De longs délais pour voir un(e) psychologue à l’UQAM

La quantité croissante de demandes d’accès à des soins en santé mentale à l’université cause des délais qui peuvent aller jusqu’à six semaines pour avoir un rendez-vous avec un(e) professionnel(le).

« Je n’avais pas vraiment d’autre option, donc j’ai dû attendre cinq semaines avant d’avoir un rendez-vous. Moi, j’ai été capable d’attendre, mais je sais que pour d’autres personnes, c’est plus urgent », souligne Lucie Parmentier, qui a terminé son Baccalauréat en journalisme à l’UQAM à l’automne 2023. Celle qui travaille aujourd’hui au Cinéma Quartier Latin explique que cinq semaines après avoir fait une demande pour voir un(e) psychologue à l’université, une technicienne en travail social l’a rappelée pour lui offrir un rendez-vous la semaine suivante.

Les Services à la vie étudiante (SVE) précisent qu’une hausse des demandes de consultations en psychologie à l’UQAM est observée depuis quelques années. La travailleuse sociale Lise-Anne Ross, qui fait partie de l’équipe de soutien psychologique, remarque aussi le phénomène. « C’est ce qui a fait qu’on a grossi notre équipe », précise-t-elle. Les étudiant(e)s de l’université ont accès à 14 professionnel(le)s de la santé mentale, soit des psychologues, des psychoéducatrices, des travailleuses et travailleurs sociaux et trois techniciennes en travail social.

Un parcours sinueux

Les membres de la communauté uqamienne ont droit à un maximum de cinq consultations gratuites. Si une personne a besoin d’un suivi à plus long terme, elle sera référée à des ressources extérieures. « Les services sont non tarifés, parce que vous les payez dans vos frais étudiants », précise également Mme Ross. Les étudiant(e)s peuvent prendre rendez-vous en ligne ou par téléphone et les rencontres peuvent se dérouler en visioconférence ou en présentiel.

Avant d’obtenir une séance avec un(e) psychologue, la personne qui souhaite consulter se fait appeler par un(e) technicien(ne) en travail social afin d’établir ses besoins. « Ça permet de bien comprendre le motif de consultation et d’apprécier le niveau de détresse de l’étudiant pour pouvoir le mieux possible répondre à ses besoins », explique Mme Ross.

Marie-Joëlle Gariépy a eu cette première rencontre avec une travailleuse sociale, mais n’a jamais pu obtenir les cinq séances de consultation par la suite. L’étudiante de troisième année au Baccalauréat en télévision a essayé à de nombreuses reprises de contacter les services psychologiques de l’UQAM, et ce depuis 2022, sans succès. En réponse à ses demandes, une technicienne en travail social a elle aussi essayé de rejoindre Marie-Joëlle Gariépy à différents moments, mais l’étudiante n’était pas disponible pour répondre à ses appels, puisqu’elle était toujours en cours.

Elle a finalement réussi à parler avec la technicienne pour établir ses besoins l’automne dernier. Cette dernière lui avait alors dit avoir bien enregistré sa demande, mais Marie-Joëlle Gariépy n’a jamais eu de retour depuis. « J’ai un peu abandonné […], je me dis que je dois peut-être juste continuer à attendre, concède-t-elle.

« Je trouve ça vraiment super essentiel qu’on ait ce service-là, je ne perds pas espoir, mais je ne comprends pas trop… »

– Marie-Joëlle Gariépy

Par courriel, le service des communications de l’UQAM précise que « la pénurie de ressources qualifiées en soutien psychologique est vécue à l’échelle du Québec ». « On est toujours en train d’embaucher […], un délai de quatre semaines, on trouve ça long », admet pour sa part Mme Ross. Selon le ministère de la Santé et des Services sociaux, les délais d’attente sont de 6 à 24 mois pour avoir accès à des soins psychologiques dans le réseau de la santé. 

Une bonne première solution

Les SVE précisent qu’entre les mois d’octobre et de décembre, les demandes sont plus nombreuses et que le temps d’attente avant de voir un(e) professionnel(le) en santé mentale peut aller de trois à six semaines.

Benjamin Boudreau, étudiant au Baccalauréat en communication marketing, a quant à lui fait une demande de soutien psychologique à l’UQAM en décembre dernier. Dans la même semaine, une technicienne l’a rappelé et il a été en mesure d’obtenir un rendez-vous en janvier. « Je pensais que ça allait être plus long que ça, s’est-il étonné. C’est quand même vite, en dedans d’un mois, sachant qu’il y avait les congés de Noël. »

Lucie Parmentier et Benjamin Boudreau se disent tous les deux satisfaits de leur suivi psychologique à l’UQAM. « Je suis contente de l’avoir fait, surtout que c’est gratuit, et ça reste une bonne première solution si on n’a pas accès à d’autres psychologues. Dans l’ensemble, j’ai l’impression d’avoir quand même été bien prise en charge », souligne Lucie Parmentier. « Après, c’est sûr que l’attente peut faire peur et être un frein », admet-elle.

Avec la collaboration d’Alice Fournier.

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