qualité de l’espace n’est cependant pas un fardeau qui incombe seulement à la direction de l’UQAM. Si nous voulons un beau milieu de vie ,tous et toutes devraient se sentir investi(e)s de la mission d’embellir l’université. Les cafés étudiants en sont un excellent exemple.

Enfin, dans environ un an, si tout se passe bien, je quitterai les corridors de l’UQAM. Sans vouloir avoir l’air pessimiste, je doute que des transformations majeures s’effectuent au cours de la prochaine année. Il ne me reste qu’à espérer que les étudiant(e)s du futur auront droit à une belle université.

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