Héma-Québec peine à rejoindre les jeunes

De plus en plus de donneurs et de donneuses de produits sanguins sont au rendez-vous, mais les jeunes font exception et s’adonnent moins à l’activité qu’avant la pandémie. La peur des aiguilles et le fait que plusieurs n’aient pas pris l’habitude de donner constituent un frein important. 

« Je considère que c’est la cause d’une vie », affirme d’emblée Racim Bedjaoui, bénévole chez Héma-Québec depuis 10 ans. L’idée de soutenir cette cause lui est d’abord venue de manière spontanée, mais c’est le témoignage de l’un de ses amis en secondaire 4 qui est venu donner un tout autre sens à son engagement. 

« Il m’a expliqué à quel point il dépendait [des dons de sang] pour ses traitements contre son cancer. Ce cas-là est devenu ma motivation de chaque instant puisqu’en juillet 2020, il est décédé. Peu de temps après, je suis devenu jeune ambassadeur pour Héma-Québec », raconte M. Bedjaoui.

Amélie Martel, étudiante au baccalauréat en stratégies de production à l’UQAM, constate aussi l’importance de donner des produits sanguins. « J’ai eu la leucémie à l’âge de 2 ans et je suis guérie depuis plus de 15 ans […] Mais j’ai eu besoin de deux transmissions de sang », témoigne-t-elle.

Les jeunes en décalage

Après avoir vu une baisse du nombre de ses donneurs et donneuses durant la pandémie, Héma-Québec constate désormais le contraire. Toutefois, cette hausse ne s’observe pas chez les 18-25 ans. « On continue de fournir des efforts pour aller rejoindre les jeunes, notamment dans les universités », révèle Patrice Lavoie, directeur des relations publiques pour Héma-Québec.

Il mentionne également que plusieurs jeunes qui n’avaient pas 18 ans avant la pandémie n’ont pas pris l’habitude de le faire lorsqu’ils et elles ont atteint la majorité en pleine crise. D’autres ont perdu l’habitude de donner du sang.

Toutes les 80 secondes, quelqu’un a besoin de sang au Québec, martèle Héma-Québec. Les besoins sont énormes pour l’OBNL qui doit approvisionner les hôpitaux québécois chaque jour. « Les produits sanguins s’emmagasinent seulement pendant quelques jours, donc on doit toujours avoir des donneurs qui sont au rendez-vous », affirme M. Lavoie.

« Je me suis toujours dit que j’aimerais donner du sang pour aider les gens malades comme moi, mais les médecins m’ont dit que je ne pourrais jamais donner de sang même si je suis 100 % guérie [de la leucémie] », se désole Amélie Martel.

Craindre le don de sang

La peur des aiguilles constitue un frein important pour les potentiels donneurs et donneuses, selon les intervenants et les intervenantes rencontré(e)s par le Montréal Campus.

« Je n’ai jamais eu l’occasion de donner du sang, mais si je ne l’ai jamais fait c’est parce que j’ai toujours eu peur des aiguilles. C’est irrationnel comme peur et j’en suis conscient, mais ça a toujours été difficile pour moi à ce niveau-là », admet Julien Mei, étudiant au baccalauréat en action culturelle à l’UQAM. 

Racim Bedjaoui, pourtant bénévole pour Héma-Québec depuis 10 ans, a fait son premier don de sang il y a trois ans seulement. « J’ai moi-même terriblement peur des aiguilles donc mon premier don de sang s’est fait attendre. […] Un jour, j’ai pris mon courage à deux mains et tout compte fait, ça s’est tellement bien passé qu’aujourd’hui je suis à mon 14e don », raconte-t-il. 

Même si Amélie Martel aurait aimé donner du sang, elle concède que cette tâche lui aurait été difficile. « Je perds connaissance à chaque prise de sang », avoue-t-elle.

Vaincre la peur 

Ceux et celles qui appréhendent le don de sang pourront bientôt visualiser le processus à travers un casque de réalité virtuelle élaboré par Héma-Québec. L’OBNL rendra bientôt l’appareil disponible à tous et toutes lors de ses activités de recrutement. 

« On a créé un casque avec des manettes qui permet de recréer le parcours en accéléré d’un donneur de sang, de l’accueil jusqu’au don de sang, jusqu’à la collation à la fin. Donc pour ceux qui ont des craintes et qui ne savent pas trop comment ça fonctionne, ce nouvel outil va permettre de faire diminuer l’anxiété face à la démarche », explique Patrice Lavoie. 

S’il en a l’occasion, Julien Mei se livrera à cette activité immersive. « Je serais définitivement curieux de l’essayer, mais je ne sais pas si ça m’aiderait », concède-t-il. 

Héma-Québec rappelle qu’il est également possible de donner des cellules souches, du lait maternel, du plasma, des plaquettes, du sang de cordon et des tissus humains. « Héma-Québec, c’est beaucoup plus que juste du sang, mais le don de sang, c’est la porte d’entrée », précise M. Bedjaoui.

Mention photo : Élizabeth Martineau

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