La mégalomanie au théâtre

L’amitié, les privilèges, l’orgueil démesuré et la passion pour la danse sont des thèmes présentés dans la pièce Le roi danse. Le spectacle, parfois humoristique, expose la lumière et l’ombre du pouvoir. 

Dans une France de la fin du 17e siècle, Louis XIV (Mattis Savard-Verhoeven) devient roi avant ses cinq ans. Sa mère, Anne d’Autriche (Marie-Thérèse Fortin), dirige alors le royaume d’une main de fer.

En pleine pratique de danse, le roi rencontre un jeune Italien, Lully (Simon Landry-Désy), qui deviendra le surintendant de la musique royale de Sa Majesté. Molière (Jean-François Nadeau), quant à lui, fait rire le roi aux éclats lors d’une représentation surprise. Il gagne alors la confiance de Louis XIV.

La rencontre des deux acolytes créée une ébullition de génie créatif mélangeant le théâtre, le ballet et la musique, satisfaisant les désirs les plus tordus du jeune roi qui utilisera la danse « pour rendre heureux son peuple ». 

Alors qu’un évènement inattendu frappe la France, le public est plongé dans une discorde qui fait tranquillement sombrer le royaume. L’empire chavire, mais le roi, lui, danse. « Je veux danser, il n’y a rien de plus beau que la danse », s’exclame-t-il.  

La pièce nous fait donc déambuler dans un monde rocambolesque, avec un mégalomane détraqué et ses amis, assoiffés de gloire et d’accomplissement, qui trainent dans ses jupons. 

Une ambiance soutenue

Nul besoin de s’inquiéter, la pièce d’une heure trente-cinq minutes n’est pas seulement l’histoire d’un roi qui aime danser. La mise en scène de Michel-Maxime Legault est touchante, obscure et fait réfléchir sur l’importance de nos propres amitiés. 

Quoique le décor soit minimaliste, la richesse de la musique et du jeu des acteurs et des actrices comble entièrement la scène. Leur énergie, parfois dynamique et hilarante, parfois ténébreuse et redoutable, a été un succès auprès du public. La salle entière était assise sur le bout de son siège jusqu’à la dernière phrase du roi. 

Alors que les différents morceaux de musique classique composés par l’ambitieux et controversé Lully enflamment la scène, le public rit des mouvements peu fluides d’un roi qui est convaincu d’être le meilleur danseur du pays. Un réel complexe de Napoléon qui s’exprime en sauts de chat et en jetés. 

Les pas de danse de Mattis Savard-Verhoeven réussissent à faire rire le public, tellement que la personne assise derrière moi s’est étouffée plusieurs fois en s’esclaffant durant la prestation. 

Une distribution réussie

Les comédiens et les comédiennes ont incarné leurs personnages avec brio. Une mention spéciale doit être accordée à Simon Landry-Désy et à Jean-François Nadeau qui excellent dans leurs rôles respectifs. L’expérience théâtrale des comédiens et des comédiennes est ressentie à de nombreux moments de la pièce : on est en extase lors d’une improvisation de Jean-François Nadeau et on frémit lors des sauts de colère endiablés de Simon Landry-Désy.  

Pour sa part, Mattis Savard-Verhoeven interprète un roi émotif et fragile qui se concentre davantage sur ses grands jetés que sur la politique du pays. Les expressions faciales du comédien, qui passent d’un gamin rieur à un adulte froid, sont à point et démontrent le travail qu’a mis Mattis Savard-Verhoeven dans l’interprétation du rôle de Louis XIV. 

Le roi danse, une pièce écrite par l’auteure Emmanuelle Jimenez et inspirée du film de Gérard Corbiau, est présentée au Théâtre Denise-Pelletier jusqu’au 9 décembre. 

 Mention photos : Victor Diaz Lamich

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