Environ 400 exemplaires de l’édition papier du Montréal Campus ont été volés dans les deux jours suivant sa parution. Selon nos informations, ce coup a été orchestré par un groupe de militants et militantes anonymes pro grèves de l’UQAM.
Le rédacteur en chef du Montréal Campus Philémon La Frenière-Prémont déplore la situation. « C’est le fruit du travail acharné de 30 bénévoles, pendant plus d’un mois, qui s’envole. »
L’article à la une de cette édition rapportait qu’environ 1 % des membres des associations étudiantes ont le pouvoir de déclencher des grèves. Des étudiants et étudiantes y dénoncent une attitude réfractaire des associations à l’égard des opinions divergentes. « L’édition d’automne du Montréal Campus n’a visiblement pas plu à certaines personnes militantes, qui l’ont jugée bonne pour le recyclage », lance le rédacteur en chef, attristé par la situation.
Le Montréal Campus a obtenu une photo d’un message envoyé aux membres d’un groupe nommé « UQAM en grève », à l’origine du sabotage. « Allô, pour celleux avec des oiseaux, ça fait du bon fond de cage ! Évidemment, priorisons les journaux déjà lus, mais if you need it, you need it », peut-on lire. Une photo d’une personne empoignant une pile de journaux neufs précède. Une source anonyme a confirmé que le groupe est l’auteur de ces vols. Le tout se serait produit entre la nuit de vendredi et le dimanche après-midi.

Des pertes significatives
M. La Frenière-Prémont estime à près de 1000 $ les pertes engendrées par ce sabotage. Les quelque 400 copies jetées représentent 40 % du tirage du journal, qui s’élève à 1000 exemplaires.
Lundi après-midi, cinq journaux ont été déposés dans le présentoir face au local des médias de l’UQAM. À peine 10 minutes plus tard, des membres de l’équipe ont aperçu une personne en train de prendre les copies pour les mettre à la poubelle. Elle s’est enfuie alors que les journalistes tentaient de l’interpeller.
Le Montréal Campus étant victime du blocage des nouvelles par Meta, le format papier est l’un des derniers leviers dont il dispose pour diffuser son contenu. Les exemplaires sont distribués dans trois présentoirs placés à des endroits passants du campus central. Des piles de journaux ont été retrouvées dans des bacs de recyclage de l’UQAM, dont plusieurs se situaient près des locaux des associations étudiantes.
« Ça brime le droit des étudiants et étudiantes de l’UQAM d’avoir des informations rigoureuses et fiables sur ce qui se passe dans leur université », affirme le rédacteur en chef.
Le recteur réagit
La situation de la démocratie étudiante a été qualifiée de « préoccupante » par le recteur de l’université Stéphane Pallage dans une sortie publique en réaction à l’enquête du Montréal Campus.
Le conseil exécutif de l’Association facultaire étudiante des langues et communications (AFELC) s’est dissocié « des actions qui ont été prises contre le Montréal Campus et réitère que l’AFELC ne cautionne pas les atteintes à la liberté de diffusion des médias étudiants. » Quant à eux, les membres de l’exécutif de l’Association facultaire étudiante des sciences humaines (AFESH) et de l’Association facultaire étudiante de science politique et de droit (AFESPED) n’ont pas souhaité commenter la situation. Ces trois associations étudiantes sont mentionnées dans l’enquête.
« Je réprouve et condamne la suppression d’exemplaires imprimés du plus récent numéro du Montréal Campus disponibles dans des présentoirs sur le campus » , a commenté le recteur de l’UQAM. « La une de ce numéro porte sur la démocratie étudiante. Les idées doivent pouvoir circuler librement. »
« En détruisant des copies de ce numéro, c’est aussi le travail des étudiantes et étudiants en journalisme du Montréal Campus qui a été atteint. Ces gestes sont inacceptables et une enquête sera menée. »
– Stéphane Pallage, recteur de l’UQAM
Une enquête a d’ailleurs déjà été lancée lundi par le Service de la prévention et de la sécurité de l’UQAM, à la demande du rédacteur en chef.
Local vandalisé
Le 30 novembre, la veille de la parution du dossier, la porte du local de l’Association des étudiants et étudiantes en droit (AED) a été forcée et couverte d’autocollants. Une autre enquête suit son cours au sujet du bris du mobilier de l’UQAM.

Pour le coordonnateur aux affaires externes de l’AED Jean-Victor Simoneau, la corrélation est facile à faire. « L’AED défend publiquement la démocratie étudiante et le milieu associatif savait que l’article allait être publié », dit-il. Selon lui, ces événements s’inscrivent dans un contexte tendu.
Des étudiants et étudiantes membres de l’AED ont peur de participer à l’assemblée générale de grève de l’AFESPED de mardi, d’après Jean-Victor. Son association « dénonce tous les obstacles à la démocratie étudiante, notamment les gens qui tentent d’intimider ceux qui ont une autre vision de la démocratie que celle défendue par les associations étudiantes ».
Mentions photos : Alice Fournier
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