Entre hindouisme et néopaganisme, la pratique de religions polythéistes au Québec est très vivante et continue à croître et à se renouveler.
« L’attachement à notre religion est aussi un attachement à notre culture », exprime Darshna Patel. Elle a immigré à Montréal depuis l’Inde en 2018 pour travailler comme infirmière. Sa mère, ses deux filles et elle se rendent au temple Hindu Mandir,à Dollard-des-Ormeaux, plusieurs fois par semaine pour prier ou participer à différentes célébrations.
Janicot*, pratiquant wiccan et grand prêtre du couvent Isis-Fortuna, a commencé à pratiquer cette religion qui rend un culte à la nature et à la magie à 18 ans. C’est une recherche de réponses et une « fascination pour le sublime et le transcendant » qui l’ont poussé à apprendre sur la wicca. Janicot explique qu’il cherchait aussi une profondeur qui lui était auparavant inaccessible. Il s’est joint à un couvent, c’est-à-dire un groupe qui pratique la religion wiccane dirigé par un enseignant, le grand prêtre. « La vie m’a amené vers cette tradition-là », croit-il.
On observe « deux grands pôles de polythéisme » au Québec, explique Nicolas Pierre Boissière, chargé de cours au Département de sciences des religions à l’UQAM et spécialiste des néopaganismes. Ces derniers sont définis par M. Boissière comme l’ensemble des traditions qui reconstruisent les systèmes religieux préjudaïques, préchrétiens et préislamiques de l’Europe et du bassin méditerranéen. Alors que l’hindouisme est l’une des plus anciennes religions toujours pratiquées, les néopaganismes ont connu un regain de popularité au Québec et ailleurs sur la planète dans les 30 dernières années. Les deux pôles se rejoignent par le polythéisme, soit une adoration de plusieurs divinités.
L’hindouisme, une pratique ancienne
Selon le recensement de 2021, plus de 47 000 personnes se déclarent hindoues au Québec. Elles proviennent presque toutes de l’Asie du Sud, mais leurs origines ethniques sont très variées.
Au temple Hindu Mandir, tout se fait en hindi, selon le prêtre Acharya Dharampal. Celui-ci vit au Québec depuis 13 ans et a été prêtre dans son Inde d’origine pendant 30 ans. « Les fidèles proviennent de plusieurs pays, mais ce sont tous des hindous. Ils n’ont toutefois pas tous l’hindi comme langue maternelle », précise-t-il.
La pratique de la religion est capitale dans la vie communautaire des hindou(e)s, explique Acharya Dharampal. « La tradition hindoue entoure les différents rituels de la vie comme le mariage et les rituels entourant la mort. »
L’hindouisme compte aussi beaucoup de célébrations et de festivals. « Trop de festivals! », s’exclame le prêtre en riant. « Les festivals ayant lieu la fin de semaine, par exemple la Holi, la Divali et la Maha Shivratri, permettent aussi la participation des plus jeunes », explique la fidèle Darshna Patel.
« Les pratiques religieuses sont aussi une façon d’en apprendre à nos enfants sur l’Inde. »
– Darshna Patel
Néopaganismes, pratiques nouvelles
Environ 1500 personnes se déclaraient néopaïennes en 2021 au Québec. « [Le néopaganisme] est toutefois un phénomène difficile à quantifier pour les chercheurs et les chercheuses, puisqu’il n’existe pas dans le recensement une case dédiée à ces pratiques », précise Nicolas Pierre Boissière. Par exemple, certain(e)s vont se déclarer « spirituels », tandis que d’autres vont dire qu’ils et elles pratiquent une « autre religion », explique-t-il.
Le chargé de cours mentionne qu’il existe deux raisons principales qui peuvent pousser quelqu’un vers le néopaganisme. Premièrement, sa pratique favorise souvent un lien étroit avec la nature et peut donc répondre à un besoin spirituel de proximité avec celle-ci. Ensuite, certaines personnes vont chercher dans les néopaganismes à retrouver leur « soi ethnique » en reconnectant avec la religion de leurs ancêtres (par exemple avec les anciennes religions celtes).
La plupart des néopaïen(ne)s sont des pratiquant(e)s de première génération et ont donc fait le choix de pratiquer la religion. « Même si de plus en plus d’enfants sont élevés dans une tradition néopaïenne, on voit la même dynamique qu’on observe ailleurs. Beaucoup de parents vont laisser le choix à leurs enfants de pratiquer ou non », explique Nicolas Pierre Boissière. Il n’y a pas non plus de prosélytisme, c’est-à-dire de recrutement actif d’adeptes, dans les traditions néopaïennes. En revanche, le nombre de pratiquant(e)s continue d’augmenter, selon les observations du chargé de cours.
Janicot observe qu’il y a eu une augmentation de la pratique wicca éclectique depuis la pandémie. « Beaucoup de gens cherchaient des réponses et ils se sont tournés vers la spiritualité pour les aider. Jamais autant de gens ne se sont intéressés à la tradition wiccane », avance-t-il.
*Cet intervenant désire se faire appeler par son nom de pratiquant.
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